Arrivé sur le Playstation Store dans l’indifférence du grand public, c’est surtout auprès des fans de comics que Blue Estate trouvera son public en premier temps, puisque le jeu n’est rien de moins que l’adaptation de la bande dessinée du même nom. Pour autant, il serait dommage que seuls ces derniers en profitent puisqu’on tient là un jeu d’un genre trop absent sur nos chères consoles de salons et qui, une fois n’est pas coutume, le représente plutôt bien.
You shot me down, BANG BANG
On ne peut pas dire que ces dernières années aient été très prolifiques pour le rail shooter. Il suffit de voir comment le genre a été représenté sur consoles de salon pour s’apercevoir qu’il est loin le temps des bons vieux Time Crisis. Et alors qu’on ne l’attendait pas au tournant, voici que Blue Estate se pointe, et s’impose donc comme le premier rail-shooter sur PS4. Une fois l’étonnement passé, on découvre donc un jeu à l’ambiance atypique qui devrait proposer de bons moments à défaut de laisser un souvenir impérissable.
Dans un univers mafieux au possible, le joueur incarne à tour de rôle Tony Luciano, fils du Don et caïd de la pègre en devenir, et Clarence, un ex navy-seal. Comme vous vous en doutez sûrement, il s’agira là de faire un maximum de trous sur toutes les cibles mouvantes qui apparaîtront à l’écran. On est donc face à un jeu typiquement arcade dans l’âme et surtout complètement barré. Tony enchaîne les punchlines, l’action est parfois entrecoupée d’indications venant contredire l’action ou les propos tenus par les personnages, et les références pleuvent comme les feuilles tombent en automne. Le jeu ne se prend pas au sérieux et se veut décomplexé au possible. Il faut dire que faire le ménage dans les plus grands gangs de la mafia, le tout accompagné de railleries et autres interventions épicées de Tony, a un certain charme.
Degaine ta DualShock 4 si t’es un homme
Mais l’humour aussi décapant soit-il suffit-il à rendre le jeu indispensable ? Dans les faits, on serait tentés de dire « non ». Tout d’abord il faut le souligner, le jeu tire complètement parti des possibilités offertes par la DualShock 4. Se jouant principalement grâce à la reconnaissance de mouvements de la manette, il faudra au joueur un certain temps d’adaptation avant de bien maitriser le jeu. On rencontrera très souvent des soucis en termes de calibration du viseur, mais fort heureusement, une simple pression sur la touche L1 suffira à faire revenir le réticule au centre de l’écran, vous permettant de vite reprendre les choses en main. On ne va pas se mentir, cette manipulation a été très souvent répétée lors de notre test, et si cela soulève le point d’une reconnaissance de mouvements plutôt limitée, on appréciera de ne pas avoir à passer par le menu options pour recentrer le viseur. Un mal pour un bien si on veut.
En plus de la reconnaissance de mouvements, le pavé tactile est lui aussi à l’honneur puisqu’il sera sollicité afin de renvoyer certains projectiles que vous enverront vos opposants, et ainsi dégager la vue du personnage ou encore enjamber certains obstacles qui se trouveront sur votre passage. Un peu déroutant au début, il en découle finalement une véritable synergie entre les deux fonctionnalités de la DualShock 4, qui pour le coup, se présente sous son meilleur jour. Qu’il est agréable de prouver que non, les seules nouveautés de la nouvelle manette de Sony ne sont pas qu’une bête barre lumineuse et un bouton share.
License to kill
Le tout demandera une certaine période d’adaptation et nécessitera un minimum de dextérité si vous souhaitez jouer dans les modes de difficulté plus élevés. Les affrontements s’avèrent rythmés mais il faut avouer que la lassitude peut très vite prendre le pas sur l’amusement tant les vagues d’ennemis s’enchaînent. Si les différents niveaux sont relativement variés, on regrettera des architectures plutôt banales et manquant d’originalité pour un rail shooter. La possibilité de se mettre à découvert ne sera pas toujours présente et c’est bien dommage car recharger votre arme de base (un simple pistolet) prend un certain temps, et à moins de bien jongler avec la gâchette pour tirer et la gâchette pour recharger, il ne faudra pas trop jouer les têtes brulées sous prétexte de voir votre barre de santé fortement diminuer.
Jouer seul c’est bien, mais à deux c’est toujours mieux. C’est dans cette optique là que les développeurs ont inclus un mode multijoueur jouable à deux afin de s’éclater avec un ami. Malheureusement ce n’est pas cela qui sauvera le jeu d’une durée de vie vraiment très limitée. Les 7 niveaux ne vous retiendront pas plus de 4h, ce qui est assez faible pour un jeu vendu 20€ sur le PS Store. Le multijoueur apportera une dose de fun non négligeable et les amateurs de jeux old-school s’acharneront à obtenir le meilleur score dans tous les niveaux. Mais en dehors de ça, on aurait aimé plus de contenu véritable afin de faire durer l’aventure. Légèrement regrettable pour un genre en voie d’extinction et qui aurait mérité qu’on peaufine le jeu, d’autant qu’il aurait pu s’imposer comme une référence du genre sur consoles next-gen. C’est loupé et de peu. Dommage.
VERDICT : 6,5/10
Sans être une véritable déception puisque nous n’en attendions pas grand-chose, Blue Estate s’impose par la force des choses comme le seul représentant du rail-shooting sur PS4. Pour cette seule et unique raison, on voudrait vous dire de foncer les yeux fermés, d’autant plus que le gameplay est relativement bien fichu et que l’humour omniprésent vous offrira un sacré divertissement. Mais voilà, son prix excessif en vue de son contenu est un frein majeur à l’achat de ce jeu. De plus les niveaux s’avèrent être inégaux en termes de réalisation ce qui est trop fortement propice à une lassitude qui s’installe déjà bien rapidement. Néanmoins si vous n’avez plus le temps de passer dans des salles d’arcade pour shooter tranquillement avec des potes, Blue Estate reste l’alternative idéale. Au prix fort, certes, mais les plus malins attendront une baisse de prix, car vendu à une douzaine d’euros il n’aurait été qu’indispensable à votre ludothèque.
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