À l’approche de la saison 4 de la série Black Mirror, un point n’ click éponyme fait son apparition sur nos PS4, Xbox One et PC… et ça n’a strictement rien à voir ! Black Mirror est en fait l’énième survivant d’une série de jeux narratifs des années 2000 qui n’arrive décidément pas à se mettre à jour. Quelle est l’ampleur du carnage ? Réponse dans ce test.
Ce test a réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version numérique envoyée par l’éditeur.
Héritier d’une trilogie de point n’ click à ambiance, ce reboot de Black Mirror en est également un à sa manière, et nous embarque pour un petit voyage en Écosse, le temps de quelques heures d’enquête. Nous incarnons David Gordon, nous sommes en 1926 et notre père meurt dans des circonstances paranormales. Heureusement, comme dans toute histoire tarabiscotée qui se respecte, celui-ci nous avait laissé une adresse à rejoindre au cas où il trépasserait. Cette adresse, c’est celle d’une ancienne demeure familiale, encore habitée par un personnel aussi mystérieux qu’inquiétant. Prenant la forme d’un gigantesque manoir aux pièces innombrables, la fameuse baraque va rapidement devenir notre terrain d’enquête. Notre mission va donc être d’en fouiller chaque recoin et de tirer les vers du nez à chaque habitant pour enfin découvrir comment notre père a fini dans cet état.
Lovecraft, encore et toujours Lovecraft
Aventure assez classique et semi-dirigiste, Black Mirror intéresse surtout grâce à son ambiance. Intégralement doublé en anglais (mais sous-titré en français), le titre réussit à nous plonger dans son univers dès les premières minutes. Alors oui, l’intro est assez académique et fait très « début de conte anglais » dans l’âme, mais c’est plutôt réussi. Le fait de nous faire démarrer directement dans le château permet d’installer dès le début une atmosphère oppressante. Cette atmosphère, le jeu va essayer tant bien que mal de la maintenir tout au long de l’aventure. L’influence de Lovecraft est, comme il est de coutume pour ces titres, très présente. Le jeu flirte sans cesse entre la raison et la folie, entre le réalisme et le paranormal, et c’est autant un point fort qu’un point faible. Un point fort puisque cela sied d’ordinaire très bien au genre du point n’ click, et un point faible parce que nous avons déjà vu ça 100 fois. L’arrivée prochaine du prometteur Call of Cthulhu en témoigne. Si tout reste à peu près maîtrisé au niveau de l’ambiance, ce n’est malheureusement pas tant le cas au niveau des énigmes, dont la difficulté est assez mal dosée. Alors qu’il démarre sur un puzzle assez retors, le jeu se calme rapidement pour limite faire dans le dirigiste, avec tout ce que cela implique de QTE et de modernité forcée. Dommage, puisque c’est finalement son aspect old-school qui fait la force des bons passages du titre.
Damage control
Visuellement situé entre la PS3 et la PS4, le titre souffle le chaud et le froid en proposant des effets de lumière assez réussis dans l’ensemble, mais des textures souvent trop pauvres et surtout des visages vidés de personnalité. Certains dérogent bien évidemment à la règle mais entre ça et les animations très robotiques, le tout a un aspect déshumanisé qui nuit particulièrement à ce type de jeux, qui misent normalement tout sur la narration et les personnages. On aurait pu lui pardonner ces quelques errances si seulement il était irréprochable sur d’autres points majeurs. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Techniquement, le titre est un enfer de tous les instants. Le château familial est découpé en plein de petites pièces, entrecoupées elles-mêmes de temps de chargement effroyablement longs. Le jeu impliquant des allers-retours parfois nombreux, nous passons finalement plus de temps à attendre devant des écrans noirs qu’à nous déplacer dans les décors. Les phases d’exploration constituent d’ailleurs un combat épuisant contre la caméra. En plus de ça s’ajoute l’idée fantastique, dans les phases sombres, de donner la lampe… à un PNJ qui nous suit plutôt qu’à nous.
Pour finir sur le dernier gros problème du jeu, et peut-être le plus handicapant pour des éventuels intéressés qui seraient non-anglophones, la localisation est atroce. Il est récurrent de voir notre personnage partir dans un long discours dont seulement quelques bribes sont traduites en français, le reste étant écrit en anglais ou n’étant pas traduit tout court. La perle de la localisation revient tout de même à ces passages dans la bibliothèque, où notre personnage récite à haute voix le passage d’un livre, et où la traduction en sous-titres s’arrête dès la première ligne. Il est donc impératif d’être un minimum anglophone pour jouer à Black Mirror, surtout qu’il y a énormément de parlotte.
Verdict : 4/10
Black Mirror aurait pu être une aventure classique mais réussie, dans un genre qui fait toujours plaisir à voir. Malheureusement, le jeu est sans cesse entaché par des problèmes techniques en tout genre qui, mis bout à bout, enlèvent toute motivation au joueur. Les temps de chargements sont légion, la difficulté mal dosée, la caméra est un enfer, la localisation catastrophique. Non, vraiment, nous ne vous conseillons pas ce Black Mirror, et ce, malgré son ambiance agréable et prometteuse sur le papier. En revanche, et même si ça n’a rien à voir, foncez tout de même voir la série !
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