Les habitudes sont des immondices auxquelles nous nous attachons de façon inévitable. Que cela soit à la douche, à la salle de sport, au travail ou dans les jeux vidéo, notre zone de confort ne varie que rarement par notre obligation : c’est autrui qui nous en sort. De mon côté c’est ArmA, une série où je reviens toujours et où j’ai mes petites manies. J’y fais ma popote, profite de la cuisine des autres, trente minutes de préparation, vingt de transport, cinq d’action et il est déjà l’heure de terminer la mission. Je fais varier les plaisirs avec différentes armées, me pose des contextes, sans cesse avec un souci de réalisme. Alors, quand Bohemia Interactive a déboulé avec un trailer pour montrer que dans ArmA 3: Contact les extraterrestres seront présents, j’ai perdu pied pendant quelques minutes. De longues conversations avec les collègues s’engagèrent pour définir les nouveautés possibles à venir. Nous étions loin de nous douter de ce qui arriverait…
Test réalisé sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Contact sans Jodie Foster.
Bien que souvent négligé par les joueurs, l’axe narratif qu’offre Bohemia Interactive à ses jeux se veut habituellement travaillé et à thème, rien n’est laissé au hasard et tout s’accorde sur un plan. Contact ne déroge pas à cette règle et propose aux joueurs un solo digne de ces prédécesseurs en jonglant avec plus d’ouvertures et des efforts de mises en scène. Mais avant de nous attaquer à ces deux effets, rappelons la trame narrative pour se mettre en jambe. Vous incarnez Aiden Rudwell, un opérateur drone en plein entraînement de l’OTAN avec les forces indépendantes de Livonie siglées LDF. Pendant ce dernier, le caporal Aiden devra aider l’un de ses collègues avec un différend télémétrique d’un pointeur laser afin d’assurer la frappe d’un drone d’un MQ-4A Greyhawk (véhicule aérien autonome) sur une colline plus loin. Malheureusement, même si l’opérateur semble avoir réussi à redresser le capteur correctement, la bombe tombera hors de portée de l’objectif initial, dans une zone de commandement, blessant et tuant plusieurs unités à cet endroit. Mais pas que. Effectivement, le cratère cédé par l’engin explosif laisse apparaître une étrange matière. De plus, quelques heures après l’accident les forces de la NATO sont sommées par la LDF de quitter le pays dans les 24h.
Vous l’aurez compris, vous devrez lever le voile sur l’étrangeté que vous avez vu ainsi que sur les motivations de la LDF. L’une des premières choses qui frappent au lancement de ce DLC est la volonté de mise en scène plus accentuée qu’à l’accoutumée. Par conséquent, plusieurs nouvelles animations et mises en situation viennent brusquer les coutumes. Cela est dû à un souhait de rendre réaliste un contexte de science-fiction. Ce qui, pour un jeu de simulation, est une tâche relativement ardue que Bohemia Interactive va réussir à transformer en force. Vous l’aurez compris, les forces extraterrestres sont présentes et vous devrez rentrer en contact avec elles. À partir de ce moment, tout sera mis en scène pour sortir les joueurs acclimatés à la licence de leur confort habituel. Les bois sombres, sans lunettes de vision nocturne avec juste une lampe torche, la brume qui enveloppe le tout et se voit transpercée par des néons et lumières très claires, posent un tableau d’étrange, surnaturel, voire parfois jusqu’à créer une atmosphère d’épouvante. Qui dit contexte inédit sous-entend également quelques libertés possibles. Si l’atmosphère peut virer au très obscur, une légèreté d’écriture décompresse l’ensemble. En effet Stype, protagoniste qui vous entraînera dans cette aventure, est un peu gauche et lunaire, mais surtout très culotté et drôle. Deux autres personnalités que nous vous laissons découvrir donnent aussi une apesanteur qui tranche avec l’obligation de simulation connue des opus précédents.
Autre point sur l’écriture, Contact utilise pleinement l’ouverture totale des niveaux. Ainsi nous pouvons de nouveau tracer notre aventure à chaque mission. Cela apporte plus d’opportunités aux développeurs pour cacher des éléments narratifs. En effet, vous devrez chercher, fouiller les zones si vous voulez comprendre dans l’intégralité les missions, détritus, prospectus, ordinateurs, liens internet, beaucoup d’assets sont employés pour nous relater nos découvertes, tout en nous plongeant encore plus en profondeur dans l’ambiance générale. Malheureusement, comme nous le verrons plus bas, cela implique une multiplication d’objets sur le terrain, donc un gouffre de puissance recommandée.
Le « Spectreur », ce nom..
Principe habituel au troisième opus de la série, les DLC sont l’occasion d’approfondir une thématique choisie par les développeurs. Par conséquent, les titres portent souvent l’indicatif des possibilités de façon logique. Contact lui souligne l’utilisation des ondes à des fins diverses. Nouvel axe de gameplay, le Spectreur sera l’un des deux outils qui ne vous lâcheront pas de votre aventure. Ce dernier vous permet de capter des ondes radio afin de les écouter ou carrément de brouiller les systèmes de navigation d’un véhicule autonome. Si ces deux penchants sont utilisés pendant la campagne, un troisième souffle la fraîcheur de possibilités : le Spectreur peut envoyer un son ou un message sur une ligne d’onde précise. De ce fait, si vous captez un message d’une escouade ennemie et que vous connaissez son indicatif (Alpha, Bravo, Charlie, etc.), vous pourrez lui transmettre un faux message émanant du quartier général. Même si cette option est limitée, il est envisageable de demander uniquement de partir en direction de l’un des points cardinaux et elle reste ainsi simple et agréable à employer. En guise de compagnon, un mini-drone portatif sera votre deuxième outil. ED-1E, pour les intimes, est à vocation scientifique et permet de récolter des échantillons extraterrestres, d’étudier des flux gazeux et beaucoup plus. Ces deux objets apportent deux champs de possibilités inédits à la série ArmA (espérons que les moddeurs entendront le message).
Du côté du style de jeu, l’orientation générale tire clairement vers la discrétion. S’il est difficile de jurer d’un véritable travail en profondeur de la portée de détection de l’IA, nous pouvons témoigner d’un certain boulot sur cet aspect. En effet, vos ennemis partageront les mêmes conditions optiques que vous, à savoir que la nuit il fait… nuit ? Et que sans paire de vision nocturne ou thermale, vous ne serez pas évident à repérer. Au demeurant, la LDF contrôle dans sa totalité la zone où vous opérez, ce qui veut dire que vous serez toujours en infériorité numérique et qu’une balle plus ou moins bien placée peut mettre fin à votre aventure. À vous donc d’user d’ingénierie pour tromper l’opposition afin d’évoluer dans le niveau. Nous l’évoquions plus haut, les missions sont ouvertes et c’est à vous de vous fixer vos objectifs secondaires pour trouver armes ou équipements qui seront utiles à votre progression.
N’oubliez pas de télécharger un peu de RAM !
Si le jeu n’évolue pas graphiquement, la Levonie se révèle être un terrain plutôt gourmand en ressources. Dès lors, il partage le défaut majeur de Tanoa, une consommation de RAM excessive due à l’utilisation majeure de forêts. Par la suite, des ralentissements notables sur des DDR3 ou 4 à faible fréquence peuvent nuire à l’expérience solo. D’ailleurs, l’ouverture des niveaux n’améliore pas ce point. Comme nous l’avons signalé, de nombreux ennemis sont présents, patrouillent ou surveillent accompagnés de quelques assets, venant alors encore alourdir l’utilisation de la RAM. Pire, cela peut trahir des éventuelles surprises comme une embuscade ou un groupe qui rentre dans la zone d’affichage, par des ralentissements notables même en jouant avec une distance d’affichage terrain et objets faibles. Attention donc si vous avez déjà quelques soucis avec la carte Tanoa.
Des ajouts intéressants !
En plus d’une carte, d’un spectreur et d’un mini-drone, ce DLC d’ArmA 3 apporte plusieurs objets inédits. Dans le rayon du contenu premium : deux forces régulières et un groupe civil. La LDF propose des équipements originaux, comme le Promet, fusil d’assaut d’architecture bullpup pour l’armement ou la tenue réglementaire comprenant casque/gilet/vêtements/sac à dos. Du côté des véhicules, nous avons le droit à de nouveaux coloris pour les transports à roues Kamaz et du véhicule blindée FV-720 Mora de l’AAF. Enfin, l’hélicoptère WY-55 Hellcat, dans sa variante transport et armé, se voit créditer aussi d’un coloris exclusif à la LDF. Deuxième force, les Spetsnaz russes sont démunis de supports mais peuvent compter sur un éventail élargi de la gamme AK-12 : avec la RPK-12, fusil mitrailleur en 7,62 à chargeur en tambour de 75 balles, et l’AKU-12 version compacte du fusil d’assaut. Toutes les armes sont accompagnées de trois camouflages. Pour l’équipement vestimentaire, un nouveau gilet, un casque et un sac à dos sont de la partie avec encore une fois une multitude de couleurs de treillis.
À noter qu’une tenue NRBC est disponible pour toutes les factions du jeu, ainsi qu’un sac à dos de radio longue portée. En plus de cela, différents masques respiratoires accompagneront vos créations de menaces biologiques, radioactives, chimiques ou nucléaires. Trois autres armes seront aussi utilisables : la MK14 en version civile, donc moins précise que son homologue militaire, et un fusil de chasse, le Kozlice à double canon en variante longue ou sciée. Nous terminerons par un dernier mini-drone, similaire au ED-1E : le ED-1D est la version tactique, offrant un bras télescopique et différentes visions (nocturne/thermique) et caméra. Il peut exploiter un système d’armes à feu de petit calibre ou de chevrotine afin de déminer efficacement un lieu sans danger. Ajouté au solo, deux modes de jeu multijoueur sont disponibles. Combat Patrol génère des objectifs aléatoires sur différents lieux Livonie, où vous lutterez pour les réussir contre l’IA. En outre, Warlords, un mélange de PVE/PVP est également accessible. Ce mode propose à deux équipes de conquérir la carte, point après point, jusqu’à la capture d’une des deux bases.
La campagne se déroulera majoritairement la nuit.
Verdict : 7/10
Sans se montrer indispensable, Contact propose un contexte unique avec des situations inédites à la série. Sans ne jamais retirer ce qui fait le sel d’ArmA, Bohemia Interactive sort légèrement de sa zone de confort en approfondissant un thème science-fiction. Une histoire mieux mise en scène, plus fluide qu’à l’accoutumée qui prouve que la société a appris de ses erreurs passées en terme scénique. Malheureusement, le fait d’utiliser de nouveau une carte boisée rattrape le vieux démon de l’optimisation en gonflant plus les barrettes de RAM. En plus d’une épopée, les deux factions offertes sont intéressantes à prendre en main, et proposent une myriade de possibilités uniques. Mais encore une fois, il faudra attendre que les moddeurs adoptent ces éléments rapidement pour en profiter pleinement.
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