Après un Assassin’s Creed Syndicate très controversé, Ubisoft avait décidé d’offrir une année sabbatique à sa franchise fétiche, du moins en terme d’épisodes canoniques. Les mois se sont écoulés, l’espoir de jouer à une suite d’exception a grandi et nous voilà en octobre 2017 avec Assassin’s Creed Origins. Autant dire que l’équipe derrière Black Flag avait la pression puisqu’il fallait redorer le blason d’une saga qui commençait à stagner sur les deux derniers épisodes. Il faut l’annoncer d’entrée et sans détours, Ubisoft opère enfin le véritable tour de force que nous attendions !
Test réalisé sur PS4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Nous sommes en l’an -49 et l’Égypte ancienne nous sert de décor. Notre héros, nommé Bayek, est un Medjaÿ chargé de protéger la ville de Siwa dont il est originaire. Respecté de tous, son quotidien va hélas être bouleversé par un drame qui touche sa famille. C’est donc avec un besoin de vengeance intarissable que notre héros se lance dans une quête à travers tout le pays où il croisera des dirigeants influant comme Cléopâtre. Cette entrée en matière n’est qu’un sommaire des événements auxquels nous serons confrontés par la suite, mais nous avons fait le choix de ne pas entrer plus dans les détails afin de garder bien au chaud les quelques surprises qui viendront ponctuer votre aventure. Quoiqu’il en soit, le scénario est bien là et pas seulement en surface comme cela a pu être le cas dans d’autres opus de la franchise. Bayek est plutôt charismatique et dégage beaucoup de respect et de sagesse. Sa relation avec sa femme, Aya, est aussi au centre de l’intrigue. Ils forment ensemble un des couples les plus attachants qu’il nous a été donné de voir dans le monde du jeu vidéo. Ils se retrouvent unis dans un but commun et font tout pour parvenir à obtenir la rédemption qu’ils recherchent tant. Cependant, c’est bien Bayek le héros principal… il ne faut pas le perdre de vue.
L’Égypte ancienne dans toute sa splendeur
Dès les premières minutes, nous nous retrouvons happés par la beauté des environnements égyptiens. Si nos previews sur Xbox One X montraient bien que le jeu était magnifique, sachez que la version PS4 (standard) n’a absolument pas à rougir lorsque nous faisons une comparaison. Les décors variés régalent nos mirettes et les détails fourmillent un peu partout avec une mention spéciale pour les hiéroglyphes qui habillent avec une grande beauté les extérieurs comme les intérieurs des majestueux temples. L’échelle des édifices donne parfois le vertige et nous ne parlerons même pas des pyramides que nous pouvons escalader jusqu’au sommet avec une facilité déconcertante. Une fois en hauteur, le paysage s’étend à perte de vue et cette Égypte ancienne dépeinte par Ubisoft semble plus réaliste que jamais. Nous le savons, les équipes veulent recréer des lieux historiques à des époques cruciales de l’Histoire. Là encore, le pari est diablement réussi et l’immersion est totale. La mythologie égyptienne est bien évidemment omniprésente et cela se retrouve dans le scénario comme dans les décors. Le travail réalisé est époustouflant et même les intérieurs des tombeaux bien plus sombres parviennent à capter pleinement notre attention. Rien n’a été laissé au hasard et Assassin’s Creed Origins fait aussi office de guide historique dans cette époque lointaine. Comme quoi, il est possible de mêler fiction et reconstitution historique avec brio dans le jeu vidéo.
Bien évidemment, et c’est la tare de tous les titres en monde ouvert, la copie technique n’est pas parfaite. Un peu de clipping à droite à gauche, quelques bugs de collision et des baisses de framerate dans les zones peuplées (surtout durant les combats) sont à souligner. Cependant, cela entache rarement l’expérience, là où un Unity à son lancement pouvait nous faire vivre un véritable enfer à ce niveau. De plus, nous noterons une bande originale très discrète sans morceaux inoubliables, ce qui est un fait rare dans la franchise. Précisons que ce test a été réalisé avec le jeu en version 1.02, des patchs seront donc déjà appliqués à la sortie du jeu. Pour rester un peu dans l’aspect visuel, les futurs possesseurs de la Xbox One X profiteront bien évidemment d’un rendu en 4K des plus convainquants comme nous le soulignons dans nos précédents articles. Cependant, ne vous attendez pas non plus à un fossé énorme avec les consoles classiques. A l’heure actuelle, sachez que la fonction HDR n’est prise en charge sur aucune machine mais une mise à jour viendra corriger cela le 6 novembre. Bref, pour conclure avec l’aspect visuel, Assassin’s Creed Origins nous plonge dans un monde crédible et un terrain de jeu immense qui ne pourra être pleinement découvert qu’après plusieurs dizaines d’heures de jeu. Les décors se renouvellent sans cesse (malgré la présence abondante de sable bien entendu) et c’est toujours avec des étoiles dans les yeux que nous explorons de nouvelles zones.
Les changements qui font du bien
Renouveau ! C’est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsque nous pensons au gameplay de cet épisode. Les combats ont été totalement repensés et il était temps. Les contres qui avaient raison de la plupart des ennemis laissent place à des affrontements nerveux où les adversaires ne font plus la queue pour se faire embrocher les uns après les autres. Maintenant, avec une épée ou une lame lourde, il est possible de donner un coup rapide avec R1 et un coup lent mais plus dévastateur avec R2. Il faut aussi brandir son bouclier avec L1 ou esquiver avec carré, le tout en « lockant » un ennemi avec R3. Un jauge d’adrénaline nous permet aussi de déclencher un coup surpuissant après plusieurs secondes. Enfin, un système exigeant inspiré de Dark Souls, la difficulté « insurmontable » en moins. Même si, dès le début du jeu, Assassin’s Creed Origins nous propose trois modes de difficulté, ce qui est là aussi une nouveauté. L’arc tient également un rôle important puisqu’il est possible de le dégainer à tout moment pour abattre nos cibles avec discrétion ou bien « rafaler » sur tout ce qui bouge. Les affrontements sont donc passionnants, lisibles et surtout crédibles. Foncer dans le tas peut parfois s’avérer désastreux et la mort n’est jamais bien loin si nous n’étudions pas scrupuleusement l’environnement. C’est là que l’aigle Senu entre en jeu. Il est possible de le contrôler à n’importe quel moment afin de marquer des ennemi depuis le ciel, trouver un objectif précis durant les missions ou même détecter les trésors et autres objets à collecter. Un sidekick bien utile qui pourra même distraire les soldats ennemis pour nous faciliter la tache. Au cœur de l’action, cet épisode opère un changement brillant !
Bien sûr, qui dit Assassin’s Creed dit parkour. Vous serez ravis d’apprendre que toutes la parois peuvent être escaladées avec la simple pression d’un bouton. Il en est de même pour les descentes fluides qui ne nous obligent plus à nous fracasser sur le sol. L’exploration est le maître mot dans le jeu puisque notre progression est parsemée d’activités en tout genre. La quête principale répond bien évidemment à l’appel et un nombre imposant de missions secondaires viennent aussi nous occuper. Ces dernières sont plutôt bien écrites et sont parfois relativement longues avec quelques petits rebondissements à la clé. Des zones représentées par un « ? » sur la map peuvent être découvertes un peu partout. Elles renferment des trésors à collecter, des parchemins à retrouver ou des camps à libérer. Dans un campement rempli d’ennemis, il faut souvent réaliser des objectifs comme tuer des généraux et s’emparer du butin pour le « libérer ». Le joueur choisit alors s’il veut y aller à la bourrin ou bien en furtif. Pour synchroniser la carte, il faut se rendre en hauteur dans certains lieux bien précis comme cela a toujours été le cas avec la licence. Maintenant, ces points servent aussi aux déplacements rapides une fois découverts pour naviguer plus facilement sur la carte. Enfin, les tombeaux font aussi leur grand retour et renferment généralement des trésors ainsi que des énigmes pas forcément compliquées. Maintenant, il faut parler d’un dernier point majeur du jeu.
Un vrai rôle d’assassin
Trois lettres bien connues sont ici à l’honneur : RPG. Assassin’s Creed Origins prend totalement la direction du jeu de rôle occidental et même s’il n’invente rien, il utilise parfaitement toutes les ressources du genre. Tout d’abord, Bayek possède un niveau qu’il peut gonfler en gagnant de l’expérience. Pour cela, il faut finir des quêtes, découvrir de nouvelles zones, terminer des objectifs secondaires ou encore tuer des ennemis. Après chaque niveau, nous gagnons un point de compétence qui permet de débloquer des aptitudes inédites dans l’arbre de talent. Il y a des compétences passives et actives comme d’habitude. Ensuite, dans les menus, un inventaire affiche nos armes, tenues, montures, boucliers et autres outils. La fabrication permet d’améliorer nos statistiques et pour cela il faut chasser pour récupérer des éléments sur les animaux, ainsi que d’autres ressources comme du fer. Les marchands proposent des articles à la vente, des munitions, des matières premières et des améliorations pour notre arsenal. Nos armes possèdent par ailleurs un niveau de rareté allant de commun à rare en passant par légendaire. Vous l’aurez compris, nous sommes dans un vrai RPG. La saga vient bien d’opérer un virage total là où les anciens opus ne proposaient que quelques éléments RPG pas toujours bien implantés. Décidément, Assassin’s Creed Origins est bien à part et les ajouts ne s’arrêtent pas là.
Par exemple, un mode photo nous offre quelques filtres pour personnaliser nos captures d’écran. De quoi magnifier un peu plus cette Égypte déjà somptueuse. En pressant le pavé tactile, le temps s’écoulera et nous permettra de passer directement à la nuit ou au jour selon le moment de la journée durant lequel vous déclenchez cette fonction. Selon l’heure, les habitudes des gardes et des habitants changent comme par exemple le fait d’aller dormir lorsque la lune illumine le ciel égyptien. Lorsque les gardes roupillent dans leur tente, il devient alors plus facile de prendre un camp ennemi par surprise. Cette fonctionnalité apporte donc un petit aspect tactique au passage. La faune exponentielle nous offre aussi quelques beaux affrontements face à des hippopotames, hyènes ou autres lions. Il sera même possible d’apprivoiser un animal avec la compétence adéquate. Enfin, explorer le désert aride pendant longtemps pourra même déclencher des hallucinations qui permettront parfois de découvrir des points d’intérêt. Vous l’aurez compris, Assassin’s Creed Origins fourmille d’idées, de nouveautés et plus globalement de vie. Le monde a toujours de quoi nous occuper ou nous surprendre… Les villes mythiques comme Alexandrie sont peuplées, dynamiques et majestueuses alors que la nature renferme une beauté qui n’a d’égal que sa cruauté. Il serait trop long de faire le tour de tout ce qu’il faut voir dans le jeu, alors nous vous laissons aussi un peu de surprises car le dernier titre d’Ubisoft en referme plus d’une.
Au final, Assassin’s Creed Origins est l’épisode que les fans et plus globalement les amoureux de RPG attendaient. Difficile de dire si la « pause » d’un an y est vraiment pour quelque chose, mais les développeurs se sont enfin posés les bonnes questions et ont su réinventer la saga en prenant le meilleur de ce qui peut se faire ailleurs. L’aspect historique n’a jamais semblé aussi abouti et les croyances de l’époque nous renvoient vers un surnaturel que le jeu assume totalement. C’est une véritable oeuvre historique que nous offre Ubisoft et arpenter ce monde fait sans aucun doute partie des expériences les plus marquantes de l’année. Nous sifflons notre fidèle destrier, nous grimpons sur son dos et l’histoire peut commencer. Malgré un contexte historique lourd et un background qui pèse vraiment, cet Assassin’s Creed n’oublie pas d’où il vient et conserve des éléments cruciaux d’une franchise qui a maintenant 10 ans. L’action est là, les assassinats aussi, les charrettes de paille pour amortir notre saut de la foi également… C’est le mélange parfait entre nouveauté et continuité. Les microtransactions passent même au second plan puisqu’elles permettent seulement de gagner du temps en se procurant de l’équipement et quelques montures. Alors, fêtons ces retrouvailles comme il se doit et croisons les doigts pour que chaque épisode soit aussi marquant à l’avenir.
Visuels réalisés avec le mode photo sur PS4
Verdict : 9/10
Le renouveau est bien là ! Assassin’s Creed Origins met en avant toute la maturité d’une franchise qui semblait être dans le mal depuis trois longues années. Ubisoft nous livre un RPG parfaitement calibré avec des combats exigeants et des personnages charismatiques. L’Égypte ancienne est l’époque parfaite pour mettre en avant tout le potentiel de la licence avec sa mythologie, ses mystères et une certaine forme de surnaturel bien dosé. Les défauts ne sont pas absents comme une bande originale décevante, quelques bugs d’affichage et des baisses de framerate, mais ne faisons pas la fine bouche car la réussite et presque totale. Nous tenons ni plus ni moins le meilleur Assassin’s Creed de l’Histoire !
Diebolt Steven
26 octobre 2017 at 13 h 12 mina t il un new game plus