Berserk fait vibrer le cœur de beaucoup d’amateurs de manga. L’œuvre de Kentaro Miura naquit il y a maintenant presque trente ans et a rapidement trouvé son public, qui au fil des années n’a cessé de croître. Malheureusement, d’un point de vue vidéoludique, Berserk n’a pas vraiment eu l’opportunité de devenir une licence emblématique, avec pour seuls jeux-vidéo un épisode sur Dreamcast sorti en 1999 et un autre sur PS2 en 2004. Mais après le succès des OAV reprenant l’arc du « Golden Age » et celui de l’anime diffusé en 2016 qui y fait suite, Koei Tecmo a très certainement vu la petite larme à l’œil des gamers et s’est senti habité par une mission, celle de réaliser un Musou reprenant les codes de la licence. C’est ainsi que Berserk and the Band of the Hawk débarque chez nous sur PS4, PS Vita et PC, et il est temps de voir si notre chevalier noir rend aussi bien en jeu vidéo.
Le test a été réalisé sur PS4 Pro avec une version éditeur
La troupe du faucon fait merveille
Berserk and the Band of the Hawk suit fidèlement la trame du chef d’œuvre de Kentaro Miura et vous narre donc l’histoire de Guts, qui aurait dû mourir quelques temps après avoir vu le jour puisqu’il fut retrouvé aux portes de la mort par Gambino, chef d’une troupe de mercenaire qui le prendra alors sous son aile et lui fera vivre la vie de mercenaire. Les fans de l’œuvre connaissent bien le scénario et pour savoir où commence l’histoire de Berserk and The Band Of The Hank, il suffit de vous rappeler la trahison de Gambino, le meurtre de celui-ci par Guts et le départ sur les routes de ce dernier à la recherche de contrats de mercenaire à remplir. C’est ainsi qu’après avoir brillamment remporté un combat lors d’une bataille, il se fera remarqué par la troupe du Faucon avec à sa tête le charismatique Griffith. La suite, vous la connaissez.
Le jeu utilise différents moyens narratifs pour faire avancer son scénario. On retrouve ainsi certaines séquences animées plutôt bien réalisées tandis que le jeu opte parfois par des simples lignes de dialogues beaucoup moins originales et des scènes cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. Bien que le titre respecte fidèlement le déroulement du manga, il faut tout de même noter qu’il passe très rapidement sur le développement des personnages. Sans doute que les développeurs ont estimé que le titre s’adressait à un public de connaisseurs. Toujours concernant la narration, le jeu semble constamment tiraillé entre fournir un minimum de repères aux fans de la première heure tout en donnant assez d’informations aux néophytes. Et cela n’est pas une très grande réussite. Afin de permettre aux joueurs de s’attacher aux protagonistes, en plus des cinématiques, le jeu propose des events, que l’on pourrait aisément comparer aux saynètes de la saga des Tales of, mais moins animés, moins détaillés et surtout très très courts. Ces events sont inutiles pour quiconque connait la saga, et sont clairement trop peu approfondis pour un néophyte qui finalement ne verra que la surface des personnages du manga.
On n’en voudra pas forcément à Omega Force d’avoir voulu scénariser et rendre hommage à Berserk en voulant narrer de la meilleure manière possible son jeu. Néanmoins, les fans risquent fort d’être déçus par un point en particulier, à savoir la censure, les équipes en charge du jeu n’ayant même pas fait l’effort de rendre cette dernière discrète. Frilosité des développeurs et des investisseurs très certainement, la censure qui devait avoir disparu dans les versions occidentales est toujours belle et bien présente. Et que c’est mal fait ! On passera outre l’impossibilité de démembrer ses adversaires, qui aurait certes nécessité un effort technique supplémentaire, mais nous sommes obligés de revenir sur les cinématiques du jeu censurées à la truelle. Ainsi, au beau milieu d’une scène impliquant une violence extrême ou de la nudité, un brouillard noir viendra faire son apparition pour cacher ce sein que nous ne saurions voir. Cela ne serait pas gênant s’il ne s’agissait pas de Berserk. Mais le manga de Kentaro Miura est une œuvre totale où violence, pluie de sang et sexe sont monnaie courante. Cet aspect de la saga n’est pas uniquement là pour flatter l’œil de jeunes adolescents en manque de repères, mais pour appuyer un univers sans foi ni loi où le désespoir remplit le cœur des gens qui trouvent du réconfort dans des cultes de magie noir ou dans des orgies qui prennent la forme de sabbat. Dommage. D’autant que le public visé n’est autre que celui du manga… Aucun intérêt donc de censurer ce qu’ils ont déjà vu.
Un bain de sang jouissif
Omega Force, après avoir connu le succès sur l’adaptation d’Attack on Titan, s’est lancé le défi de s’attaquer à Berserk en faisant une adaptation fidèle, le tout à la sauce Musou. Et manette en mains, cela fonctionne vraiment bien. Le gameplay est assez simple, deux touches pour les attaques, faibles ou fortes, une autre pour la garde et encore une pour le dash. Viendront ensuite s’ajouter, au fur et à mesure de la progression, la possibilité d’utiliser des armes secondaires comme le lancer de couteau ou l’utilisation d’une arbalète à tir répété. Plutôt bien vu pour casser la répétitivité du gameplay et apporter un petit vent de fraicheur.
Comme dans tout bon Musou, notre objectif sera de limiter l’impact démographique des ennemis sur la planète et d’en limiter sa prolifération. Le compteur de kills montera à une vitesse assez folle lors de certaines missions et la dragon slayer de Guts sera d’une redoutable et effroyable efficacité pour venir à bout de la plupart des adversaires. Le scénario est composé de plusieurs missions qui reviennent sur chaque combat du manga. Plutôt varié en termes d’objectifs à réaliser, on pourra néanmoins lui reprocher un manque flagrant de mise en scène…
Si tout ce qui a été dit jusqu’à maintenant pourra vous apparaître comme une lettre à charge contre le jeu, sachez que ce n’est pas du tout le cas. Car si Berserk and the Band of the Hawk réussit quelque chose, c’est bien à offrir ce sentiment de puissance qui se dégage tout au long des affrontements. Rien n’est plus gratifiant que de voir virevolter une troupe entière d’ennemis suite à l’impulsion donnée par notre épée. On sent vraiment l’impact des armes de nos protagonistes sur la masse des ennemis, le tout appuyé par des bruitages de qualité et les vibrations de la manette qui viennent renforcer cette impression de puissance. Ajouté à cela un système d’hyper mode qui, une fois la jauge correspondante remplie, permet de décupler la force et la portée de nos attaques, pour ensuite se terminer sur une attaque surpuissante qui vient à bout des ennemis les plus résistants. Bref, tout est mis en place pour que Berserk and the Band of the Hawk soit un véritable défouloir. Le titre emprunte également quelques éléments de RPG, puisque la progression des personnages se fait par le biais de niveaux, qui en plus de permettre aux stats d’évoluer, viendront également étoffer les combos des protagonistes. Vous allez également pouvoir obtenir des équipements pour améliorer les caractéristiques de vos personnages. Ces accessoires sont en premier lieu améliorables grâce à des objets de craft que vous allez obtenir lors des missions, puis seront par la suite fusionnables entre eux pour un meilleur effet. Ces éléments, bien que peu original, viennent néanmoins diversifier le gameplay et lui ajouter une certaine profondeur plutôt bienvenue.
Une campagne épique mais datée
Sur le plan technique, le jeu tutoie le très bon quand il s’agit de rendre hommage aux traits de Kentaro Miura pour le design de ses personnages. S’il y a bien un effort visuel qui a été réalisé, c’est ici que l’on va le trouver. Les personnages ont bénéficié d’un soin tout particulier, qui se ressent d’autant plus que cela détone avec l’environnement et les animations. En effet, certaines concessions ont dû être faites pour maintenir un rafraichissement de l’image stable tout en affichant un nombre extrêmement important d’unités adverses à l’écran. Et malheureusement, ces concessions se ressentent un peu trop. On pourra aisément citer l’impossibilité de détruire le décor ou encore les textures qui bavent, mais ce qui marque le plus est sans aucun doute le manque d’animations de certains personnages et la mise en scène tout droit sortie d’une époque révolue. Dommage, car une mise en scène un peu plus épique aurait sans doute permis d’oublier la censure du titre.
Compilant en une vingtaine d’heure de jeu les 30 premiers tomes de la saga, Berserk and the Band of the Hawk jouit d’une durée de vie plutôt conséquente, puisqu’en plus du Story Mode, un « Free mode » sera également de la partie, vous permettant de faire combattre les autres personnages jouables, qui sont au nombre de 8. Le Story Mode, quant à lui, compte de nombreuses missions vous faisant revivre le périple de Guts. Chaque mission comporte différents objectifs qu’il faudra réaliser pour débloquer des galleries d’images. Les collectionneurs apprécieront. L’habillage sonore du titre est de bonne facture et appuie de manière pertinente l’aspect épique des batailles.
Verdict
Difficile de réussir à restituer fidèlement l’œuvre de Kentaro Miura tout en s’accommodant d’une telle censure. Malheureusement, la qualité de Berserk and the Band of the Hawk s’en retrouve donc affectée, ne permettant pas aux fans d’apprécier pleinement l’adaptation de leur saga fétiche mais aussi aux néophytes de bien appréhender l’univers de Berserk. Néanmoins, le jeu, malgré la simplicité apparente de son gameplay, est extrêmement efficace dans son approche et arrive à rendre épique le moindre affrontement. Le titre s’avère être un défouloir absolument JUBILATOIRE et, malgré l’inévitable redondance, on en redemande tant l’action est frénétique et ne s’arrête jamais.
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