En 2012, Ubisoft a sorti Assassin’s Creed III, épisode concluant la saga Desmond et se focalisant sur la Révolution américaine. Outre un copieux DLC sorti par la suite, se nommant La Tyrannie du Roi Washington, il y a également eu Assassin’s Creed III: Liberation, un plus petit opus sorti sur PlayStation Vita où l’on incarne la première héroïne de la saga. Aujourd’hui, à l’occasion du Season Pass d’Assassin’s Creed Odyssey, Ubisoft a décidé de remettre au goût du jour cette « saga américaine » via Assassin’s Creed III Remaster, qu’on a pu tester en large et en travers.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
Pour l’indépendance ! Pour la liberté !
Assassin’s Creed III Remastered, qu’on peut donc acquérir soit via le Season Pass d’Assassin’s Creed Odyssey, soit individuellement, propose donc 3 expériences plus ou moins différentes : Assassin’s Creed III bien sûr mais aussi son DLC, La Tyrannie du Roi Washington, ainsi qu’Assassin’s Creed III: Liberation HD. Au cas où, petite piqûre de rappel pour chacun sans trop entrer dans les détails, surtout si vous avez réussi à éviter les spoils durant ces nombreuses années. Dans Assassin’s Creed III, on incarne principalement – on vous laisse la surprise en ce qui concerne l’excellent début du jeu – l’Amérindien Ratonhnhaké:ton, plus connu sous son nom adoptif Connor. Il joue un rôle capital durant la Révolution américaine, à la fin du 18ème siècle. Au cours de sa quête pour la liberté de son peuple ainsi que celle de ses alliés de la Colonie face au joug anglais, il croise le fer avec de nombreux ennemis, notamment les fameux Templiers. De plus, dans la partie Présent du jeu, on incarne Desmond, le héros de la première trilogie, qui doit sauver le monde face à une apocalypse en approche. Dans sa narration et mise en scène, Assassin’s Creed III continue d’être bon malgré les années qui passent. Si l’on excepte certains passages où le personnage de Connor peut être irritant au possible (alors que si l’on ne zappe pas les missions de Domaine, on découvre alors un héros affectueux et prêt à tout pour sa communauté… essayez de les jouer au maximum) et une fin quelque peu bâclée, on s’attache facilement à l’histoire aussi épique que mélancolique ainsi qu’aux différents personnages, tant les « gentils » que les « méchants ». Par ailleurs, les antagonistes sont mieux écrits que jamais et participent activement à un scénario moins manichéen que d’habitude, ce qui le rend fort plaisant à suivre. Les différents événements et personnages historiques sont plus ou moins respectés, malgré quelques libertés prises ici et là afin de davantage coller à l’univers particulier d’Assassin’s Creed.
Dans La Tyrannie du Roi Washington, on participe à une histoire alternative où George Washington devient un roi fou à cause d’une Pomme d’Eden, changeant radicalement les événements du jeu ainsi que ceux de la réalité. Ici, Connor n’a jamais eu d’entraînement en tant qu’Assassin et il doit se battre uniquement avec les connaissances de son peuple, tout en faisant appel à des pouvoirs mystiques hors du commun. Bien qu’alternatif, il est fortement conseillé de jouer à ce DLC uniquement si vous avez fini le jeu de base, puisqu’il y a malgré tout un lien avec ce dernier, sans oublier des références à des événements majeurs pouvant gâcher de belles surprises. La Tyrannie du Roi Washington propose un cadre différent et bienvenu à l’expérience Assassin’s Creed, en s’éloignant un peu des sentiers battus et des faits proches de la réalité, afin de favoriser le fictif.
Enfin, dans Assassin’s Creed III: Liberation HD, l’héroïne est Aveline de Grandpré et elle se bat pour la liberté de la Nouvelle-Orléans, dirigée par les Espagnols et, vous l’aurez deviné, les Templiers. Le cadre de départ est intéressant et on a une ambiance différente des autres volets mais malheureusement, le fait que le jeu fut pensé de base pour la PlayStation Vita l’a rendu bien moins ambitieux et prenant qu’Assassin’s Creed III. Même si Aveline est sympathique et qu’elle se bat pour une juste cause, la mise en scène et le manque d’un scénario palpitant font qu’on s’intéresse moins à son aventure qu’à celle de Connor. Cela en est de même pour le gameplay.
Enterrer la hache de guerre ? Pourquoi ?
Bien souvent, dans les jeux remasterisés, le développeur ne touche que partiellement à la jouabilité, se concentrant surtout sur les graphismes. Cependant, dans Assassin’s Creed III Remastered, nous avons une expérience assez remaniée. Avant d’entrer dans les détails, on va d’abord expliquer à nouveau comme ça se joue, surtout que les anciens volets de la série se jouent différemment par rapport aux tout derniers. Assassin’s Creed III Remastered garde la base des premiers volets de la série : on a d’abord des combats basés sur un système de contre simple mais tout de même fun à jouer grâce à une mise en scène impeccable – d’ailleurs, Assassin’s Creed III reste le volet le plus travaillé à ce jour de ce côté – rendant les affrontements aussi viscéraux que palpitants. Si la difficulté disparaît assez rapidement, les ennemis devenant vite faciles à prédire, il y a tout de même quelques passages plus difficiles via le nombre d’adversaires à affronter, même s’ils attendent toujours un peu trop souvent chacun leur tour avant d’attaquer. Outre les combats, il y a de l’infiltration et Assassin’s Creed III a introduit des nouveautés comme la possibilité de siffler afin d’attirer des ennemis derrière un mur mais pour cet aspect, on va y revenir après tant le Remaster améliore la donne. Enfin, Assassin’s Creed III, c’est aussi une exploration capitale avec de nombreux trésors à trouver, divers items à collecter, différents endroits à découvrir grâce à un système de parkour amélioré (outre les fameux bâtiments à escalader, on peut enfin monter sur des arbres et certains rochers), de la chasse permettant de crafter et acquérir différents objets, diverses missions principales et annexes à accomplir (notamment celles du Domaine, lieu de résidence de Connor), des minis-jeux pour passer le temps et on en passe.
En ce qui concerne les missions, il y a des objectifs variés et de nombreuses situations plus ou moins périlleuses. Malgré les habituelles missions d’espionnages qui restent un peu contraignantes à cause de la désynchronisation brutale propre aux anciens volets (on se fait repérer, c’est direct un game over), on se plaît à affronter des hordes d’Anglais, à côtoyer des personnages iconiques de la Révolution américaine, s’introduire discrètement dans des camps remplis de soldats, survivre à des champs de bataille épiques où les boulets de canons fusent à tout-va, diriger par moments quelques troupes afin de sortir vainqueur de batailles historiques, découvrir parfois des lieux plus exotiques afin de découvrir d’anciens trésors via des phases tirant un peu plus vers un jeu de plates-formes… Aussi, la principale nouveauté d’Assassin’s Creed III, c’est l’inclusion de batailles navales qui ont révolutionné la série en 2012. Si le principe a été largement amélioré dans Assassin’s Creed IV: Black Flag, les missions navales du troisième volet ont parfaitement posé les bases et restent plaisantes à accomplir même aujourd’hui. Enfin, dans le DLC La Tyrannie du Roi Washington, on a accès à des pouvoirs inédits comme de l’invisibilité, l’invocation de loups, etc., proposant un peu de fraîcheur et de situations inédites. N’oublions pas les phases du présent avec Desmond, qui utilise les capacités de Connor dans un contexte moderne, donnant lieu à des missions différentes et agréables. En somme, la diversité et la jouabilité quasi au poil – malgré un Connor quelque peu capricieux lors de certaines phases de grimpettes – d’Assassin’s Creed III font que le jeu reste amusant mais les nouveautés introduites par le Remaster sont loin d’être négligentes.
Pour ce qui est des améliorations propres à Assassin’s Creed III Remastered, on a différentes choses provenant des épisodes sortis par la suite, notamment du côté de l’infiltration. C’est simple : maintenant, on a la possibilité de se cacher dans des buissons, tuer discrètement deux gardes d’un coup, siffler de différents endroits possibles et pas juste derrière un mur, de quoi améliorer grandement l’expérience sans trop faciliter les choses. Ensuite, on a une interface revue, plus moderne, moins complexe avec notamment une roue des armes améliorée. Avant, elle faisait passer à un autre écran, cassant l’immersion mais ici, cela bloque simplement le temps et on voit toujours l’action en cours, un bon point. De plus, il est possible de mapper différentes armes et actions sur le D-pad afin de créer des raccourcis, comme toujours. Ubisoft a également revu un peu l’économie et le craft, plus accessibles que jamais. Enfin, on peut désormais viser librement avec l’arc et les différentes armes, contrairement à la visée automatique du passé. Bref, que des améliorations bienvenues et rendant l’expérience Assassin’s Creed III plus intéressante. On aurait aimé que certaines animations de Connor soient revues, notamment lors du parkour et des combats afin qu’ils soient davantage d’actualité mais n’oublions pas que nous avons affaire à un remaster et non un remake. Cependant, quelques bugs persistent avec notamment certains ennemis restant bêtement bloqués et parfois, certaines missions annexes ne peuvent être terminées, notamment la libération de prisonniers dans le DLC. Gageons que ces petits défauts seront corrigés via une mise à jour.
Du côté d’Assassin’s Creed III: Liberation HD, hélas, si vous avez déjà joué à la version remastérisée de l’époque, ici, rien ne change. On a exactement le même gameplay et bien qu’il soit encore convenable de nos jours, on aurait aimé avoir les mêmes améliorations que l’on a dans Assassin’s Creed III Remastered ainsi que son DLC. En dehors de cela, la jouabilité reste fortement similaire mais il y a bien moins de choses à faire, notamment du côté des minis-jeux et de la bataille navale, grand atout de l’aventure de Connor. Cependant, Aveline propose un peu de changement grâce à ses différents costumes, offrant des approches différentes selon les situations même si au final, cela ne change pas fondamentalement l’expérience. Malgré tout, cela reste plaisant à jouer, malgré une difficulté encore moins présente que dans Assassin’s Creed III et des missions moins travaillées, forcément. Dans tous les cas, les 2 jeux proposent une durée de vie plus que conséquente avec tout le contenu optionnel d’Assassin’s Creed III rajouté (en plus de La Tyrannie de Washington, il y a plusieurs missions secondaires de qualité, faisant même parfois quitter l’Amérique du Nord). En outre, il y a également des tenues des nouveaux jeux et celle du film qui devraient ravir ceux rêvant d’explorer l’Amérique durant la Révolution avec le plus de costumes possible.
Vive l’Amérique
En dehors d’Assassin’s Creed: Liberation HD, qui reste inchangé par rapport au passé et qui est donc moins joli, même si acceptable encore malgré quelques décors en deçà du reste, Assassin’s Creed III Remastered est un exemple à suivre. Assassin’s Creed III et son DLC faisaient déjà partie des plus beaux jeux de la génération précédente avec un monde vaste, des décors soignés et des personnages bien modélisés, faisant découvrir une belle Amérique du Nord de la fin du 18ème siècle. Une meilleure résolution et une fluidité de qualité auraient pu suffire mais Ubisoft ne s’est pas contenté de cela. La liste des améliorations graphiques est tout simplement bluffante pour un remaster : textures et ombres améliorées, gros changement de luminosité et des couleurs rendant le jeu plus réaliste, quelques effets, modèles et décors légèrement retouchés, bien plus de personnages à l’écran et une végétation plus présente, temps de chargement drastiquement réduits, sans oublier une fluidité et une résolution propres aux consoles du moment. Si l’on regrette que les 60 images par seconde restent uniquement sur PC, le rendu d’Assassin’s Creed III Remastered est bien plus agréable à l’œil que la version de base… cependant, il faut tout de même avouer que le changement de la luminosité n’est pas toujours bénéfique. En effet, certains passages sont trop sombres tandis que d’autres sont trop lumineux. Il y a même une cinématique qui fut totalement blanche au cours de notre expérience, obligeant un redémarrage du jeu. Aussi, quelques bugs sont de la partie, notamment en ce qui concerne la physique de la neige avec parfois d’étranges trous en formes de blocs/rectangles se créant sur notre passage, comme par magie. Enfin, il y a encore un peu trop d’apparitions soudaines – pop-in – de personnages et d’éléments du décor, gâchant un peu l’immersion. Là encore, ce sont de petits (et plutôt rares) soucis qui pourraient facilement être corrigés via une mise à jour mais en dehors de cela, il faut tout de même saluer le travail effectué sur Assasin’s Creed III Remaster, à mi-chemin d’un remake.
Au niveau des musiques et de la bande-son, cela reste inchangé mais néanmoins de très bonne facture. Pour Assassin’s Creed III, Ubisoft a fait appel au compositeur Lorne Balfe, un changement par rapport à l’habituel Jasper Kyd des premiers Assassin’s Creed. Pour le meilleur ou pour le pire ? Bien différentes, les musiques d’Assassin’s Creed III restent de qualité et collent parfaitement à l’ambiance du jeu. Outre des compositions épiques qui retranscrivent à merveille les différents conflits de la Révolution américaine et des musiques mélancoliques sublimant les différents drames de la vie de Connor, il y a évidemment une forte inspiration indienne dans certains morceaux afin de coller au héros mi-Anglais mi-Mohawk, offrant une bonne diversité dans la bande-son. En ce qui concerne les voix, les acteurs anglais et français ont tous fourni un travail remarquable, donnant pratiquement vie à leurs personnages. Bien sûr, pour plus de fidélité, il vaut mieux privilégier les voix anglaises mais les voix françaises sont tout à fait convenables si vous ne souhaitez pas vous embêter avec les sous-titres. Dans Assassin’s Creed: Liberation HD, on a le droit à des musiques plus exotiques et « françaises », allant agréablement de pair avec l’aventure d’Aveline. On regrette juste une fois de plus un certain manque d’ambition du côté des voix, les acteurs étant moins impliqués dans leurs rôles que ceux d’Assassin’s Creed III. Ce dernier a décidément eu un bien meilleur traitement de faveur, autant à l’époque qu’aujourd’hui via ce remaster.
Verdict : 8/10
Malgré quelques petits défauts ici et là, on ne peut pas dire qu’Ubisoft a chômé avec Assassin’s Creed III Remastered, du moins en ce qui concerne Assassin’s Creed III. Outre un contenu généreux et une jouabilité plus intuitive que par le passé, le rendu est délicieusement sublimé et rends la Révolution américaine façon Assassin’s Creed plus attirante que jamais. Si vous n’avez pas craqué jusque là ou que vous souhaitez rejouer aux aventures de Connor et d’Aveline dans les meilleures conditions possibles, n’hésitez pas, Assassin’s Creed III Remastered est l’occasion idéale.
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