Au mois d’octobre prochain, le PlayStation VR soufflera déjà sa 3ème bougie. En attendant, le casque de réalité virtuelle de Sony s’est tout de même vendu à plus de 4 millions d’exemplaires, ce qui fait de lui le périphérique du genre le plus vendu. Au delà de son rapport qualité/prix imbattable, il profite d’un catalogue relativement dense, malgré des débuts timides. En effet, on y retrouve de nombreux jeux indispensables pour tout possesseur de l’accessoire et amateur de réalité virtuelle. Mais là où il se démarque le plus de la concurrence, c’est par le biais de ses exclusivités. On pense notamment à Farpoint qui a inauguré l’arrivée d’une nouvelle manette à détection de mouvements (le PlayStation VR Aim Controller), Astro Bot Rescue Mission ou encore Déraciné pour ne citer qu’eux. Une liste qui ne cesse de grandir et qui accueille désormais Blood & Truth qui prétend offrir aux joueurs une expérience hollywoodienne avec des scènes d’action digne des plus grands films du genre. De bien grandes ambitions qui impliquent indubitablement de grandes responsabilités.
Test réalisé à l’aide d’une version numérique fournie par l’éditeur
- Se joue sur : PlayStation VR uniquement
- Contrôleur de jeu : PS Move (x2) ou DualShock 4
- Position de jeu : Assise
- Motion sickness (nausées) : Faible
« Sic vis pacem, para bellum »
Si vous ne possédez pas de PlayStation VR, Blood & Truth ne vous évoque peut-être rien. Pourtant ce dernier s’avère être largement attendu par les joueurs qui possèdent le casque de réalité virtuelle de Sony. Annoncé en 2017, Blood and Truth a immédiatement capté l’attention de tous les amateurs de VR pour la simple et bonne raison qu’il s’impose comme le digne successeurs de The London Heist, l’une des expériences les plus appréciées de PlayStation VR Worlds dans lequel le joueur réalise un casse, donnant naissance à des scènes de courses-poursuite et d’action vraiment saisissantes. Un premier essai transformé qui en a laissé plus d’un sur sa faim, le casque vissé sur la tête. Les joueurs en voulaient plus, London Studio est donc passé à la vitesse supérieure en annonçant Blood & Truth, un titre qui, s’il n’entretient pas de rapport direct avec The London Heist (que l’on pourrait considérer comme sa démo technique), n’est pas sans le rappeler.
C’est à croire que les développeurs officiant chez London Studio sont plutôt chauvins, puisqu’une fois encore, l’action se déroule presque intégralement à Londres. La City a déjà été le théâtre des évènements des 2 opus de The Getaway sur PS2 ainsi que de son spin-off sur PSP, un terrain idéal pour monter de toutes pièces une histoire qui se veut digne des films d’action hollywoodiens. L’objectif premier du studio est de propulser le joueur dans le rôle d’un personnage de blockbuster que Michael Bay n’aurait pas renié, avec toutes les explosions et passages dopés à la testostérone que cela pourrait comprendre. On se retrouve donc dans la peau de Ryan Marks, un ex-agent des forces spéciales qui se voit contraint de retourner dans sa ville natale suite à la mort de son père. Si l’on nous donne peu d’éléments à son propos, on apprend tout de même qu’il était à la tête d’une organisation à laquelle ses enfants et sa femme sont mêlés. Sans même avoir le temps de faire leur deuil, Nick et Michelle (respectivement frère et sœur de Ryan) ainsi que leur mère recevront la visite de Tony Sharp, l’antagoniste du jeu qui profitera des présentations pour annoncer ses sombres desseins, à savoir prendre le contrôle de leur organisation.
Vous l’aurez probablement compris, c’est un bras de fer qui s’engage au même instant entre les deux partis, une lutte sans merci dans laquelle tous les coups sont permis. La narration fonctionne plutôt bien, avec notamment la première partie de l’aventure racontée par Ryan alors qu’il est interrogé par Carson, un agent de la CIA qui souhaite tout autant faire tomber Tony Sharp. London Studio n’a donc pas menti en annonçant s’inspirer du cinéma hollywoodien puisque c’est un schéma vu et revu dans les salles obscures. Toujours est-il que cela offre un rythme certain et donne effectivement l’impression d’être au cœur une production cinématographique. La présence de quelques visages connus, tels que celui de Colin Salmon dans le rôle de Carson n’y est peut-être pas pour rien, au même titre que les doublages français de qualité bien que l’on aurait apprécié de pouvoir switcher dans les options afin d’activer la VO.
♪ Balle dans le chargeur est bien lotie ♪
Sur le plan scénaristique, le jeu ne prend pas de gros risques et verse dans la vendetta à répétition sur fond de grand-banditisme avec quelques révélations et twists qui manquent un peu de piment malgré tout. Là ou Blood & Truth parvient à garder le joueur dans son univers où balles à gogo et effusions de sang pleuvent sans crier gare, c’est bel et bien grâce à la réalité virtuelle. Le casque vissé sur la tête, on se retrouve immergé dans l’aventure et cela favorise grandement l’immersion. S’il avait été jouable hors VR, nous serions plutôt du genre à émettre quelques réserves à son sujet, versant un peu dans la facilité et dans de nombreux clichés du genre. L’épilogue nous a d’ailleurs quelque peu laissé sur notre faim, en espérant qu’il ne s’agisse là que d’une brèche non colmatée afin de permettre une éventuelle suite ou bien la naissance d’un DLC à minima. Notons tout de même qu’il nous a fallu environ 6 à 7 bonnes heures pour boucler l’intégralité des missions de l’histoire, ce qui est une moyenne plutôt convaincante pour un jeu du genre, qui plus est réservé au PlayStation VR.
2 grosses sessions auront été suffisantes pour terminer l’aventure, mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est que contrairement à un certain Everybody’s Golf VR sorti très récemment, Blood & Truth propose un peu plus de contenu. S’il aurait été intéressant de voir naître un mode multijoueur pour le fun, il faudra malheureusement se passer de joutes explosives en ligne et donc rester en solitaire face à sa console. On s’en contentera finalement, puisque l’on peut tout de même rejouer n’importe quelle mission afin d’obtenir toutes les étoiles (lorsqu’il y en a à obtenir) et collectibles. C’est grâce à la somme de ces derniers que l’on débloque de nouveaux éléments de personnalisation pour les armes : cela va de la simple peinture en passant par des accessoires tels qu’un silencieux ou encore un viseur laser. Ce qui ne sera pas de trop pour remettre un franc dans la machine et s’embarquer dans le New Game +, et soyons fous, en mode difficile. Précisons tout de même que l’un comme l’autre ne seront pas disponibles au lancement, les développeurs ayant annoncé que plus de choses nous attendaient par la suite. On ne peut alors qu’espérer que le suivi sera à la hauteur car le potentiel est présent, et il serait dommage de laisser mourir à petit feu un titre aussi réussi.
Reste quelques défis qui aident aussi à allonger la durée de vie, misant davantage sur le scoring qu’autre chose et permettant par la même occasion de s’entraîner, bien que l’on pourra tout aussi bien se rendre à la planque pour cela. L’endroit s’y prête un peu mieux, avec des cibles non mouvantes et la mise à disposition de tout l’arsenal disponible en fonction de son avancement dans l’aventure. Avec seulement 5 défis Contre la Montre prenant place dans divers décors visités durant la campagne, il est vrai que l’on en fait vite le tour, et qu’une fois bien maîtrisés, on aura du mal à vraiment s’acharner dessus. On espère que les classements en ligne et l’autre mode encore non dévoilé sauront prolonger l’expérience, car Blood & Truth est définitivement l’un des jeux les plus funs que l’on a pu essayer sur PlayStation VR. S’il s’avère être moins impressionnant qu’un Resident Evil VII vécu en réalité virtuelle (définitivement LE jeu par excellence sur le casque de Sony), il parvient ni plus ni moins à se hisser parmi les références du genre.
Cela est permis grâce à la grande précision offerte par le tracking, parfois un peu capricieux lorsque les conditions de jeu ne sont pas optimales (il vaut mieux jouer dans un espace pas trop éclairé, se positionner à au moins 2m de la caméra et faire en sorte que les 2 PlayStation Moves nécessaires soient pleinement rechargés). Quand toutes les prédispositions sont prises, il faut reconnaître que la détection de mouvements a rarement été d’une aussi grande efficacité sur PlayStation VR. De ce fait, si dégainer 2 pistolets, recharger ou encore se la jouer John Wick en enchaînant les tirs à la tête est tout à fait jouissif, on vous laisse imaginer le degré d’adrénaline lorsque l’action bat son plein à coups d’explosions dans tous les sens en pleine course poursuite sur l’autoroute. Des situations dans le genre, la mise en scène en use et en abuse évidemment, mais à vrai dire, on en redemande encore une fois le générique de fin arrivé.
Bang Bang, that wonderful sound
Blood & Truth représente typiquement le genre d’aventure qu’il manquait au catalogue du PlayStation VR. Pas fin pour deux sous dans son écriture, c’est davantage dans tous les évènements complètements dingues inspirés des plus gros bluckbusters qui se sont succédés au cinéma qu’il parvient à tirer son épingle du jeu. Parce qu’une fois immergé dans l’action, les faits sont là : on se prend réellement pour le héros d’un film d’action complètement dingue dans lequel les temps morts ne sont que de brefs moments de répit entre 2 fusillades. Le temps de reprendre son souffle et de se dire « Wow, quelle aventure ». Evidemment on pourra tiquer sur sa réalisation, qui, si elle reste exemplaire pour une exclusivité PlayStation VR, n’est pas sans laisser un petit goût amer en bouche.
Le jeu se déroulant à Londres, on aurait effectivement apprécié pouvoir profiter de panoramas impressionnants de La City en réalité virtuelle. Mais les limitations du PS VR nous ramènent vite à la réalité, avec des arrière-plans assez grossiers et manquant cruellement de précision. À contrario, on ne s’attendait pas à ce que les visages soient aussi bien modélisés et animés, ce qui reste un bon point, surtout lorsque l’on retrouve quelques faciès connus. Dans un sens, heureusement que tout s’enchaîne assez vite et que l’on passe le plus clair de notre temps dans le feu de l’action, puisque cela évite de trop s’attarder sur les décors au troisième plan peu convaincants.
Mention spéciale à l’OST qui, pour ne pas changer de la recette jusque-là, verse dans l’efficacité à défaut de chercher l’originalité. On y retrouve des thèmes qui ne sont pas sans rappeler des films d’espionnage ou encore des thrillers d’action, mais lorsqu’il ne s’agit plus de faire dans la dentelle, c’est à coup de gros Hip Hop et de basses bien détonantes que les gunfights sont rythmés. Rien d’inoubliable encore une fois, d’autant qu’il s’agit là des plus gros clichés du cinéma hollywoodien. Il n’empêche que l’on a rarement eu l’occasion d’être à ce point aux premières loges le temps de scènes sacrément badass. Un véritable plaisir. Coupable, certes, mais puisque l’on en redemande, c’est probablement que London studio a rempli sa mission avec brio.
Verdict : 8/10
La recette de Blood & Truth n’a rien de bien compliqué, et s’il s’agissait d’une simple exclusivité PS4 sans la possibilité d’y jouer en réalité virtuelle, on aurait sans aucun doute trouvé l’ensemble sympathique mais bien trop convenu. Mais il s’agit là du digne descendant de The London Heist, très attendu parmi les possesseurs du PS VR. Explosif, on y retrouve tous les gimmicks du cinéma d’action, offrant des sensations grisantes que l’on espérait plus ressentir avec un casque VR sur la tête. Malgré les limitations techniques du périphérique que l’on connait, on reste agréablement surpris par la précision du tracking et la fluidité de la reconnaissance de mouvements. En vérité, la seule déception réside dans le fait qu’une fois les crédits arrivés, on en veuille encore. Espérons que les quelques questions laissées en suspend trouveront bien vite des réponses, car le cocktail que nous propose SIE London Studio offre un petit goût de revenez-y des plus plaisants.
Erick
23 juillet 2019 at 18 h 56 minDans la continuité de London Heist,graphiquement on sent les limites du PSVR si on regarde à droite à gauche mais en gros pour résumer,si tu veux te prendre pour John Mc Lane ou John Wick,fais toi plaisir avec Blood and Truth.