Si vous êtes nombreux à connaître l’un des films les plus controversés du réalisateur Quentin Tarantino, à savoir Boulevard de la Mort, il faut bien noter que ce dernier s’inspire surtout de longs-métrages déjà existant, et beaucoup plus anciens, tels que La Course à la Mort de l’an 2000. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer, cette œuvre date de 1975. Et si vous ne comprenez toujours pas pourquoi nous vous parlons Cinéma en introduction, sachez que ce film de Paul Bartel est tout simplement la raison d’être de la licence Carmageddon, cette dernière en étant inspirée à 200%. Allez, en voiture Simone !
Vous avez connu les jeux PC de la fin des années 1990 ? C’est très bien ! Peut-être alors avez-vous vu passer à l’époque un jeu d’un genre nouveau, mêlant courses de bolides et gerbes de sang à en écoeurer Draculito. Ce jeu s’appelait Carmageddon, c’était en 1997, et ce fut clairement le même choc qu’à la sortie du tout premier Grand Theft Auto (lui aussi sorti cette même année). En effet, si GTA permettait des choses en quelque sorte encore plus horribles que Carmageddon, sa vue de dessus lui conférait un aspect cartoon faisant un peu mieux passer la pilule. Il fut tout de même interdit à la vente et / ou censuré par des tonnes d’associations, mais pas autant que son cousin britannique de chez Stainless Games. Pour l’anecdote, sachez que la version allemande du jeu, en plus de ne proposer que du sang vert pour ne pas choquer les joueurs, avait dû remplacer tous les piétons in-game par des zombies (avouez que c’est beaucoup moins fun d’écraser des personnes déjà à moitié mortes), chose que Nintendo avait également ordonné avant de faire naître le portage Nintendo 64 en 1998 d’ailleurs. Au final, seule la version PS1, ayant vu le jour en 1998 elle aussi, s’en sortait plutôt bien, malgré un rendu visuel assez ignoble et des développeurs différents de la version originelle. Et si vous vous demandez encore pourquoi ce jeu créa une telle polémique (outre le fait de rouler sur les piétons en rigolant), sachez par exemple que la pilote féminine que l’on pouvait incarner à l’époque s’appelait Die Anna, en référence à la princesse de Galles qui venait de décéder…
Laissée quelque peu à l’abandon, donc, durant de très nombreuses années (malgré une suite sur PC en 1998 et des portages sur smartphones en 2012 et 2013), la licence Carmageddon a pourtant su revenir sur le devant de la scène en 2015 avec le bien-nommé Reincarnation. Le souci, c’est que, malgré un financement participatif réussi sur Kickstarter, le jeu avait comme qui dirait énormément perdu de sa superbe. La faute à des graphismes d’un autre âge, des ralentissements en tout genre, sans parler des bugs risibles et / ou de la maniabilité vraiment bâclée. Autant dire que cet opus qui avait tout d’une douche froide aurait pu sceller par la même occasion le sort de Stainless Games. Comme dit le dicton, il vaut parfois mieux savoir partir sur une bonne impression… Mais c’était sans compter sur la persévérance du studio de développement, et encore moins sur son amour de la licence. Reincarnation est mort, voici Max Damage, le tout nouveau bébé griffé de la marque Carmageddon, et il est plus en forme que jamais. Le roi est mort, vive le roi !
Cependant, « nouveau » est un bien grand mot. Oui car, au-delà du nom et de quelques nouveautés bien senties, Carmageddon: Max Damage est avant tout une version remaniée (et grandement améliorée) de Reincarnation. La principale différence étant, vous l’aurez sans doute deviné, sa sortie sur consoles de salon, là où Reincarnation n’avait vu le jour « que » sur PC. Alors, n’ayons pas peur des mots, le pari était plus que risqué. Se vautrer en proposant un reboot de la licence sur PC en 2015, ça a tendance à faire réfléchir plus d’un développeur. Il est toutefois rare de voir ces mêmes programmeurs se dire qu’il est donc grand temps de tenter sa chance sur PlayStation 4 et Xbox One… Pourtant, Max Damage vient nous prouver que l’audace peut (parfois) payer ! Proposant des graphismes plus fins (bien qu’assez moches dans l’ensemble), de nouveaux effets de lumière, des sons plus justes, mais aussi et surtout un contenu 40 à 50% plus étoffé que la mouture PC de l’an dernier, il nous serait bien difficile de ne pas vous conseiller l’achat d’un tel titre, à fortiori lorsque celui-ci est proposé au tarif éditeur de 39,99 € et à une trentaine d’euros sur Amazon.
Mais alors, que propose ce jeu si particulier ? Eh bien, tout d’abord, sachez que si vous avez connu Twisted Metal, Vigilante 8, Destruction Derby ou encore Burnout, Carmageddon propose en quelque sorte un savant mélange de toutes ces licences, saupoudré toutefois d’énormément de sang et d’un fun encore plus immédiat. Pour faire simple, Max Damage se divise en 3 segments : le mode multijoueur en ligne (on regrettera évidemment qu’aucun mode local ne soit proposé), le mode Free Play (dans lequel vous choisissez le mode de jeu, le nombre de points, de tours, etc), et le mode Carrière. On reviendra sur ce dernier dans quelques secondes car c’est le plus gros mode (et le plus intéressant) proposé ici, mais avant cela, quelques petites précisions sur le multijoueur online.
En effet, au cas où vous voudriez en savoir plus sur ce segment en particulier, sachez que ce dernier est jouable jusqu’à 6, et ce, sur 4 modes de jeu différents. Le premier, Death Race est des plus classiques, tandis que Checkpoint Stampede porte, là encore, bien son nom. On notera donc beaucoup plus les deux derniers modes, nommés Car Crusher et Fox & Hound. Dans le premier, clairement l’un des plus amusants, nous nous retrouvons dans une espèce de mode Arène à la Destruction Derby, ou plus récemment à la Dirt Showdown, tandis que le dernier mode, lui, impose ici aussi un fun de tous les diables. En effet, si vous vous laissez tenter par le très addictif Fox & Hound, vous aurez l’occasion d’y chasser le renard, ou bien justement d’échapper à la meute si c’est à votre tour d’être la proie. Dans ce cas précis, vous devrez rester dans la peau du renard durant 2 minutes, et ce afin d’engranger toujours plus de points dans ce mode qui nous a clairement conquis.
Mais nous ne pouvions pas ne pas évoquer le mode Carrière de ce Carmageddon: Max Damage, valant à lui seul l’achat du jeu. En effet, dans cette partie du titre, un peu plus de 60 épreuves vous attendent. Et si le jeu est faisable en Facile et en Normal, croyez-nous, vous ne finirez pas le mode Difficile de si tôt. La particularité de ce mode Carrière étant de ne proposer que quelques défis à son lancement. En effet, il va falloir débloquer le reste des épreuves au fur et à mesure, et ce, en remportant des scores assez fous dans les défis précédents. Autrement dit, le jeu nous pousse sans cesse à donner le meilleur de nous-mêmes, et ce n’est pas plus mal selon nous. Plusieurs types d’épreuves, donc, nous vous le disions, à commencer par le très connu (et toujours aussi appréciable depuis 1997) Carma Classique. Dans ce type de défis, la règle est simple : vous faites ce que vous voulez mais 3 façons de gagner vous sont proposées. La première étant la plus logique, à savoir de gagner la course en passant les checkpoints tout au long des tours. C’est très classique, et disons-le tout net, pas forcément ce qui plaît le plus aux fidèles de la licence. C’est pourquoi les deux dernières options sont toujours là. La première nous propose de défoncer les 5 autres véhicules adverses ayant pris part à la course à nos côtés. C’est probablement le choix le plus amusant, et c’est d’ailleurs la seule manière de débloquer la trentaine de véhicules du jeu : en leur fonçant dedans jusqu’à explosion. Enfin, la dernière possibilité (et sans doute la plus longue, à défaut d’être la plus compliquée) nous propose d’écraser absolument tous les piétons sur la map. Leur nombre variant de 200 à 800 en moyenne selon les environnements, nous vous souhaitons d’ores et déjà bon courage !
Néanmoins, il sera toujours très drôle de découper tous ces piétons (obèses, cyclistes, handicapés, nonnes…) ainsi que ces animaux (vaches, pingouins, ours, moutons…), à plus forte raison en vue cockpit. Les connaisseurs du jeu Die Hard Trilogy, et en particulier du segment Une Journée en Enfer, ne seront probablement pas dépaysés. Une vue qui, quoiqu’il en soit, ne restera pas dans les annales mais qui a au moins le mérite d’exister, aussi moche et floue soit-elle (comme quoi, même deux ans après, Watch Dogs fait encore des émules). Nous préférons vous laisser la surprise de découvrir les autres épreuves du mode Carrière manette en mains, tant elles sont de plus en plus drôles, et parfois même inattendues.
Côté gameplay, il faut bien avouer que les plus jeunes d’entre vous pourraient éprouver quelques difficultés à manier ces bolides semblant sortir d’un jeu poussiéreux. En effet, si l’on se fait rapidement à la physique parfois abracadabrantesque de l’ensemble, force est de constater que la maniabilité somme toute « glissante » du soft peut faire tiquer. Durant les premières minutes tout du moins, car l’on passe vite à autre chose, tant le fun procuré est réel. D’ailleurs, la licence a toujours été connue pour ça ; on ne propose pas un tel challenge sans un brin de difficulté, que ce soit dans les épreuves en elles-mêmes, ou simplement dans le fait de tenir droit son véhicule. Enfin, sachez que les power-ups et les réparations font partie intégrante de ce Carmageddon: Max Damage. Ces dernières sont extrêmement utiles, et accessibles instantanément. Concrètement, au moindre choc, on peut rester appuyé sur la touche Triangle pour voir les réparations s’effectuer d’elles-mêmes sur notre voiture. Évidemment, rien n’est gratuit, et plus vous aurez recours à cette technique, plus votre compteur points s’amenuisera, ralentissant ainsi votre déblocage des épreuves à venir dans ce fameux mode Carrière.
Les power-ups, eux, se matérialisent le plus souvent par des bidons à ramasser sur les maps (les terrains de jeu sont d’ailleurs immenses et explorables en totale liberté, en plus de proposer des décors aussi variés qu’une ville abandonnée, un accélérateur de particules, un désert ou encore une banquise). Affectant tantôt notre pilote, et ce en bonus comme en malus (réparations gratuites, boost, mais aussi suspension en gelée ou « aplati comme une crêpe »), ces fameux pouvoirs peuvent tout aussi bien affecter les piétons (démembrement, piétons groovy, piétons aveugles, suicidaires…) ainsi que nos adversaires motorisés (gel des opposants, adversaires débiles…). Cependant, ce sont bien évidemment les power-ups à activer face aux autres pilotes qui ne manqueront pas de déclencher les plus beaux fous-rires (c’est aussi là que l’on regrette de ne pas pouvoir jouer en multi local) : faire sauter les adversaires, leur asséner des coups de rayon « bouffe-banane », lâcher des mines ou bien des flaques de pétrole derrière vous… Nombreuses sont les options, et surtout, n’oubliez pas que nous sommes dans Carmageddon, un jeu politiquement incorrect : tous les coups sont permis !
En ce qui concerne la bande-son du titre, nous avons ici à faire à des bruitages moteur de bonne facture, ainsi qu’à des cris des plus réalistes. Le speaker s’exclame en anglais tel que dans les jeux Arcade des années 1980-1990, à base de « Checkpoint ! », « Final lap ! », ou encore « Get the bastard ! ». Oui, bon, nous ne traduirons pas celle-ci mais le cœur y est. Les musiques, elles, sont tout bonnement excellentes et passent sans souci du rock au hip-hop en passant par de l’électro… Tout n’est pas forcément mémorable, mais l’ambiance globale reste succulente.
Si en revanche c’est la durée de vie qui vous fait peur, vous pouvez d’ores et déjà être rassurés. Plus de 60 épreuves solo, nous vous le disions, mais aussi et surtout une trentaine de véhicules à débloquer, et à upgrader (robustesse, vitesse, maniabilité, mais également peinture et jantes assorties). Sans oublier le multijoueur en ligne évoqué plus haut. A ce tarif-là, il est tout de même rare de pouvoir s’amuser autant, et aussi longtemps. Espérons que les DLC à venir (et brièvement évoqués par les développeurs) ne soient pas inutiles et / ou vendus à prix d’or.
VERDICT : 8/10
19 ans après l’opus originel, Carmageddon revient dans une version sentant le fun à plein nez. Et si les vieux de la vieille ne se feront pas prier pour se lancer corps et âme dans ce jeu sanguinolent, il serait dommage que les nouveaux-venus ne tentent pas leur chance à leur tour. Car si l’aspect visuel du titre pourra prêter à sourire en comparaison des standards PS4 actuels, force est de constater que l’intérêt, tout comme la vérité, est ailleurs. Un gameplay aux petits oignons, de l’humour à ne plus savoir qu’en faire, du gore présent sans aucune censure, un contenu conséquent, ainsi qu’un tarif léger, voilà ce que vous propose Stainless pour fêter le retour du pilote psychopathe Max Damage et sa comparse Die Anna. Prends ça, p*****sse !
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