Parce que le J-RPG ne se compose pas uniquement des multiples épisodes de Final Fantasy ou Dragon Quest, la série Atelier existe depuis de nombreuses années au pays du soleil levant. Ce n’est que depuis peu que nous avons la possibilité de jouer à ces titres exotiques qui sont définitivement à part dans le vaste monde des jeux de rôle que nous connaissons. C’est donc avec plaisir que nous nous sommes plongés dans cette nouvelle version de Atelier Rorona.
On s’était dit rendez-vous dans 3 ans…
[dropcap]S[/dropcap]orti chez nous à la base en 2010 sur PlayStation 3, Atelier Rorona : The Alchemist of Arland était passé plutôt inaperçu lors de son arrivée dans les bacs. Et pour cause, les RPG de chez Gust n’ont jamais été fortement plébiscités en Europe si ce n’est par les amateurs de bizarreries japonaises. N’y voyez pas là une quelconque insulte aux fans de ce genre de jeux, mais difficile de nier le fait que nous sommes face à un pur jeu de niche. Néanmoins, il faut croire que cette itération de la série Atelier a trouvé assez d’acquéreurs puisque Tecmo-Koei a souhaité éditer cette nouvelle version sobrement renommée: Atelier Rorona Plus. Pour l’occasion, le jeu s’est payé un petit lifting et s’offre même une sortie en dématérialisé sur PSVITA. Une sortie qui arrive à point nommé car la portable de Sony est idéale pour jouer aux jeux du genre.
Notre immersion dans le monde fantastique de l’alchimie se fait aux côtés de la jeune Rorona, héroïne de cet opus qui gère l’Atelier de son village avec celle qui lui a tout appris sur l’Alchimie depuis qu’elle a sauvé les villageois grâce à ses miracles. On est vite propulsés au cœur de l’histoire avec de nombreux dialogues dès les premières secondes de jeu, élément récurrent dans le J-RPG ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on sait que les jeux de rôle japonais sont loin d’être avares en longues tirades. Cela nous permet de faire connaissance avec les premiers personnages que l’on croisera tout au long de notre aventure et de découvrir la lourde tâche qui pèse sur nos épaules. Et pour une fois, il ne s’agit pas de sauver une princesse ni même le monde. Non, là il vous faudra faire en sorte de pérenniser votre atelier d’alchimie.
En effet, cette chère Rorona travaille pour le compte d’Astrid dans le seul établissement spécialisé en alchimie de la région. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’un jour le château envoie Sterk pour vous annoncer que l’avenir de votre atelier sera mis à l’épreuve durant 3 ans. Il faut dire que les clients se font bien rares, peu connaissent les vrais pouvoirs de l’alchimie et le caractère désinvolte de votre maître n’aide pas vraiment à attirer du monde. Tout au long de ces trois années, vous devrez fournir les objets indiqués sur les listes que Sterk vous remettra. Elles sont au nombre de 4 par an, soit une tous les trois mois pour un total de 12 listes. Et comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, Astrid vous apprendra aussitôt qu’il vous appartient de mener à bien cet objectif puisqu’elle confiera à Rorona les rennes de l’établissement. Ainsi notre jeune héroïne aura 3 ans pour prouver l’intérêt économique de l’Atelier au sein du village.
FullCuteness Alchemist
[dropcap]V[/dropcap]ous vous doutez bien que Rorona n’est pas encore une alchimiste chevronnée et réaliser tous les objets se trouvant sur chacune des listes qui lui sera remise ne sera pas tâche aisée. Il va donc falloir partir à la cueillette afin de réunir tous les ingrédients nécessaire à la bonne préparation de vos objets. Mais s’aventurer hors du village signifie qu’il faudra parfois croiser le fer avec les monstres qui peuplent les alentours. Fort heureusement, vous pourrez compter sur de nombreux alliés pour vous venir en aide lors de vos escapades sauvages, moyennant une certaine somme. Et oui, dans Atelier Rorona Plus : The Alchemist of Arland rien n’est gratuit. Pas même les déplacements sur la map puisque chaque action dans le genre vous demandera au mieux une journée. Inutile de préciser qu’il faudra être parcimonieux sur la façon dont vous procéderez pour vous procurer ce qu’il vous faut. D’autant plus qu’une fois les ingrédients en votre possession, il faudra rentrer au village, et vous mettre aux fourneaux.
Et ce n’est pas encore fini. Le temps sera encore une fois votre ennemi car une fois rentré de votre balade, il faudra attaquer la création d’objets. Or cela vous demandera de dépenser des HP (Health points ou points de vie) qu’il faudra recouvrer contre un ou plusieurs jours de sommeil. Le temps est donc votre pire ennemi dans le jeu, car une mauvaise gestion de celui-ci pourra vous mettre en difficulté. Néanmoins en vous débrouillant relativement bien, vous aurez assez de marge pour profiter des quêtes annexes qui vous seront offertes tout au long du jeu et pour récolter des objets encore meilleurs qui amélioreront la qualité de vos transmutations. En remplissant des quêtes annexes, vous pourrez profiter de petits bonus sous formes de tampons qui seront appliqués sur une grile de 3 cases sur 3. Chaque fois que 3 symboles seront alignés, vous obtiendrez le bonus en question qui s’y rapporte.
Un concept rafraîchissant
[dropcap]A[/dropcap]telier Rorona Plus se démarque de tous les autres RPG que l’on trouve habituellement en grande partie grâce à son système de création d’objets et de cueillette. Tout est basé sur les recettes qu’il faudra réaliser dans les temps, et on aurait plus tendance à le considérer comme un jeu de gestion que comme un jeu de rôle à part entière puisque les affrontements n’ont vraiment qu’une place infime dans le soft. Il suffit de voir à quel point l’interface de combat est épurée pour s’en rendre compte : Vous aurez la possibilité d’attaquer, de parer, d’utiliser un objet ou bien de fuir et c’est à peu près tout ! S’ajoutent par la suite la possibilité d’effectuer des attaques spéciales et de protéger Rorona grâce à l’un de ses coéquipiers mais dans l’ensemble ce n’est pas le titre que l’on conseillera aux joueurs en mal de combats épiques.
Mais ce n’est pas pour ça que l’on joue à Atelier Rorona. Non, c’est avant tout car il propose une vision différente du jeu de rôle. Vous pourrez même fuir les affrontements si cette partie du jeu vous dérange et vous concentrer sur la trame principale. Gust nous offre là un jeu mignon, et frais comme on a peu l’habitude d’en voir. Cela nous change clairement des J-RPG dans lesquels des fillettes aux cheveux roses enchaînent les attaques qui font descendre les points de vie des ennemis par dizaines de milliers. Le soft a en effet gagné en maturité en proposant des personnages au design plus réaliste (tandis qu’auparavant ils arboraient un design proche du SD – Super deformed – ) et a même vu sa durée de vie augmentée de quelques heures afin de prolonger le plaisir. Plaisir qui pourra être gâché par une lassitude qui s’installe très vite si l’on accroche pas au principe du jeu. Il faut dire que l’essentiel de Atelier Rorona Plus tient dans les allers-retours entre les environs du village, votre atelier et le château dans lequel vous irez remettre à Sterk tous les objets confectionnés et autres quêtes annexes achevées.
De plus, malgré sa refonte graphique, le jeu ne parvient pas encore à convaincre. Ce n’est plus un secret, les productions japonaises dans le genre ont du retard sur ce qui se fait actuellement. Néanmoins on est en droit d’attendre des décors plus recherchés et surtout bien moins fades. Les nouveaux costumes n’apportent rien de concret au jeu, et on aurait largement préféré que les développeurs travaillent un peu plus l’esthétique générale plutôt que de s’attarder à créer des maillots de bain pour l’héroïne et autres robes au style gothic lolita. Mais ce qui nous chiffonne le plus dans ce remake, c’est l’absence de traduction française quand celle-ci était disponible sur la version sortie en 2010. Certes elle était largement perfectible mais cela ne fera que réduire le faible nombre de joueurs qui aurait pu s’intéresser à ce jeu. Il faudra alors faire avec des sous-titres dans la langue de Shakespeare, ce qui ne dérangera aucunement les initiés qui ont l’habitude de ce genre de sacrifice. En revanche, les voix japonaises sont toujours là, le doublage étant de qualité on ne peut donc qu’apprécier la démarque de Tecmo-Koei que de vouloir nous offrir le jeu tel que le peuple nippon peut le savourer. Et puis, rien ne vaut un doublage japonais pour un jeu aussi dépaysant !
Verdict:
[dropcap]A[/dropcap]telier Rorona Plus : The Alchemist of Arland est l’opposé parfait du J-RPG de base. Reposant sur des mécaniques de jeu simples et accessibles, le jeu nous offre une aventure franchement sympathique, rythmée par des dialogues et situations parfois cocasses qui vous arrachent un sourire sans prévenir. On est face au jeu décompléxé par excellence, et dans lequel il faudra juste savoir gérer les jours qui passent afin de rendre en temps et en heure toutes vos préparations. Ses défauts techniques sont rattrapés par quelques ajouts qui, si ils ne sont pas indispensables, rallongent la durée de vie du jeu déjà conséquente. Au final on le conseillera surtout aux possesseurs de PSVITA n’ayant pas pu s’essayer à la version originale, souhaitant souffler un peu et vivre une expérience de jeu assez unique mais qui pourra décevoir si l’on ne garde pas en tête que le jeu peut vite finir par lasser. Ou bien aux fans de la licence qui auraient envie de retrouver l’alchimiste la plus mignonne du jeu-vidéo
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