Développé par Don’t Nod et édité par Focus Entertainement, Banishers: Ghosts of New Eden est un jeu d’action et d’aventure avec une forte dimension RPG. L’histoire narre les aventures d’Antea et de Red, un maître chasseur de fantômes et son élève, mais aussi et surtout, un couple pour le moins atypique et énigmatique. Programmé pour le 13 février prochain, nous avions déjà eu la chance de pouvoir poser les mains sur le titre lors de la Paris Games Week 2023. Aujourd’hui, nous vous révélons nos impressions sur la version complète, qui s’est avérée être une belle surprise en ce début d’année 2024.
Test réalisé sur Xbox Series X à l’aide d’une copie numérique fournie par l’éditeur
Quand l’élève dépassa le maître
Antea et Red sont des bannisseurs, alias, des chasseurs de fantômes dont l’adage est “Les vivants avec les vivants. Les morts, avec les morts”. Concis, mais évocateur, leur but est clair : renvoyer les morts d’où ils viennent. L’épopée de nos deux tourtereaux débute en 1695, sur un bateau en provenance d’Europe. Antea et Red voguent en direction de New Eden, une ville côtière de l’État de Nouvelle Angleterre, au nord des États-Unis d’Amérique. Sur le bateau, nous apprenons qu’un révérend doublé d’un bannisseur a adressé une missive implorant l’aide de ses pairs. En effet, une malédiction sans pareil s’abat sur les terres de New Eden et sa population. Il y fait nuit en permanence, tout est gelé en plein été et les colons sombrent un à un dans la folie lorsqu’ils ne meurent pas de maladie. Bref, une véritable calamité et une entité maléfique en serait peut-être à l’origine.
À cause d’une mer gelée, nos bannisseurs accostent non loin de la ville et commencent à s’apercevoir qu’il se passe des choses anormales dans les environs. Sur le chemin menant à la ville, Antea et Red feront face à quelques spectres et quelques casse-têtes pour se frayer un chemin. Simple formalité faisant office de didacticiel, tous deux arrivent très rapidement à New Eden et commencent alors à mener l’enquête. Car oui, pour pouvoir conjurer un maléfice, il faut d’abord comprendre ce qui l’a provoqué.
Dans Banishers: Ghosts of New Eden, il existe principalement deux types d’entités fantomatiques. Les premières et les plus communes sont les apparitions spectrales. Il en existe de toutes les tailles et de toutes les formes et sont les ennemis dits basiques. Dépourvus de conscience et de mémoire, ils sont liés au monde des vivants par des affaires non réglées, des restes d’émotions fortes ou encore des torts non redressés. Ce sont des esprits qui ont oublié leur raison d’être et qui errent désormais sans but. L’autre type d’entité sont les fantômes. Ils sont doués de parole et d’intellect, ils ont conservé les souvenirs de leur ancienne vie et ne sont pas nécessairement malintentionnés. Ils savent qui ils sont, car ils savent qui ils étaient. Un lien fort empêche ces apparitions de partir vers l’au-delà ou vers les enfers. Or, c’est au rôle des bannisseurs de les libérer de cette emprise, principalement en menant l’enquête. C’est sur cette mécanique que repose l’intégralité de l’aventure.
Rapidement, Antea et Red comprennent l’origine du mal touchant New Eden et se décident à le confronter. Cependant, celui-ci est bien trop fort et Antea décède lors du combat. Elle revient alors sous la forme d’un fantôme. Entité qu’elle s’est toujours jurée d’exterminer.
Fantôme malgré elle
Dorénavant morte, mais pas enterrée, Antea est devenue un fantôme et erre aux côtés de Red. Déboussolés, mais toujours debout, les deux bannisseurs ont un seul but : vaincre l’entité jugulant New Eden. Toutefois, avant d’y parvenir, ils doivent se renforcer mutuellement ainsi que de décider du sort d’Antea. En effet, bien qu’elle soit morte, son sort n’est pas encore scellé et c’est à vous d’en décider. Vous vous en doutez, cette décision n’est pas sans conséquences puisqu’elle va dicter votre crédo pour le restant de l’aventure. Dès la première heure de jeu, il vous faut choisir ce que vous ferez à la toute fin de l’aventure. Et ce, alors que vous venez à peine de commencer cette dernière. Le ton est donné.
Véritablement perturbant, mais aussi profondément immersif, vous avez le pouvoir de sceller vos deux destins en prêtant serment de respecter votre décision. Bien sûr, l’aventure ne sera pas un long fleuve tranquille et il vous sera permis d’avoir quelques moments de doute, ou bien alors, de déroger à votre serment et de ne pas le respecter. Cela influencera notamment votre relation avec Antea et le cours des évènements dans l’aventure. Dans tous les cas, quoi que vous fassiez, disiez ou décidiez dans Banishers: Ghosts of New Eden, cela aura une incidence plus ou moins forte. Et, c’est particulièrement bluffant.
Un voyage initiatique
Comme évoqué plus haut, un bannisseur doit comprendre les origines d’un mal pour le conjurer. Ainsi, nos deux bannisseurs repartent en direction de New Eden en quête de réponses. Mais, avant de parvenir jusqu’à New Eden, Red et Antea devront faire face à d’innombrables aléas. Certains optionnels, d’autres nécessaires à la trame principale.
Officiellement, il faut une trentaine d’heures pour parvenir à la fin de l’aventure. Mais si vous ajoutez à cela les nombreuses quêtes secondaires, les nombreux collectables et défis optionnels dans une carte semi-ouverte, cette durée de vie augmente considérablement. Sans compter le fait que certaines zones de la carte requièrent des pouvoirs encore non acquis et forcent à revenir sur ses pas pour obtenir du loot ou pour faire de nouvelles découvertes. De plus, les quêtes principales et la grande majorité des quêtes secondaires sont riches et bien fournies, un point qui mérite d’être souligné.
Après la défaite des deux bannisseurs face à l’entité de New Eden, sa population décida de fuir et celle-ci s’est morcelée et répartie dans plusieurs campements. Pour revenir au point de départ, vous devrez faire halte à chacun d’eux et traverserez ainsi de nombreux paysages divers et variés : marécages purulents, montagne enneigée, forêt dense et prairies luxuriantes. Une variété qui se laisse apprécier avec des jeux de lumière ô combien somptueux.
Puisqu’un malheur ne vient jamais seul, de nombreux cas de hantise se sont déclarés et il vous faudra les élucider pour gagner en niveau et en puissance. Les cas de hantise désignent tout simplement de potentielles affaires fantomatiques ou spectrales. Si l’histoire principale tourne autour de cette mécanique, c’est aussi le cas pour un bon nombre de quêtes secondaires. Dans celles-ci, ce sont parfois les colons qui vous demanderont de l’aide ou qui vous révéleront qu’il se passe des choses suspectes, ou bien encore, Anthea qui grâce à sa nouvelle condition, identifiera des activités anormales. Le schéma de ces affaires est toujours le même : identifier l’origine en accumulant des indices auprès des personnes concernées, confronter les fantômes puis juger les concernés ou les fantômes. Car oui, dans Banishers: Ghosts of New Eden, vous pouvez envoyer un fantôme au paradis, le bannir en enfer ou bien sacrifier les vivants étant à l’origine du fantôme. Ces décisions soulignent votre crédo et votre serment mutuel avec Antea, gare alors à bien peser vos décisions.
Comme dans les autres jeux du genre, les niveaux gagnés permettent de débloquer des points de compétence à répartir dans un arbre qui lui est dédié. Il est ainsi possible d’améliorer certaines capacités de Red ou d’Antea. Bien que cette dernière ne soit plus de ce monde, elle vous apporte tout de même son aide dans la résolution des enquêtes et lors des combats. Sous sa forme éthérée, elle peut voir ce qui se passe dans le royaume des morts et y trouver des indices ou des preuves d’activités paranormales, facilitant alors les enquêtes de Red. Aussi, celle-ci peut interagir dans le monde des vivants et peut donc aider Red lors des combats. On passe ainsi de l’un à l’autre pour réaliser des combos parfois dévastateurs, parfois agréables pour la rétine.
Grâce à ses pouvoirs spectraux, Antea est particulièrement efficace contre les corps possédés. À l’inverse, Red est quant à lui particulièrement mortel face aux formes spectrales. Il faut ainsi réfléchir aux combinaisons les plus efficaces pour défaire ces ennemis qui arrivent souvent par vagues. Attention toutefois à ne pas abuser des pouvoirs d’Antea – pouvoirs qui se débloquent au fil de l’aventure – car ils se rechargent avec le temps ou avec les coups d’épée de Red. Vous ferez ainsi face à tout un tas d’ennemis différents, certains qui font des dégâts à distance, d’autres qui explosent ou encore, certains agiles comme des félins. Bref, il ne faut pas foncer dans le tas si on veut faire des vieux os, mais plutôt bien réfléchir à qui l’on doit tuer en premier. Pour le bien du test, nous avons joué au jeu en difficulté normale. Celle-ci est bien dosée, le jeu n’est ni trop facile, ni trop difficile. Les quelques boss principaux ne sont pas du tout insurmontables, mais très impressionnants. Le jeu propose aussi quelques défis comme les élites, les infestations, les passages dans le vide ou encore, les fléaux infinis. Des zones optionnelles dans lesquelles il vous sera possible de combattre des ennemis redoutables pour obtenir des matériaux ou de l’équipement rare.
Comme tout RPG qui se respecte, il est bien évidemment possible d’améliorer son équipement dans Banishers: Ghosts of New Eden pour faciliter les affrontements. Ils peuvent être achetés auprès des marchands ou trouvés sur des ennemis et dans des coffres. Un équipement peut être amélioré jusqu’à un certain niveau. Tout y passe : des armes aux armures jusqu’à la flasque de soin. Par défaut, Red porte trois doses de soin qui se rechargent parfois après les combats ou en se reposant auprès d’un feu de camp. Dès lors qu’il se repose , le temps passe et les spectres reviennent d’entre les morts. Ainsi, en retournant sur vos pas, vous y retrouverez les ennemis précédemment vaincus. Les feux de camp permettent aussi de voyager rapidement d’un feu à un autre. Cela permet de gagner du temps, mais aussi d’éviter d’avoir à repasser sans arrêt aux mêmes endroits. Dans ses mécaniques de gestion d’inventaire et de combat, Banishers: Ghosts of New Eden n’est pas réellement novateur, mais offre tout de même une expérience riche et cohérente.
C’est avec les détails qu’on atteint la perfection
Lorsque l’on parle de détails, on parle souvent de graphisme. Le jeu se dote d’ailleurs d’un mode fluidité ou performance que l’on ne présente plus. Or, bien que le jeu soit tout bonnement magnifique sous un Unreal Engine 5, la richesse du jeu vient surtout du soin qu’ont porté les équipes de Don’t Nod à tout un tas de détails. On y ressent une véritable richesse de scénario, de narration et de construction des personnages. Cela permet notamment de renforcer l’immersion et donne davantage de cohérence aux propos et à l’aventure.
Lors des phases d’interrogatoire, le détail des émotions sur les visages est palpable tout comme la synchronisation labiale, les designs des personnages et leurs doublages. Tout cela est très cohérent. Les enquêtes nous mènent aux quatre coins de la carte et dès lors que l’on pense arriver au bout d’une énigme, une autre s’y ajoute. Comme si une pelote de laine se déroulait continuellement entre nos doigts, nous tenant en haleine pendant plusieurs heures avec de nombreux rebondissements. Bien que le système d’enquête manque de challenge et qu’elles s’enchaînent un peu à la va-vite, cela reste tout de même grisant de tirer les ficelles d’une affaire et de découvrir parfois, des vérités bien dissimulées ou des destins entremêlés. Une affaire ici en influence une autre là-bas et vice versa.
Également, une partie des interactions passées avec les colons influence l’aventure et l’image qu’ils ont de nous. Une bonne réputation permet, par exemple, d’avoir de meilleurs prix auprès des marchands. Par défaut, tous les villageois s’appellent Colon jusqu’à ce qu’on leur demande leur nom. Celui-ci remplace alors le titre du personnage. Une fois qu’une enquête est résolue dans un lieu, de nouveaux évènements s’y déroulent et les choses sur place changent suite à vos choix. Ce ne sont que des détails, certes, mais ils ont ici toute leur importance tant ils apportent une grande richesse au jeu. Sans oublier une bande originale souvent discrète, mais qui arrive, sans trop de difficultés, à renforcer cette cohérence d’ensemble déjà bien présente. Enfin et pour terminer, nous avons malheureusement rencontré quelques bugs et ralentissements. Notamment des dialogues mal sous-titrés et un mur invisible qui nous a bloqué un certain temps dans notre progression.
Verdict : 8/10
Tel un bon vin qui s’affine avec le temps, plus nous progressions dans l’aventure de Banishers: Ghosts of New Eden, plus nous l’apprécions. Bien qu’un peu rigide au début, avec le temps son gameplay s’est enrichi et son scénario s’est étoffé. De nouvelles mécaniques se sont dévoilées et dès que les premiers dominos sont tombés, nous n’avons plus lâché la manette. Si la force du jeu ne réside pas dans son gameplay de combat, qui est tout à fait respectable sans être véritablement novateur, celui-ci repose assurément dans sa dimension RPG et son très riche scénario qui se laisse dévorer avec appétit. Le tout, bien sûr, dans des environnements magnifiques avec des personnages attachants et des enquêtes tortueuses. Banishers: Ghosts of New Eden est assurément une belle surprise de ce début d’année 2024.
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