Pas d’épisode majeur en 2021, Ubisoft avait (logiquement) décidé de prolonger l’expérience sur Assassin’s Creed Valhalla, dernier opus original en date pour la série. Après avoir porté le mois dernier sur Nintendo Switch l’excellente compilation Assassin’s Creed The Ezio Collection, les fans de la saga attendaient impatiemment une aventure inédite et le choix s’est donc logiquement posé sur Eivor, protagoniste principal du dernier opus. Toutefois, on incarnera cette dernière (ou ce dernier, selon vos choix) avec parcimonie puisque réellement, nous prendrons le contrôle d’Odin (ou Havi dans le jeu), dieu de la guerre et de la sagesse parti à la recherche de son fils Baldr. Alors que nous avions pu profiter de la région de Jötunheim dans le jeu de base, c’est désormais un nouveau monde tiré de la mythologie nordique qui est mis en avant dans ce nouveau contenu additionnel : le Royaume du Svartalfheim. Une nouvelle aventure indispensable ou évitable ?
Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à un code envoyé par l’éditeur
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Le Royaume du Svartalfheim, territoire à (re)conquérir
Exit la Norvège, la Grande-Bretagne ou plus récemment la France et bienvenue au Royaume du Svartalfheim ! Territoire sorti tout droit de la mythologique nordique, ce dernier est pris d’assaut par Surtr, résident du Muspellheim. Attiré par le feu et la chaleur, votre quête principale sera principalement axée sur sa poursuite puisque ce dernier détient votre fils : Baldr. En parallèle, les nains vous demanderont de l’aide pour écarter cette menace de ce territoire qui n’est plus habitable comme auparavant. Vous êtes donc attendu comme le (Lionel) Messie et rencontrerez sur votre route de nombreux habitants qui auront besoin de votre aide à travers des quêtes annexes toujours très bien écrites. Si le scénario principal paraît simplet au premier abord, il faut tout de même mentionner la richesse de la mythologie nordique, la diversité des protagonistes principaux et la taille intelligente de son open-world. Parce que oui, Ubisoft a appris de ses erreurs et a décidé de restreindre considérablement le terrain de jeu de façon plus pertinente. On se retrouve donc avec de nombreux secrets, de nombreuses activités sur un territoire restreint, on a moins cette impression de « remplissage » que le jeu principal nous offrait avec tout de même de nombreux collectables à récupérer sur notre passage.
Avec son écriture de qualité, Assassin’s Creed Valhalla : L’Aube du Ragnarök reste dans la même lignée que la trame principale du jeu initial. On se retrouve avec des dialogues riches en anecdotes, de multiples possibilités de réponses (qui n’ont pas d’influence sur le déroulement du scénario) et un apport culturel conséquent pour tout amateur de mythologie nordique. Durant votre quête, vous serez amené à trouver divers refuges construits par les nains. Si les emplacements ne sont pas définis précisément sur la carte principale, il existe divers moyens de les trouver assez facilement : des panneaux sont présents à proximité avec un marquage précis et de nombreux corbeaux survolent les environs. Une idée appréciable de la part des développeurs qui donnent peut-être de futures idées pour le prochain opus majeur de la saga avec moins de marqueurs et un monde moins dirigiste. Toutefois, on retrouve toujours une carte bombardée par les quêtes annexes, les mystères ou encore les trésors : certains apprécieront, d’autres diront que l’intérêt de suivre un chemin bêtement et méchamment n’apporte pas grand-chose au joueur. Toujours dans les défauts notables, la version PS5 a droit à une flopée de bugs en toute genre : freezes, textures hideuses, popping/clipping (même si plus rare) voire même des problèmes de script qui nous ont contraint de recharger notre dernière sauvegarde ou de mourir volontairement. Toutefois, on tombe sous le charme des panoramas et de la direction artistique générale qui instaure une atmosphère assez unique.
Dans cette nouvelle extension, le joueur a la possibilité de profiter d’un nouveau lieu qui s’annonçait prometteur… sur le papier. En effet, au cours de votre quête, vous débloquez durant les cinq premières heures de jeu l’accès au Domaine de Kara et à l’arène des Valkyries. Lorsque l’on évoque ce terme couplé à la mythologie nordique, on pense directement à ces dernières dans l’excellentissime et maintenant culte God of War (2018). On s’attend donc à une difficulté rehaussée avec des combats épiques mais malheureusement, il n’en est rien. On se retrouve donc à raconter nos exploits passés à Kara à travers des combats revisitées contre les ennemis d’antan. Avec une quinzaine de récits disponibles, le joueur doit sélectionner une ou plusieurs prétentions avant de lancer le combat. Ces dernières handicapent Odin dans son combat (boost pour les attaques rapides des ennemis, Odin a une vision « alcoolisée » au début du combat) et le but est d’en sélectionner plusieurs pour augmenter la difficulté (tout est relatif). Ainsi, plus vous sélectionnerez de prétentions et plus vous remporterez de récompenses à la fin de votre combat (trois niveaux pour chaque récit). À son issue, vous remporterez de l’argent uniquement dépensable auprès de Kara pour débloquer du loot inédit, des runes ou des éléments cosmétiques. À l’instar d’un WWE, nous aurions apprécié un peu plus de « style » dans notre combat. En effet, si comme notre testeur vous avez un niveau important (environ 520), il suffira de matraquer les touches R1/R2 sans réflexion de votre part pour remporter facilement la joute. Nous aurions apprécié une note artistique qui prenne en compte la variété des coups, l’utilisation des différents combos, des différentes compétences ou aptitudes pour faire grimper la note.
Des nouveautés (presque) à la portée de tous
Ne passons pas par quatre chemins, Odin est strictement identique à Eivor en tous points en ce qui concerne sa maniabilité (idem dans le jeu de base et la région de Jotunheim). Même poids, même taille et mêmes animations en font un simple skin sur le papier, même si ce dernier possède désormais un outil que notre protagoniste nordique ne possède pas : l’arrache-hugr. Déblocable très rapidement dans cette extension, elle offre à Odin 5 nouvelles possibilités de gameplay : le camouflage en un ennemi avec une possibilité de marcher sur la lave, la transformation en corbeau afin de voler et de se déplacer librement, le pouvoir de la glace (très efficace face à des ennemis enflammés), la téléportation en utilisant l’arc et la possibilité de faire renaître les ennemis abattus afin qu’ils nous aident lors des combats. Bien entendu, ces capacités sont à utiliser avec parcimonie et réflexion puisque leur utilisation est limitée dans le temps. Le rechargement est simple : abattre des ennemis ou récupérer du hugr en obtenant l’énergie émise par les nombreuses fleurs qui culminent au Royaume du Svartalfheim.
En plus d’être utiles au combat, ces capacités vous serviront pour récupérer des collectables et résoudre quelques énigmes dont Ubisoft a le secret. En complément, on retrouve les énigmes basées sur les faisceaux (comme dans Assassin’s Creed Revelations lorsque l’on incarne Desmond dans l’Animus) avec des sons qui rappelleront des souvenirs aux nostalgiques. L’arrache-hugr est d’ailleurs un outil facilement upgradable. Vous et votre équipage serez chargés de piller les multiples sites de Mylna (même fonctionnement que les Monastères dans l’aventure originale) qui vous permettront au passage de récupérer de la Silice, un matériau rare et nécessaire à l’évolution de votre outil. Le passage chez un forgeron dans l’un des refuges sera ensuite nécessaire pour appliquer les modifications désirées. Comme pour le jeu de base et les précédentes extensions, la bande-son est toujours formidable avec des thèmes justes et parfaitement calibrés à l’action. Concernant la durée de vie du titre, comptez environ une vingtaine d’heures pour terminer le scénario principal et le double pour vider la carte de ses très nombreux trésors : honorable au vu du prix de lancement de l’extension (39€99).
Dernier point et non des moindres : l’accessibilité du contenu et plus particulièrement des diverses possibilités proposées par l’éditeur pour jouer à Assassin’s Creed Valhalla : L’Aube du Ragnarök. Si vous êtes un joueur émérite du jeu de base, vous reprendrez votre niveau initial et vous roulerez considérablement sur le jeu (le niveau conseillé est 340). Si vous n’avez pas atteint le niveau 340, il est tout de même possible d’accéder à ce contenu téléchargeable en parlant avec Valka à Ravensthorpe. Le jeu vous proposera de monter directement au niveau conseillé uniquement pour le contenu téléchargeable, signifiant qu’à votre réveil, vous reprendrez votre niveau d’avant. Enfin, si vous avez le jeu initial et que vous n’avez pas commencé l’aventure, Ubisoft propose de commencer directement au niveau conseillé et de profiter uniquement de cette extension. Une possibilité intelligente qui accentue notre frustration du fait que ce contenu téléchargeable ne soit pas un véritable standalone (contenu qui fonctionnerait sans avoir en sa possession le jeu initial Assassin’s Creed Valhalla).
Verdict : 7/10
Pertinent et bien scénarisé, Assassin’s Creed Valhalla : L’Aube du Ragnarök est une extension réussie mais qui possède les défauts des contenus précédents : une progression trop facile si vous avez complété le jeu principal et quelques problèmes techniques (textures hideuses, collisions, clipping, freezes…). Toutefois, l’idée d’incarner un dieu dans un univers crée de toute pièce aurait pu permettre à cette extension de se transformer en un véritable standalone, sachant que le joueur a la possibilité d’y jouer sans avoir fait la quête principale initiale. Avec une durée de vie très correcte, de nouvelles compétences et quelques nouveautés de gameplay au programme, ce contenu additionnel vaut largement le détour pour les admirateurs du jeu de base. Une belle façon de dire au revoir à Eivor et à son épopée nordique.
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