De la Dark Fantasty, un jeu de cartes, des combats au tour par tour, des mécanismes RPG, un aspect visual novel… Autant de termes qui conviennent pour décrire rapidement, très rapidement, le soft d’AurumDust, Ash of Gods: Redemption. Alors que le titre est sorti il y a plusieurs mois sur PC, il vient tout juste de débarquer sur PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch. La rédaction est ainsi partie durant l’équinoxe du printemps pour vaincre un nouveau fléau, et pas des moindres !
Test réalisé sur PlayStation 4 grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur lors du Fauchage de l’équinoxe du printemps
Un Banner Saga-like ?
Direction le monde ancien de Terminun. Alors que la séquence d’ouverture propose un flashback quant à des événements qui se sont déroulés il y a 700 ans, lors d’un tout premier Fauchage, le fléau refait surface à l’équinoxe de printemps et met de nouveau en branle le monde, la société et les hommes/femmes qui le peuplent. En effet, les Faucheurs terrorisent les populations et tentent de réveiller les dieux endormis afin de répandre le Mal. Bien entendu, c’était sans compter sur une bande d’irréductibles résistants (non gaulois, hein) prêts à sauver le monde qu’ils connaissent et surtout à repousser l’envahisseur. Pour ce faire, il faudra bien entendu survivre aux nombreux assauts et découvrir réellement ce qu’est le Fauchage, ce qui se fait progressivement et a le don de poser les jalons scénaristiques en douceur. Ainsi, le joueur est amené à incarner successivement trois différents groupes de combattants, chacun possédant son propre arc narratif. Tout au long de notre aventure, nous devons également faire des choix, en sachant que toutes les décisions prises affecteront bien évidemment le cours de l’histoire. Et autant vous prévenir, ce n’est pas là pour faire joli : chaque choix devra être réfléchi et mesuré car les conséquences peuvent être lourdes et vous mener indéniablement vers le Game Over.
Souvent comparé à la trilogie Banner Saga, et ce depuis son annonce officielle, c’est à juste titre que l’on découvre quelques ressemblances. Et ce principalement via le côté très visual novel du soft d’AurumDust. Durant toute l’aventure, nous avons presque eu l’impression de parcourir visuellement un roman. Et si nous pouvons clairement rapprocher le titre d’un format littéraire, Ash of Gods: Redemption a également un aspect très pièce de théâtre : il y a beaucoup, beaucoup de parties dialoguées. Bien qu’ils soient nombreux et peut être un peu rébarbatifs pour certains joueurs, les dialogues ont leur importance. En dehors de poser les bases scénaristiques, d’apprendre le passé des différents personnages (dans le camp), ils jouent sur la suite des événements. En effet, dialoguer avec un protagoniste influe sur les statistiques, notamment quant à une perte ou un gain de loyauté, ce qui peut se révéler assez intéressant pour le reste de l’aventure. Du coup, vous êtes prévenus, Ash of Gods: Redemption comporte énormément de dialogues et parties scriptées. Il faut le savoir. Sur ce point, on notera d’ailleurs une écriture en dent de scie : satisfaisante la majeure partie du temps mais il y a tout de même quelques imperfections et facilités qui nous ont déçus, notamment avec certains dialogues assez plats et manquant de pertinence selon nous.
Oui, Ash of Gods: Redemption a donc ce côté très Banner Saga, que ce soit grâce à son aspect visual novel et même son gameplay (nous y reviendrons), mais il parvient tout de même à exister par lui-même et on se plonge avec plaisir dans cette nouvelle aventure, sans que la comparaison ne vienne gâcher toutes les heures de jeu. À ce sujet, la durée de vie du jeu est assez conséquente et le sentiment de répétitivité est très vite cassé par les différents arcs narratifs qui permettent au soft de ne pas laisser le joueur s’essouffler trop rapidement. On dénombre pas moins de 7 fins possibles, ce qui est tout de même plutôt satisfaisant et convaincant pour une production de cet acabit.
Un gameplay prenant
Autant vous prévenir tout de suite, les premiers combats demandent un certain temps d’adaptation tant les informations à prendre en compte sont nombreuses. Bien évidemment, nous allons tenter de vous expliquer le gameplay du jeu, sans vous embrouiller. Malgré sa complexité apparente, les développeurs ont mis à disposition, à tout moment, un guide rappelant chaque information et élément. Mais trêve de bla-bla, parlons peu, parlons mécanismes de jeu.
Dans Ash of Gods: Redemption, chaque groupe est constitué d’un certain nombre de personnages dont les spécificités diffèrent. Nous pouvons ainsi avoir deux archers, un épéiste et plusieurs tanks dans la même équipe. Libre à chacun de composer l’équipe de ses rêves, même s’il faudra bien entendu prendre en compte la disposition du champ de bataille et les caractéristiques des ennemis. Sachez que chaque personnage possède une barre de santé et une barre d’énergie. Certaines compétences, une fois activées, requièrent des points d’énergie et d’autres de santé mais elles peuvent se montrer dévastatrices contre les ennemis. D’ailleurs, pour chaque attaque, nous pouvons choisir de cibler directement les points de vie de l’ennemi ou bien sa barre d’énergie. En faisant tomber l’énergie de l’ennemi à zéro, les prochaines attaques infligeront deux fois plus de dégâts. Ça vaut clairement le coup ! Le soft pousse un peu plus loin la chose en proposant un set de cartes que l’on peut activer à tout moment. Il est ainsi par exemple possible d’infliger dix points de dégâts à un ennemi grâce à l’utilisation d’une seule carte. Bien d’autres cartes pourront être débloquées par la suite. Et encore, on ne vous dit pas tout pour garder la surprise entière.
En plus de pouvoir débloquer des compétences pour vos personnages, il est possible d’attribuer des items plus ou moins magiques afin d’octroyer des bonus passifs à ces derniers. Ils sont notamment récupérables après chaque combat et ont une certaine importance. Il faudra se pencher sur cet aspect pendant quelques minutes car les combats sont relativement ardus et peuvent durer sur la longueur. D’ailleurs, ils sont régis par la règle du tour par tour : le joueur effectue une action avec un seul et même personnage (déplacement, attaque ou défense) avant de laisser la main à l’IA adverse. Le personnage utilisé ne sera ainsi plus disponible pour le reste du round complet. Tout doit donc être réfléchi ou maîtrisé, au risque de perdre vos compagnons de route pour tout le reste de l’aventure. Et dans certains cas, vous le verrez, il ne faudra malheureusement pas hésiter à sacrifier l’un d’entre eux pour qu’un autre, plus puissant ou qui a votre préférence pour n’importe quelle raison, ne meure définitivement. Tel un véritable maître du jeu, façon Donjon & Dragon ou Livre dont vous êtes le héros, le joueur se trouve complètement impliqué et responsable tout du long.
Testé sur PlayStation 4, nous avons tout de même ressenti une certaine gêne au début de l’aventure quant aux commandes. En effet, principalement durant les phases de combat, on peut très rapidement s’emmêler les pinceaux entre les actions effectuées avec les joystick ou celles attribuées aux flèches directionnelles. Le choix de chaque action des personnages se fait via les touches L1 et R1, ce qui est assez étrange au premier abord. Même s’il ne s’agit là que de petits points négatifs, non handicapants en soi et remarqués seulement durant les phases de combat, il semblerait que le soft ait tout à gagner à être joué sur PC, le combo clavier/souris semblant être plus adéquat, confortable, précis et clair que la manette. Bien évidemment, cela reste au bon vouloir de chacun et surtout à votre matériel disponible.
Une identité influencée mais qui lui est propre
Les softs qui adoptent une charte graphique typée bandes dessinées, ce n’est pas ce qui manque. Dans un rapide brainstorming, on pense tout de suite au tactical Warsaw, à Darkest Dungeon, à Dead in Vinland ou encore à Dead Age, et on en passe. On pourrait donc rajouter Ash of Gods: Redemption à cette liste. Or, ce qui est intéressant avec le soft d’AurumDust, c’est le fait qu’il y a quelque chose de plus mature visuellement avec des traits plutôt réalistes mais toujours dans cet aspect Dark Fantasy. Avec ce titre, on se rapproche davantage des traits de la série BDesque Les Efles – pour ne citer qu’un exemple – et ce n’est pas pour nous déplaire. C’est d’ailleurs probablement également pour cela qu’il fait penser à Banner Saga. De ce fait, les influences graphiques sont nombreuses dans Ash of Gods: Redemption et on sent que les développeurs/dessinateurs se sont inspirés de certains jeux ou même d’autres médias, mais le titre parvient tout de même à avoir sa propre identité. Malgré le fait que le spectrum de la Dark Fantasy ait trouvé ses lettres de noblesses dans bon nombre de bandes dessinées, AurumDust parvient avec brio à créer un univers qui est le sien et le transpose dans le médium vidéoludique avec une grande justesse.
Par ailleurs, nous pouvons noter l’alternance de plans qui permet de casser le rythme du jeu et qui catégorise chaque séquence. En effet, nous avons le droit à des plan-séquences somme toute basiques pour les parties scénaristiques ou les dialogues entre personnages, positionnés au fond, avec un changement de point de vue en fonction de l’interlocuteur. Sans oublier des panoramas très larges lors des déplacements ou encore des prises du dessus (avec possibilité de zoom) durant les phases de combat. Sans pour autant être terriblement novateur, ça fait le café. Cela a le don de spécifier chaque séquence par une prise de vue. Et puisque l’alternance entre ces différents plans est rapide et plaisante, le sentiment de lassitude est brisé et on parvient à accrocher au soft durant de nombreuses heures sans s’ennuyer.
En revanche, nous remarquerons tout de même un petit point négatif. Les bruitages et certains sons sont clairement en dessous. La bande originale fait des merveilles, avec des mélodies douces qui peuvent faire penser à certains morceaux de The Witcher ou God of War – pour les parties musicales les moins rythmées, bien entendu -. D’ailleurs, tout s’explique quand on sait que les deux maîtres d’œuvres de la bande originale du soft sont Adam Scorupa et Krzysztof Wierzynkiewicz, qui ont travaillé sur la musique de la série The Witcher ou encore sur Call of Juarez, Eve Online et Iron Harvest. En revanche, comme dit précédemment, les bruitages ont tendance à casser cette plaisance auditive. Durant les dialogues, nous avons le droit qu’à de petits grommellements sans grande pertinence et intonation, ce qui ne semble pas apporter grand-chose. Dommage, car le reste fait très clairement l’affaire.
Verdict : 7/10
Si Ash of Gods: Redemption nous avait fait de l’œil à sa sortie officielle sur PC, c’est pour une bonne raison et le verdict révèle un soft plutôt convaincant. Le système de gameplay s’avère être aussi équilibré et juste qu’ardu par moment, comme le veut le concept même du jeu, l’aspect tour par tour étant un grand plus, surtout pour les amateurs du genre. Par ailleurs, le côté visual novel est très clairement satisfaisant avec une direction artistique mature et réaliste, accompagnée avec brio par une bande originale qui convainc. On notera tout de même que le portage sur PlayStation 4 met malheureusement en avant certains problèmes d’attribution des touches pour les actions durant les combats, ainsi que des bruitages et certains effets sonores en dessous. Dans tous les cas, les amateurs de Dark Fantasy, visual novel et RPG au tour par tour trouveront probablement du plaisir à parcourir le soft d’AurumDust. Tout comme nous, globalement.
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