Au mois de mars dernier, alors que le paysage vidéoludique des exclusivités PS4 se faisait un peu morose malgré des annonces qui laissaient entrevoir de belles perspectives, est arrivé Bloodborne. Celui qui laissait même circonspect les aficionados des Souls s’est avéré être une excellente surprise, enivrante et bourrée de qualités. Plus de 7 mois après sa sortie, Bloodborne continue d’ailleurs d’alimenter les fantasmes des joueurs. L’équipe de développement en charge du titre nous offre donc aujourd’hui un nouveau pan de cette épopée gothique tout droit sortie d’un roman d’Edgar Allan Poe. Le fils prodigue de Hidetaka Miyazaki est de retour, signant le retour des vagues d’hémoglobine qui coulent à flot. Les chasseurs vous invitent dans leur cauchemar, aurez-vous le courage de répondre à leur invitation ?
Autant en emporte le sang
Que l’on ait simplement terminé le jeu tel un challenge personnel en tant que non-habitué des Souls, que l’on ait passé des heures à décrocher le fameux trophée platine – obtenu par seulement 6% des joueurs possédant le jeu, ou que l’on n’ait jamais cessé de gamberger dans Yharnam, que ce soit en New Game + (++, +++ etc) ou avec de multiples reroll, il y a une chose qui nous lie tous : C’est le fait que l’annonce de ce DLC ait (r)éveillé en nous notre âme de chasseur. En effet, malgré son profil atypique, Bloodborne a converti de nombreux joueurs à ce gameplay si exigeant adapté de la lignée des Souls. De ce qui aurait pu être perçu comme sa principale faiblesse, dû à une accessibilité sans concession, le titre de From Software en a fait sa force et a ouvert les portes du action-RPG viscéral à un public plus vaste. Un coup de maître dont Miyazaki-san et ses équipes peuvent être fiers. Et, à vrai dire, en cette journée de lancement de Bloodborne: The Old Hunters, il serait tout à fait légitime qu’ils ressentent la même satisfaction. Vous allez très vite comprendre pourquoi une fois que vous aurez parcouru les lignes qui suivent, mais surtout lorsque vous pénétrerez pour la première fois dans le cauchemar du chasseur.
La première chose à savoir est que The Old Hunters s’intègre logiquement dans la trame scénaristique de base. Accessible dès que la vicaire Amélia sera abattue, il s’offre directement aux joueurs ayant achevé le jeu et n’ayant pas relancé l’aventure tout comme à ceux qui auraient débuté sous peu. Attention cela dit, car le niveau minimum conseillé (65) n’est pas uniquement là pour tenter de calmer les têtes brulées novices. Disons que sans un équipement relativement amélioré et des stats qui tiennent la route, il vous sera difficile d’avancer dans les méandres du cauchemar du chasseur. Il ne tient qu’à nous de faire cette constatation, un brin simplette au premier abord, mais la difficulté semble avoir été revue à la hausse. Pas de façon démesurée, mais il est clairement question d’offrir ici un challenge acéré digne de la marque From Software. Comme vous vous en doutez probablement, de nouveaux types d’ennemis viennent se mêler à quelques visages monstrueux connus. L’innovation n’est pas seulement cosmétique puisqu’ils sauront se mouvoir et agir de façon beaucoup plus agressive et perfide. Il ne sera pas rare de se retrouver acculé face à moults opposants auxquels il sera difficile de fausser compagnie tant leur moveset joue sur la rapidité mais aussi sur la force. Plus bestiaux, et peut-être un peu moins « intelligents » dans leur façon d’agir, il n’en sera pas moins compliqué de réduire à néant un groupe d’ennemis qui applique à merveille l’adage « L’union fait la force »
Et quand ce n’est pas un groupe d’ennemis, ou un vulgaire mob effronté qui se déchaîne contre notre avatar en faisant chuter sa barre de vie à l’aide d’un enchaînement de coups rapide que l’on n’a pas vu venir, des chasseurs viendront à plusieurs reprises vous barrer la route. Si le comportement des mobs de base est plus axé sur l’agression pure, eux sauront s’adapter selon la façon dont vous irez vous frotter à eux. Mais le clou du spectacle réside définitivement dans les combats de boss, dont certains font sans nul doute partie des plus réussis du jeu. Impressionnants et surprenants, voici les maîtres mots de nos joutes intenses rythmées par des boss qui évoluent tout au long du combat. On laissera les habitués des Souls nous dire qu’ils ont vu « pire et plus compliqué », et on profitera des superbes orchestrations en deux ou trois temps qui montent en puissance au fur et à mesure que la barre de vie de nos chers boss se vide.
Pour entamer ces barres de vie bien remplies, nous pourrons compter sur de nouvelles armes qui viendront compléter notre arsenal de chasseur. Et là, on ressent clairement la volonté du studio d’offrir une expérience enrichie en ouvrant le champ des possibles. Entre force pure, ésoterisme, et attaques misant sur la teinte sanglante, rien n’a été laissé de côté. C’est d’ailleurs pour cela que l’on peut maintenant se transformer, entre autres, en monstre afin de laisser exploser notre côté bestial. Quoi qu’il en soit, ces nouvelles armes et nouveaux équipements renouvèlent l’intérêt du titre et devraient permettre aux joueurs de créer des chasseurs encore plus redoutables. De quoi relancer également l’intérêt du PvP puisque certains joueurs construisent certains de leurs personnages uniquement dans cette optique là.
When your nightmare comes to life
Concrètement, il y a de quoi faire avec cette extension. Mais, à l’instar du soft de base (et des Souls) il faudra s’y impliquer et gratter à la surface pour y découvrir tout ce que l’on peut y faire, y voir et y découvrir. Ainsi, selon les joueurs il faudra environ 5 à 8h pour faire un premier tour de The Old Hunters. Peut-être un poil décevant. D’autant que le premier tiers du jeu nous renvoie dans le passé, dans un Yharnam sans dessus-dessous. Passés les premiers grognements, parce qu’une direction artistique aussi maitrisée se doit d’être exploitée pour offrir de nouveaux environnements, vous aurez l’occasion de découvrir deux nouveaux lieux qui vous feront vite oublier ce petit détail visant à introduire l’histoire qui plane autour de ce nouveau contenu, étroitement liée à l’église du remède et ses chasseurs qui ont tenté de trouver un moyen pour contrer le mal qui s’abat sur Yharnam, non sans conséquence.
D’autant qu’il sera ici possible de traverser toutes ces zones à la suite, sans forcément avoir recours aux fameuses lanternes. Cela est rendu possible, entre autres, grâce au level design toujours aussi bien pensé et qui fait mouche une fois encore. Vous vous entendrez probablement dire à plus d’une reprise « Une lanterne à proximité ne serait pas de refus » avant de trouver le précieux sésame ou bien un raccourci menant à la précédente loupiote allumée. Enfin, on regrettera que les petits défauts récurrents de Bloodborne soient toujours présents, à savoir quelques chutes de framerate ou encore la camera qui aura parfois du mal à se positionner, notamment contre les boss. Ce qui ne nous a pas empêché d’apprécier le jeu à sa juste valeur jusque là, difficile donc de sanctionner The Old Hunters pour cela.
Malgré les récentes annonces, on ose espérer que Miyazaki-san nous offrira une dernière valse sanglante dans les bas-fonds de Yharnam sous les traits d’un ultime DLC ou d’une suite, car l’univers atypique de Bloodborne mêlé à son héritage spirituel (Demon’s Souls, Dark Souls I et II) font de ce titre une oeuvre qui nous laisse toujours ce petit goût de « revenez-y » une fois la manette posée. Le génie vidéoludique à l’état pur.
Verdict : 8/10
Toujours aussi fascinant, Bloodborne renforce son positionnement de jeu de l’année et s’imposera probablement parmi les jeux de cette génération avec un DLC un peu court sur la forme, mais généreux dans le fond et relançant clairement l’intérêt qu’on lui a porté jusque là. « Attendez de voir Dark Souls 3 » nous direz-vous. Oui, mais voilà, Bloodborne: The Old Hunters, combiné à son contenu de base, c’est un univers savoureux et délectable, un soft presque hardcore, punissant le joueur à la moindre erreur (et à plus forte raison dans cette extension), et provoquant chez le joueur une sorte de plaisir coupable. Vous savez, celui de massacrer avec avidité et orgueil un mob un peu trop agaçant. Jusqu’à ce que le boss de la zone vienne vous rappeler que dans le bas monde des productions de From Software, le joueur peut très vite passer du chasseur à la proie. Et dans le cauchemar du chasseur, personne ne vous entendra crier (hormis vos voisins peut-être).
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