Si l’on a l’habitude de voir débarquer chez nous des jeux vidéo mettant à l’honneur le football, le basket-ball, ou même le cyclisme, force est de constater que certaines pratiques sportives sont encore trop peu connues du Vieux Continent. C’est un fait, Madden NFL et EA Sports NHL ont fait leur trou depuis longtemps et MLB The Show continue de gagner du terrain chaque année chez les fans français de baseball. Pourtant, des disciplines plus exotiques nous font parfois l’honneur d’arriver de nulle part. C’est ce que nous allons tenter de vous expliquer dans ce test du tout nouveau Casey Powell Lacrosse 16.
Pour ceux qui l’ignoreraient, le Lacrosse (on dit aussi « la crosse », selon le pays) est un sport créé il y a de cela 400 ans par les indiens d’Amérique. Bien peu médiatisé par chez nous, il faut savoir que cette discipline reste très appréciée au Canada et plus généralement aux États-Unis. Et bien que l’on soit ici très loin de l’engouement provoqué par la NFL et la NBA, le Lacrosse est un sport réellement plaisant à regarder. Même nous, pauvres français oubliés, pouvions assister à de nombreuses rencontres télévisées, à l’époque où, peu de temps avant d’arrêter d’émettre, la chaîne ESPN America HD était encore d’actualité chez nous. Pour l’anecdote, même dans le film American Pie, le baraqué Ostriker (dit Oz) est un joueur universitaire. Vous vous en doutez, quatre siècles d’histoire ont forcément poussé cette pratique sportive à fortement évoluer avec le temps. Ainsi, les terrains sont dorénavant plus petits (ils pouvaient atteindre plusieurs kilomètres dans les années 1630), les règles plus strictes, et les équipements beaucoup plus modernes. Mais alors, quid du déroulement d’un match ? Qu’est-ce que ce sport a de si particulier, finalement ?
Eh bien, pour résumer (et ainsi ne pas transformer ce test en encyclopédie illustrée), retenez que le tout vous fera énormément penser à un mix entre du handball, du basket-ball, et du hockey sur glace/gazon. Dit comme ça, le mélange peut sembler indigeste, certes. Mais c’est finalement la façon la plus simple de vous décrire la chose. En effet, les joueurs se passent la balle tel un palet via les crosses qu’ils tiennent à la verticale (dans les airs, contrairement au hockey où on la place vers le sol), le terrain est délimité en trois zones (attaque / neutre / défense) et provoquera ainsi de nombreux hors-jeu pour quiconque tente de jouer en-dehors des limites autorisées (là encore, le hockey propose la même règle). Rappelons également que les fans de NHL ne seront pas dépaysés puisque la partie du terrain se trouvant derrière la cage du gardien est jouable. Sans oublier le fait qu’un attaquant n’a pas le droit d’entrer dans la zone de sûreté du portier adverse, et ce, même pour tirer au but. Les joueurs de handball apprécieront sans doute. Enfin, pour ce qui est du basket-ball, la ressemblance frappante vient surtout de l’aspect « allers-retours tactiques » nécessaire au bon déroulement d’un match de Lacrosse. Effectivement, nous sommes ici bien loin des terrains gigantesques de soccer ou de football. Ainsi, le marquage entre joueurs est extrêmement serré. Tout comme en NBA, donc, vous passerez votre temps, lorsque vous attaquez, à tenter de vous défaire de vos adversaires, et de cette manière faire des passes tactiques afin de se rapprocher le plus possible de la zone d’en-but. En tenant compte, vous vous en doutez, du Shot Clock, vous rappelant si besoin est que vous ne pouvez pas garder la balle éternellement sans tirer.
Voilà, grossièrement, pour ce qui est des conditions réelles. Mais ce Lacrosse 16 retranscrit-il tout cela en jeu ? Eh bien honnêtement oui et non, mais commençons par le commencement. D’abord, sachez que le jeu en question devait s’appeler au départ Lacrosse 14, puis Lacrosse 15, et ce, en attendant de devenir le Casey Powell Lacrosse 16 d’aujourd’hui. Vous l’aurez deviné, le soft dont il est question dans ces lignes est en développement depuis quelques années maintenant. C’est donc par le biais d’Indiegogo que les joueurs du monde entier ont pu terminer de financer le projet ces derniers mois. Tout d’abord prévu comme une exclusivité PC, le jeu a, sans réelle surprise, fini par atteindre le palier financier permettant aux développeurs de concevoir une version Xbox One, et une version PlayStation 4.
Une très bonne nouvelle en soi puisque, non seulement les jeux de Lacrosse ne sont pas monnaie courante, mais aussi et surtout parce que, grâce au soutien de l’éditeur Big Ant Studios, nous avons même droit à une sortie digitale française (là où bon nombre de jeux de sport se cantonnaient aux frontières nord-américaines la plupart du temps). Vous pouvez donc vous procurer le jeu depuis quelques jours maintenant sur le PlayStation Store français au tarif constaté de 44,99 €. Un prix assez élevé au vu du jeu en lui-même, mais finalement très correct en comparaison du dernier jeu Big Ant à avoir vu le jour sur nos PS4, à savoir Don Bradman Cricket (vendu, lui, 69.99 € et s’avérant être très moyen en plus de cela). Nous vous parlions de l’éditeur, mais qu’en est-il du studio de développement à proprement parler ? Eh bien sachez que ce n’est autre que Crosse Studios qui est à l’origine de cette toute nouvelle itération. Basée à Pittsburgh, cette petite structure a été fondée en 2009 par Carlo Sunseri. L’homme est un passionné mais nous avons été en revanche un peu surpris par son attitude récente, notamment sur les réseaux sociaux. En effet, tel le nouvel Allociné (façon Webedia) qui demande aux gens de mettre la notation maximale au « film » Les nouvelles aventures d’Aladin, Carlo Sunseri n’a pas hésité, de son côté, à spammer des tweets demandant aux joueurs de mettre cinq étoiles (sur cinq) à son jeu sur le PlayStation Store. Pour autant, il faut bien avouer que Lacrosse 16 ne les mérite pas.
En terme de rendu visuel tout d’abord. Car, au cas où les screenshots et autres trailers ne vous auraient pas suffisamment mis la puce à l’oreille, nous sommes ici en terrain connu. Oui, Big Ant Studios, en plus de jouer le rôle d’éditeur, a tenu à participer activement au développement du jeu. Résultat ? Prenez la version PlayStation 4 de Don Bradman Cricket, remplacez les commentaires audio, les maillots, et les équipements, et vous obtenez Lacrosse 16. Autrement dit, les menus, les sonorités, les animations, et même plus globalement le rendu graphique (visages, herbe, public…) : tout est identique à ce que l’on connaissait déjà (c’est également le sosie de Rugby League Live 3 sur beaucoup de points). Comme si cela ne suffisait pas, le jeu tourne à 60 images par seconde quasiment tout le temps, mais provoque des tonnes de bugs, de soucis de moteur physique (on se voit régulièrement passer à travers les bras des adversaires), ainsi qu’un tearing assez violent et des temps de chargement à se tirer les cheveux. Assez impardonnable quand, en plus de ça, on se rend compte que Crosse Studios est loin de débuter en la matière. En effet, ces programmeurs américains sont déjà à l’origine de cinq jeux sur Xbox 360 (College LAX 2010, NLL 10, NLL 11, College LAX 2011 et College LAX 2012), ainsi que cinq autres jeux sur iOS et Android (là encore, tous des jeux de Lacrosse). On est donc d’autant plus surpris de voir à quel point même le gameplay a été bâclé. Utiliser la touche R2 pour passer sa balle / changer de joueur est très peu intuitif en jeu (d’autant qu’on ne peut pas enchaîner 3 ou 4 passes rapidement avec une gâchette), tandis que tirer nous impose l’utilisation du stick droit couplé à d’autres touches pour plus d’effets. Pourquoi pas, mais en l’état ça ne fonctionne pas comme on le voudrait. La plus grosse aberration vient également du fait de devoir cliquer sur L3 pour sprinter, comme dans un FPS. Moins intuitif, tu meurs. C’est d’ailleurs la relative lenteur des joueurs qui nous a, à titre personnel, énervé le plus durant nos sessions de test. Les matchs sont mous, on s’y ennuie, les buts marqués ne sont pas gratifiants car le public se résume à un son qui tourne en boucle, tandis que les commentaires audio (en anglais, comme le reste du jeu) se limitent à quelques phrases, et donc se répètent au bout de quelques minutes.
C’est en revanche, contre toute attente, du côté du contenu que Lacrosse 16 réussit son pari. Car si, de base, le jeu commence mal (aucune équipe n’est licenciée, n’espérez donc pas y croiser les vrais noms et les vrais logos), il faut bien avouer que les 87 teams proposées sont autant d’adversaires sympathiques à défier. Le soft propose donc des matchs rapides pour ceux qui ne veulent y jouer qu’en solo sans prise de tête ou en multijoueur local (jusqu’à 4 joueurs), ainsi que des matchs en ligne si tant est que vous ayez des amis qui possèdent le titre. A côté de ça, nous avons également droit à l’Académie Lacrosse, permettant de modifier les effectifs du jeu, les noms d’équipes, de ligues, et même les arbitres. Plutôt appréciable pour ceux qui, comme dans un PES 2016, se refuseraient à aller plus loin dans le jeu avant d’avoir tout modifié à leur guise. On notera d’ailleurs que, fort heureusement, l’aspect communautaire est ici bien présent et vous permettra de télécharger quelques contenus, du moment qu’un joueur l’a au préalable partagé publiquement via le système prévu à cet effet.
Enfin, terminons par le mode le plus attendu et le plus joué par nos soins durant ces quelques 30 heures de test, à savoir le mode Carrière. Tout aussi problématique que les autres pans du titre en terme de gameplay, d’animations et de soucis visuels en tout genre, ce mode a au moins le mérite de vous laisser créer votre joueur de A à Z, à savoir de la personnalisation esthétique à la nationalité, en passant par son nom et ses compétences en jeu (défense, attaque, bras de tir, vitesse, récupération, physique…). S’en suivront des tonnes de matchs à disputer contre l’IA, si tant est que vous ayez choisi d’incarner un joueur. Oui car, comme dans un Madden NFL, le fan de Lacrosse pourra au choix opter pour une star du sport, un rookie, ou encore un président de club. Pas inintéressant, donc. On notera la possibilité de choisir son emplacement de départ après avoir effectué la création d’un tout nouveau joueur : lacrosse professionnelle, ou lacrosse universitaire. Les règles y seront différentes, les terrains et l’ambiance également. Un gros point positif à ce niveau-là, donc. C’est hélas une maigre consolation pour qui aime autant que nous passer des mois sur un mode Carrière. Ici pas d’immersion, pas le sentiment non plus d’appartenir réellement à une team, et finalement pas l’impression d’évoluer… On enchaîne les matchs dans ce qui s’apparente plus à un gigantesque mode Championnat (jouable également dans le menu principal par le biais du mode Seasons), et on finira, comme on s’en doutait dès le départ, par s’ennuyer ferme avant de se demander où son passés nos 45 euros. Probablement dans l’utilisation du nom Casey Powell, légende de lacrosse qui aura sans nul doute demandé une part non négligeable du budget financé par les backers d’Indiegogo, au détriment d’un jeu mieux fini.
VERDICT : 4/10
Casey Powell Lacrosse 16 a tout du jeu exotique, financé par la communauté, que nous sommes certains à aimer tester. Preuve par A+B que le soccer et le basket-ball ne sont pas les seuls sports à attirer les gamers, il est toutefois regrettable de voir que ce n’est pas encore avec cet opus que les foules risqueront de se déchaîner. Moche, mou, mal fini, identique aux autres productions Big Ant, le soft nous propose ici une redite de tout ce que l’on connaît déjà… En moins bien. A l’heure où l’éditeur australien nous fait irrémédiablement penser à Milestone dans son approche, nous avons trouvé difficile de vous conseiller l’achat de ce Lacrosse 16, même en étant fan. A moins bien sûr que vous ne tombiez sur une promotion défiant toute concurrence, auquel cas l’expérience pourrait (peut-être) s’avérer un peu moins dure à digérer.
Cryo
25 mars 2016 at 13 h 44 minJe salue la longueur du texte explicatif du jeu au travers de ce test, sachant que, vu la note, ce jeu n’était pas le plus plaisant à tester, ce qui est d’autant plus méritant (y compris sûrement la partie recherche pour expliquer ce qu’est le jeu de Lacrosse, afin de mettre un contexte).
Je passe donc mon tour dessus et j’attend ton prochain test (mais aussi celui des autres contributeurs) 😉
Cryo
25 mars 2016 at 13 h 46 minJ’en profite pour conseiller aux développeurs du site une idée: pourquoi ne pas mettre un système de +1/-1 ou de « j’aime » un peu comme facebook, soit uniquement basé sur le contenu de la news, soit étendu aussi aux réponses des lecteurs du site?
Mr_Toc
25 mars 2016 at 16 h 00 minC’est noté, merci pour ce message de soutien 😉