Depuis les premiers FPS, la Seconde Guerre mondiale est un terrain de jeu prisé par les développeurs et les joueurs. Call of Duty s’y est souvent essayé, dont récemment avec Call of Duty: WWII sorti en 2017. Sledgehammer Games, développeur de ce dernier, retourne sur le même front cette année avec Call of Duty: Vanguard. De quoi redouter une certaine redondance, notamment dans le mode Campagne mais on a cette fois une approche quelque peu différente. À voir si la recette fonctionne ou si le titre n’a pas de quoi faire long feu.
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à un code numérique envoyé par l’éditeur
Vanguard, rassemblement
Là où le scénario de Call of Duty: WWII se focalise surtout sur un personnage et montre bien les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, Call of Duty: Vanguard ne joue pas tout à fait dans la même cour. En effet, on a cette fois la Vanguard, équipe de choc constituée d’au moins 4 personnages qui ont fait leurs preuves sur le champ de bataille. Le jeu débute en 1945, oui, à la toute fin de la guerre : Hitler perd le conflit et les derniers nazis sont en panique. Enfin, presque tous car certains semblaient s’attendre à la défaite de l’Allemagne et ont préparé Projekt Phoenix, projet fort mystérieux qui pourrait renverser la tendance. Cela ne plait évidemment pas aux Alliés qui en ont eu vent et c’est ainsi qu’on suit les péripéties d’Arthur Kingsley, Polina Petrova, Wade Jackson et Lucas Riggs.
Sur le papier, l’histoire de Call of Duty: Vanguard avait de quoi se montrer réellement à part des autres opus de la saga puisqu’au lieu de jouer certaines batailles importantes de la Seconde Guerre mondiale, on pensait suivre des missions spéciales de notre petite troupe atypique qui s’en prend aux nazis de l’ombre mais ce n’est pas tout à fait le cas. En effet, dans la majorité de la Campagne, on joue surtout via des flashbacks certains moments importants des 4 personnages cités précédemment et au final, seules 2 missions se passent en 1945, ce qui est un peu décevant. De plus, c’est uniquement dans ces missions que l’équipe est au complet car dans les autres, on joue chaque membre 1 par 1 dans différents endroits du globe, un schéma basique en somme. Certes, la diversité est bien là et il est intéressant de voir divers aspects de cette guerre qui a transformé notre monde il y a presque 100 ans, surtout que Sledgehammer Games n’a pas peur de traiter des sujets complexes comme le racisme de manière correcte. Cependant, à trop vouloir se disperser, certains personnages ne sont guère étoffés et on retient surtout le passé de Polina, sniper russe qui a de bonnes raisons de faire la chasse aux nazis. Ses missions sont d’ailleurs les plus sympathiques, que ce soit pour la narration, les lieux ou bien le gameplay.
Aussi, Call of Duty: Vanguard manque de passages à la mise en scène explosive dont la série nous a tant habitué, quelques exceptions à part. Moins audacieux que les derniers volets, il est également moins cru, moins choquant, malgré quelques scènes qui font mouche de ce côté-là. Toutefois, il faut noter que le rendu des cinématiques imitant des films est des plus réussis, avec un réel travail sur les jeux de lumière, les expressions et autres éléments qui font qu’on y croirait presque. Il est juste dommage que Sledgehammer Games ne soit pas davantage sorti de sa zone de confort et qu’au final, l’aspect Vanguard soit limite en retrait. Sans vous dévoiler trop de détails, la fin laisse surtout penser qu’on a qu’un avant-goût des choses à venir, une suite étant sous-entendue. C’est peut-être le cas mais ce n’est pas une raison pour avoir raté certains points qui auraient mérité davantage de réflexion afin de réellement se démarquer du reste. Si le tout est un minimum agréable à suivre, le récit de Call of Duty: Vanguard ne restera sans doute pas dans les annales, tant il est vu et revu.
« Chargé, déchargé. Chargé… »
Pour ce qui est du gameplay, là encore, on reste sur du classique, autant dans la Campagne que les autres modes mais le fun reste principalement au rendez-vous. Avant de nous concentrer sur le multijoueur, le fer de lance de la saga, restons un peu sur le mode Campagne car avec 4 personnages différents, on est en droit de s’attendre à des phases de jeu variées et pour le coup, c’est en partie réussi : en partie car dans le fond, tous se jouent de la même manière mais chacun a ses spécificités ainsi que des passages un peu plus originaux. Kingsley est le plus basique, sa seule particularité étant de pouvoir donner des ordres mais cela n’intervient qu’à des moments spécifiques, ne vous pas attendez pas à une mécanique complexe. Encore une fois, Polina se démarque des autres avec la possibilité de grimper certains murs (c’est certes un peu scripté mais ça fait le travail), d’emprunter des passages étroits pour contourner certains ennemis et elle fait des ravages de loin avec son fusil de sniper. Le côté infiltration fonctionne bien avec elle, notamment lors des dernières séquences de son flashback avec un « boss » qui peut donner quelques sueurs froides. Avec Wade, on revient à un combattant plus simple (il peut surtout se concentrer pour repérer les soldats et tirer automatiquement dessus) mais ce dernier est avant tout un pilote et il est donc introduit avec des combats à bord d’un avion que l’on peut diriger. Sans être innovante, cette phase joue la carte du grand spectacle et le maniement de l’engin se montre compétent, de quoi varier le plaisir. Enfin, avec Lucas, c’est surtout un adorateur des explosions et il a donc plusieurs explosifs ainsi que des armes appropriées pour faire de jolis feux d’artifice.
Vous l’aurez compris, on a davantage des gimmicks que de réelles innovations de gameplay mais ce Call of Duty: Vanguard n’était pas particulièrement attendu sur ce côté-là. La Campagne fonctionne comme il faut malgré tout grâce à sa diversité des maps et des situations ainsi qu’une certaine liberté de mouvements, certaines zones étant assez ouvertes. Quant aux réactions des nazis et autres méchants qui veulent notre peau, elles sont plutôt adéquates en général mais il arrive de voir quelques comportements étranges comme un soldat qui hésite entre rester à couvert ou bien foncer sur nous. Enfin, les sensations liées aux tirs et aux déplacements sont plus que satisfaisantes, comme on l’espérait. Malgré le retour à la Seconde Guerre mondiale, les armes ne manquent pas d’aplomb avec du recul solide et crédible, les possibilités de mouvements sont au rendez-vous (sprint, accroupissement, glissades, escalade des rebords et on en passe) et lorsqu’il s’agit de se poser, on peut se mettre à couvert, placer l’arme sur une surface pour tirer plus efficacement… C’est un minimum tactique tout en mettant l’accent sur l’action véloce et explosive, un bon point, de quoi passer du bon temps sur les 5-6 heures demandées pour venir à bout de la Campagne.
Le gameplay révèle toute sa richesse en multijoueur, cela va de soi. Avec plus de 15 cartes dès la sortie, Call of Duty: Vanguard a de quoi satisfaire les férus de batailles à l’ancienne, surtout qu’elles sont toutes attrayantes d’un point de vue design. Si nous sommes loin de la grandeur des maps de Battlefield, Call of Duty mise davantage sur du combat direct et nerveux, pour ne pas dire bourrin et ici, c’est une fois de plus le cas, peut-être même plus que jamais. En effet, il ne fait pas bon de rester sur une seule place, tant les lieux sont petits et que les réapparitions peuvent placer les adversaires derrière nous, ce qui fait qu’on se prend souvent des balles par derrière. Cela peut d’ailleurs dérouter davantage dans certaines maps, notamment les plus fermées où le respawn est légèrement abusé, en espérant que cela soit corrigé via une mise à jour mais au vu des derniers opus, n’y comptons pas trop. Pas de place à l’erreur dans Call of Duty: Vanguard, c’est le plus adroit et rapide qui gagne, même si certains atouts et killstreaks tels que les chiens ainsi qu’un mini-char explosif contrôlé à distance (oui, là on sort un peu des sentiers battus mais le multijoueur de la série s’est toujours permis quelques libertés) peuvent changer la donne le temps d’un court instant. Aussi, on a un tantinet de destruction de décors en pouvant faire exploser certaines portes et fenêtres, rien de révolutionnaire par rapport à Battlefield mais cela a le mérite d’être présent et de bouleverser les habitudes. Doucement mais sûrement. En tout cas, avec le large arsenal à notre disposition (voir notre article à ce sujet) ainsi que les différents atouts et killstreaks, il y en a pour tous les goûts.
Côté modes de jeu, il y en plusieurs avec les habituels Matchs à mort, Contrôle de drapeau, etc. et on peut jouer jusqu’à 24 joueurs dans les modes les plus peuplés. Il y a également 2 nouveaux dans le lot, à savoir le fort sympathique Patrouille où il faut capturer une zone circulaire en mouvement ainsi que Champion de la colline, où l’on joue en duo/trio et dont le but est d’affronter d’autres équipes dans de petites arènes. Ces 2 modes apportent de la fraicheur à l’ensemble et se montrent plutôt prenants, notamment Patrouille. Enfin, il est toujours possible de jouer en cross-play donc même si vos proches jouent sur d’autres machines, il n’y a pas de problème. Toutefois, si certains voulaient du réel chamboulements pour cet opus, il faudra passer outre car cela ressemble beaucoup aux anciens volets.
Quant au mode Zombies, c’est un peu la déception du lot. Il n’y a pas grand chose à dire sur lui : moins scénarisé qu’auparavant, il s’inspire des jeux rogue-lite avec une zone principale puis 5 vagues dans des niveaux à la limite de l’anecdotique, avec des zombies de plus en plus forts (mais pas tant que ça) et la possibilité d’acheter des améliorations. Ce n’est rigolo que les premières fois et on s’en lasse rapidement, surtout qu’il manque des choses comme les easter eggs et autres éléments qui font le sel de ce mode. Heureusement, les développeurs comptent l’étoffer avec le temps mais en l’état, il vaut mieux l’éviter, tant il n’a rien de spécial.
Modern Engine?
Call of Duty: Vanguard réutilise le moteur visuel instauré par le dernier Call of Duty: Modern Warfare et cela se ressent à plusieurs reprises, pour le meilleur et pour le pire. Si les cinématiques les plus travaillées sont un vraie délice pour les yeux, proches d’un film d’animation réaliste, c’est plus conventionnel dans le gameplay et tous les niveaux ne sont pas aussi beaux que les autres. Dans le mode Campagne, seule une poignée de niveaux et quelques zones impressionnent visuellement parlant, surtout le premier sous une pluie battante et ceux se déroulant à Stalingrad. Toutefois, cela reste assez correct et il y a plusieurs pays représentés, autant dans le mode Campagne que le mode multijoueur. Allemagne, Russie, France, Afrique du Nord, Pacifique… Le sentiment de conflit global est au rendez-vous.
En outre, c’est fluide en toutes circonstances et ce malgré tous les effets présents à l’écran. C’est surtout du côté de certaines textures et des niveaux multijoueur que l’on sent un peu de retard. Le travail sur la lumière, lui, est crédible. Sur PlayStation 5, on a donc affaire à un jeu cross-gen qui fait le travail mais dont les limites commencent à se voir. Notons au passage que la manette DualSense n’est guère exploitée à l’heure où nous écrivons ces lignes et on ressent à peine les tirs, malgré les promesses tenues et le travail réalisé sur Call of Duty: Black Ops Cold War. Gageons qu’il s’agisse d’un simple bug qui sera rapidement corrigé, tant cela peut apporter un plus à l’immersion.
Saluons la bande-son, signée par le talentueux Bear McCreary. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est normal, il a composé les musiques du God of War de 2018, tout à fait grandioses. Si le monsieur s’est un peu moins lâché sur Call of Duty: Vanguard, il livre malgré tout des morceaux qui donnent envie de prendre les armes et de faire la guerre aux nazis. 2-3 œuvres qui sortent du lot mais on aurait aimé des thèmes encore plus forts. Enfin, on a fait le choix des voix françaises et elles sont de bonne facture, que ce soit du côté des Alliés ou des nazis. Il n’y a pas de surenchère ou de caricature, cela reste sérieux de bout en bout tout en se permettant quelques vannes bien sorties ou des insultes dans le ton.
Verdict : 7/10
On ne peut pas dire que Call of Duty: Vanguard manque de volonté en souhaitant satisfaire le plus de monde possible, entre son mode Campagne avec 4 personnages, son gameplay vif, son multijoueur au contenu exhaustif et un mode Zombies se la jouant rogue-lite. Hélas, ça manque un tant soit peu de soin, surtout dans le dernier mode qui n’est clairement qu’une ébauche à l’heure actuelle. La Campagne méritait également d’être davantage travaillée afin de réellement sortir du lot et marquer les esprits. Les fans trouveront malgré tout leur bonheur avec cet opus s’ils aiment la Seconde Guerre mondiale ainsi que la mobilité et les sensations de tir propres à la licence. En espérant tout de même davantage de nouveautés à l’avenir.
Laisser un commentaire