La conclusion de la licence Batman Arkham lancée par Rocksteady en 2009 aura su se faire désirer, et non sans heurts. Après 2 reports en toute transparence, l’annulation de l’édition Batmobile, le retard de livraison des éditions limitées et les déboires de la version PC, l’image du jeu a malheureusement pris un sacré coup sur le plan marketing mais également dans le cœur des joueurs. Peu évident donc, de profiter d’une sortie réussie dans de telles conditions, surtout quand on doit succéder à un Arkham Origins n’ayant pas été des plus convaincants. Néanmoins, le talent de l’équipe travaillant sur le jeu ayant déjà été démontré à 2 reprises ne laissait pas vraiment le doute planer sur la qualité de cet ultime épisode. Alors, Batman Arkham Knight est-il a la hauteur des attentes qu’il a créé ?
(Attention, des éléments tirés des précédents jeux Batman Arkham seront évoqués tout au long de ce test afin de pouvoir traiter le sujet comme il se doit.)
Be the Batman
Dans le sombre milieu des adaptations vidéoludiques de comics, Batman est probablement l’un des héros les plus représentés. Et si la qualité des différents titres sortis sur consoles 16-bit était plutôt correcte sans pour autant offrir de réelle originalité, puisque l’on se trouvait face à de simples beat’em all maquillés sous l’univers du Chevalier Noir, on ne peut pas vraiment dire que les amateurs furent gâtés par la suite. Difficile de parler de mauvais jeux, mais il faut reconnaître que c’est véritablement l’implication de Rocksteady qui aura permis au Chevalier Noir de briller sur consoles, et ce, sur tous les aspects. Tout au long des deux premières parties du triptyque mis en place par l’équipe de développement du jeu (Evidemment Batman Arkham Origins n’est pas pris en compte, puisque développé en interne par Warner), nous avons pu incarner Batman de la façon la plus immersive qui soit et dans des scénarios complètement travaillés pour l’occasion. Pas d’adaptations des plus grands arcs du comics, ni des films (animés ou non), ce sont des scénarios créés de toutes pièces, notamment par Paul Dini qui avait déjà scénarisé plusieurs jeux Batman, ainsi que la série culte Batman: the animated series.
Et si ce grand nom de chez DC ne figure pas au casting de Batman Arkham Knight, c’est Sefton Hill (fondateur du studio Rocksteady) qui s’est chargé du scénario à l’aide de Geoff Johns qui n’est autre que le créateur du personnage du Chevalier d’Arkham (Ou Arkham Knight pour les anglophones). Tout ceci ne pouvait que laisser présager une histoire à la hauteur de celles que nous avons connues jusque là, notamment son dénouement qui devrait surprendre les joueurs comme cela fut annoncé à maintes reprises durant le développement du jeu. Sans aller aussi loin et pour ne pas vous gâcher la surprise, on peut vous assurer que ce dernier opus possède une toile de fond passionnante et terriblement bien ficelée qui saura tenir les joueurs en haleine. Evidemment, les fans du Batverse seront plus à même de rentrer dedans et de se faire happer par ce maelstrom d’événements. Car il va s’en passer des choses à Gotham City durant cette nuit du 31 Octobre. Encore une fois, le Dark Knight aura fort à faire, puisqu’il aura une nuit pour se défaire de menaces multiples le visant lui, mais aussi la ville qu’il défend corps et âme depuis la mort de ses parents.
Nous voici donc un an après les événements narrés dans Batman Arkham City. Le corps du Joker a été incinéré, et les choses semblent s’être apaisées à Gotham. Enfin, en apparence seulement, puisque dans l’ombre de la nuit, un ennemi qui avait déjà annoncé son retour à travers un bref cameo dans le jeu cité précédemment prépare sa vengeance. L’alter-ego du psychologue Jonathan Crane, plus connu sous le nom de l’Epouvantail, a mis au point une nouvelle toxine, continuant de jouer avec les phobies les plus profondes de ses victimes. Son premier essai fort concluant, dont le joueur en fera les frais dès les premiers instants du jeu, poussera les autorités à faire évacuer la ville. Un seul homme semble capable d’arrêter le danger qui rode une fois de plus dans les rues de Gotham City.
No Man’s Land
C’est donc une ville dépourvue de ses citoyens que l’on découvre là, un peu à l’instar des précédents jeux, et donc forcément un peu vide au premier abord. C’est là l’un des premiers défauts que certains pointeront du doigt, ne voyant dans ce scénario – ou du moins, son introduction – qu’un prétexte pour ne pas avoir à afficher tout un tas de personnages à l’écran. Mais lorsqu’on découvre qu’elle devient un véritable champ de bataille opposant Batman aux milices du Chevalier d’Arkham, un mystérieux personnage épaulant l’Épouvantail dans son sombre projet en mettant à sa disposition des forces armées impressionnantes, on comprend tout de suite mieux que l’inverse aurait été inimaginable. En effet, cela donne au jeu une dimension beaucoup plus sérieuse et pousse notre héros dans ses derniers retranchements, notamment en faisant appel à la célèbre Batmobile, qui, pour l’occasion, a subit un lifting spécial, malheureusement pas au gout de tout le monde. Moins fantaisiste que sa précédente version aperçue dans Batman Arkham Asylum, elle est avant tout présente parce que les joueurs l’ont réclamé, mais aussi pour permettre au gameplay de se renouveler. Il fallait au Chevalier Noir un véhicule puissant, capable de mener des assauts et de s’imposer comme une véritable arme de destruction. Ainsi, elle se dote d’une allure proche de la vision de la Batmobile de Nolan, en s’offrant un mode combat qui rappellera à certains le véritable char d’assaut conduit par le Batman vieillissant de The Dark Knight Returns.
De ce fait, le fidèle destrier du Caped Crusader possède sa place à part entière dans le jeu et ne sera pas uniquement sollicité pour laisser parler les canons ou vous conduire d’un point A à un point B. En effet, l’obsession de l’Homme Mystère pour les énigmes ne s’est pas calmée durant tout ce temps, puisque certaines d’entre elles nécessiteront l’usage de la Batmobile, que ce soit lors de parcours dans lesquels il faudra tester vos réflexes ou encore afin de traverser certains passages. On pourra déplorer la maniabilité du véhicule, un peu approximative certes, mais qui colle malgré tout au calibre de l’engin que l’on pilote, nous donnant alors un véritable sentiment de puissance.
Sentiment que l’on retrouve également lors des combats, toujours aussi dynamiques, grâce à l’impressionnant système Freeflow. Peu d’évolutions ont été apportées au gameplay très spécifique des combats, et hormis quelques nouveautés (comme l’apparition de combos en mode élimination qui permet de venir à bout de plusieurs ennemis en quelques coups, le tout dans un ralenti du plus bel effet) on retrouve très vite ses marques. S’ajoutent à cela plus de fluidité dans les affrontements et, bien évidemment, une plus grande palette de coups, enrichie par l’utilisation d’objets environnants. Quant aux combats en duo, on en regretterait presque qu’ils soient aussi rares tant leur mise en scène est soignée. D’une simple pression sur L1 en plein combo, on passe d’un personnage à l’autre le temps d’une courte scène durant laquelle Batman et son allié(e) effectueront un coup dévastateur pour le malfrat qui aura la malchance de se trouver sur leur chemin. Plus bruts que jamais, mais également plus jouissifs, les combats nous amènent à réaliser des enchaînements tous plus spectaculaires les uns que les autres. Si la diversité des adversaires (armés, protégés par un bouclier, soigneurs) pousse le joueur à appréhender chaque situation comme il le convient et à adapter son style de jeu, ce dernier reste globalement libre de choisir quelle méthode privilégier, à savoir utiliser la force ou rester silencieux.
Contrairement aux précédents volets qui nous faisaient affronter des florilèges de boss représentés par les figures les plus importantes du crime de Gotham City, Batman Arkham Knight a totalement délaissé ces confrontations au profit d’un rythme de jeu plus soutenu. Avec une meilleure intégration des quêtes secondaires au scénario, on prend beaucoup plus le temps de résoudre les affaires qui se déroulent en parallèle. Si elles prennent plus de sens que ce fut le cas dans Arkham City, elles sont également plus nombreuses mais ne viennent jamais submerger le joueur comme ce pourrait être le cas dans un Assassin’s Creed. Evidemment, on peut parfaitement se focaliser sur l’histoire principale mais ce serait passer à côté de l’une des grandes forces du jeu, car certaines d’entre elles seront l’occasion de rencontres surprenantes avec des personnages que l’on n’aurait jamais pensé rencontrer dans un jeu Batman. Elles seront également récompensées par des points Waynetech, qui servent à l’amélioration de notre arsenal général. Du Batsuit à la Batmobile, en passant par les gadgets, on améliore les capacités de notre héros au fur et à mesure en fonction de nos envies, et ce ne sera pas de trop pour survivre tout au long des péripéties qui nous attendent.
Pensé par des fans, pour les fans
Depuis le début, Rocksteady est parvenu à convaincre les fans. La raison la plus évidente reste le respect de l’univers et une grande fidélité quant aux bases ancrées dans le batverse, notamment la relation qui lie Batman au Joker. Ainsi, lorsque ce dernier poussait son dernier soupir à la fin de Batman Arkham City, beaucoup furent déçus de voir disparaître le nemesis du Dark Knight. Néanmoins, et grâce aux ficelles du scénario, le jeu va creuser l’étrange relation qu’entretiennent les deux antagonistes. Un procédé intéressant, qui donnera lieu à des scènes perturbantes dont une tirée d’un des récits cultes qui ne devrait laisser personne de marbre. Par le biais de clins d’oeil et autres références, les développeurs s’amusent à jouer avec le coeur des fans et font étalage de toute leur passion pour l’univers de Batman. Entre des affiches représentant The Gray Ghost (personnage aperçu le temps d’un épisode de la série animée et doublé par Adam West), ou des néons évoquant le gang du Flush Royal, il est clairement impossible de citer ne serait-ce qu’un dixième de tout ce qui a interpellé nos yeux aguerris durant nos sessions de jeu. Au final, ce ne sont que de petits détails certes, mais qui, mis bout à bout, donnent au jeu une saveur inoubliable.
Soucieux d’offrir aux fans l’épilogue qu’ils méritent, Rocksteady y a mis tout son savoir faire afin de faire de ce Batman Arkham Knight une véritable réussite technique. Sa réalisation de haute volée va donc de pair avec son gameplay tout en profondeur et son scénario haletant. Arkham City offrait, en son temps, la possibilité d’explorer une petite partie de Gotham dans un environnement assez restreint. De ce fait, on est immédiatement surpris pas la grande liberté de mouvement qui nous est ici accordée, puisque l’on est clairement face à un jeu de type Open-world, dans des proportions nettement moins impressionnantes que dans un GTA V certes. Mais c’est un joli tour de force réalisé par le studio puisqu’il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir créer un tel monde ouvert dans lequel aucun temps de chargement ne vient interrompre le joueur. À cela s’ajoute une direction artistique menée d’une main de maître et offrant un résultat somptueux à l’écran. Techniquement c’est presque irréprochable. Hormis quelques légers ralentissements lors de l’utilisation de la Batmobile qui n’impactent en rien la qualité du jeu ainsi qu’un léger clipping, le jeu s’en sort avec les honneurs. Les graphismes s’affichent à perte de vue, certains détails crèvent l’écran (On pense surtout à l’effet de la pluie sur la cape de Batman), bref la claque visuelle est totale.
Cela tombe plutôt bien car il fallait au moins cela pour accompagner les superbes compositions qui ornent le jeu. Dans la lignée de ce que l’on a pu entendre dans les précédents opus, elles sont en parfaite adéquation avec le côté épique de cette conclusion et viennent ponctuer les moments forts de l’histoire. Avec au total pas moins de 30 heures de jeu si vous souhaitez boucler le jeu dans son intégralité, il y aura largement de quoi faire pour les amateurs, d’autant qu’une fois de plus, récolter tous les trophées de l’Homme-mystère ne sera pas chose aisée. Il y en a un peu plus de 240 éparpillés à travers tout Gotham et feront appel à la Batmobile, aux gadgets mais aussi aux meilleurs sens de détective de Batman. De quoi profiter au maximum de cette ultime aventure dont on se délecte avec passion tant le tout est orchestré avec talent.
Verdict : 9/10
Batman Arkham Knight est définitivement le meilleur opus de la saga, tirant parti des meilleurs aspects des deux opus précédents afin de synthétiser un épilogue épique, qui marquera à jamais les esprits des fans. Nous sommes face à un excellent jeu mêlant un gameplay habile, de superbes graphismes digne d’une PS4 au meilleur de sa forme actuelle et un scénario efficace. Evidemment, ce dernier aura forcément plus d’impact sur les connaisseurs, mais Rocksteady a su habilement tourner la chose afin de parvenir à captiver les joueurs simplement curieux d’assister à la fin de cette trilogie. Peu de défauts sont finalement notables, car ils restent inhérents aux attentes de chacun, mais il est vrai que la Batmobile occupe peut-être une place un peu trop importante en dépit de sa maniabilité pas tout à fait convaincante et de l’utilisation nécessaire de son mode combat, pour peu que l’on ne souhaite pas passer son temps à se balader en survolant la ville.
Crick
2 juillet 2015 at 10 h 36 minAu début j’ai été un peu méfiant sur ton avis, car te sachant fan de batman, je me suis dis que tu serais trop gentil, mais aprés réflexions, je suis convaincu, au contraire, qu’etant fan, tu ne pardonnerais pas aussi facilement que le joueur lambda sur des points précis.
Comme d’habitude, test complet et franc, qui donne terriblement envie de ré enfiler la cape et les oreilles pointues et castagner du méchant. Le jeu semble trés complet et jouissif. Cloture d’une licence de la plus belle maniere, ma batgalette attend dans son boitier de me faire rejoindre cet univers superbement rendu. Merci Ju 😉
Flostyle
2 juillet 2015 at 13 h 57 minTrès bel article bravo à toi il est captivant et réalisé dans les moindres détails 😉
Mathyzz
3 juillet 2015 at 8 h 14 minJunan je tenais à te dire que tes test sont toujours merveilleusement bien écrits, tu fais de l’excellent travail.
Je l’approuve totalement, ayant fait les deux précédents, cet opus m’en a mit plein les yeux, seul point noir forcément : Batmobile beaucoup trop présente malgré sa maniabilité pas si mauvaise que ça à mon goût, Batman est de loin le super héros le plus classe au monde (attention avis pas du tout objectif ;))
YellowBloom
3 juillet 2015 at 11 h 23 minJoli3 Test.. belle Écriture et je Trouve que L’on ressent Très Bien le Sentiment Final à travers la Lecture..
Je n’aime pas Ce Genre (de Jeu), mais Cela me fait Plaisir qu’il y ait Une nouvelle Perle pour les Autres Types / Genres de Joueurs..!
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