À en croire les ventes annuelles d’Assassin’s Creed, les joueurs sont encore très clients de jeux d’infiltration et d’exploration… Il n’en fallait pas plus pour inciter le studio Lince Works à donner naissance à Aragami. À l’origine, Aragami était le projet de fin d’études d’un groupe d’élèves espagnols. Après une campagne Kickstarter ratée, l’équipe ne s’est pas découragée et nous propose aujourd’hui un jeu d’infiltration audacieux. Si plusieurs points peuvent être admirés, le soft présente néanmoins quelques défauts à mettre en évidence.
Un décor simple, une histoire compliquée
Tout se passe dans un Japon de l’époque Féodale, où vous incarnez un « Aragami », ombre vengeresse invoquée par Yamiko, un esprit. Celle-ci vous a invoqué pour faire face aux Esprits de Lumière, qui ont pris le contrôle du palais et la tiennent enfermée avec l’impératrice en ces murs, eux-mêmes cernés de cimetières et autres forêts. Jouissant d’une direction artistique soignée et d’une ambiance à la hauteur des attentes, Aragami séduit dès le premier coup d’oeil… mais aussi dès la première note. En effet, la musique typée Soleil Levant suit parfaitement l’action et offre un contraste des plus équilibrés.
Plusieurs cinématiques magnifiquement narrées vous aiguilleront également au fil de l’histoire. Le joueur peut en outre intercepter lui-même des conversations et comprendre à sa manière le déroulement de l’intrigue, en ignorant les dires du narrateur. Un choix judicieux, car cela peut s’avérer déterminant pour l’expérience de jeu. Sans trop en dévoiler sur le scénario, sachez que les motivations de Yamiko se font douteuses au fil de vos rencontres. L’esprit se dévoilera au fur et à mesure que vous découvrirez des objets du passé, car n’oublions pas que vous êtes en quête des cinq artefacts capables de désensorceler le seau qui la tient prisonnière. Ceux-ci provoqueront des flashbacks qui vous permettront de choisir quel chemin scénaristique emprunter.
Un gameplay à la carte
Plusieurs solutions s’offrent donc au joueur. De la même manière que pour Bravely Default sur 3DS ou encore Until Dawn, un cas de conscience vous permet d’adapter l’histoire à votre manière, et de progresser comme bon vous semble. La première solution (qui est sûrement la plus empruntée jusqu’ici) consiste à neutraliser les gardes à l’aide des nombreux combos qui vous sont enseignés dès le début du jeu. Comme dans un Assassin’s Creed, il est possible d’occire vos ennemis en leur sautant dessus, ou encore de les attirer en faisant du bruit pour les neutraliser discrètement. Mais il est également possible de ne tuer aucun ennemi, et d’atteindre simplement la fin du niveau en esquivant tous les regards, si vous veniez à douter des intentions du narrateur.
Quoi qu’il en soit, il vous faudra impérativement éviter la lumière pour pouvoir survivre, l’Aragami étant exclusivement un chasseur de l’ombre. Une contrainte qui pourra néanmoins être contournée via les différents moyens de téléportation et de sauts mis à notre disposition, et utilisant d’ailleurs à merveille le level design du titre. Un arbre de compétences est lui aussi à développer, vous permettant au fil du jeu d’acquérir de plus en plus de techniques dévastatrices, vous poussant donc vers la solution de facilité, qui est de raser tous les gardes sur votre passage. Chaque niveau terminé donne lieu à une accumulation de points, vous permettant ainsi d’inscrire un score au classement et d’obtenir un rang (jusqu’à S) ; de quoi offrir une vraie rejouabilité au titre pour les perfectionnistes. En soi, un véritable jeu d’infiltration old-school se profile donc à l’horizon, comme on en attend finalement depuis l’âge d’or des Metal Gear Solid et autres Tenchu.
Mais le soufflé retombe…
Aragami a donc tout pour plaire, car il propose un savant dosage entre narration et gameplay efficace mais… plusieurs points viennent noircir le tableau. En premier lieu, une difficulté ahurissante, et ce dès le premier niveau. Nous avons là un jeu qui nous laisse le choix entre deux branches, esquiver la guerre ou neutraliser le moindre ennemi. Seulement, avec des commandes aussi mal réparties et imprécises, en tout cas sur PS4 (courir avec R2, se téléporter avec L2, et ce, sans possibilité de modifications…), la confusion se fait très rapidement sentir. Dans une ambiance où chaque mouvement peut créer une situation d’urgence, les combos ne se font hélas pas naturellement, et la moindre alerte vous ramène ainsi au dernier checkpoint… Une vraie usine à ragequit.
Cela rend également impossible, ou presque, la tentative d’approche pacifiste que le jeu nous encourage à tester. En plus de cela, l’instabilité technique d’Aragami est malheureusement identique à celles des autres jeux indés pourvus d’une ambition démesurée. Le framerate, par exemple, est plus que discutable, un comble pour un titre qui demande de la réactivité. L’ensemble n’est même pas entravé par un éventuel décor exceptionnellement beau, car malgré la modélisation 3D pour le moins remarquable du soft, certaines textures sont très brouillonnes et se dessinent au fil de la progression du personnage. Bénéficiant d’un important contraste entre ombre et lumière, la distinction entre ces différentes zones se montre parfois très floue. Combinez ceci à une IA qui n’est pas des plus fines, sans rappeler Outlast par exemple, et vous obtenez un jeu malheureusement bien détestable par moment… Regrettable, vraiment, tant le reste est admirable pour de l’indé.
Verdict
Nous sommes malheureusement assez mitigés concernant cet Aragami. L’intention est bonne, l’effort y est, mais une simple période de bêta-test fermée aurait permis à Lince Works de sublimer son jeu et de l’inscrire ainsi parmi les meilleurs sorties infiltration/exploration de l’année, profitant ainsi de l’absence d’Assassin’s Creed en 2016. Les acharnés pourront s’attendre à une dizaine d’heures de jeu, et ce pour un prix de 19.99€ sur PS4, ce qui reste toutefois raisonnable.
Test effectué avec une version éditeur sur PS4
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