Sorti en 1991 sur Amiga et développé par le français Éric Chahi, Another World aura marqué le paysage vidéoludique pour ses graphismes impressionnants, son gameplay intelligent et son univers si particulier. Après avoir été porté sur de nombreux supports, ce sont maintenant les consoles Playstation de dernière génération qui ont l’honneur d’accueillir cette relique du jeu-vidéo dans une édition remasterisée pour l’occasion. Comment s’en sort ce Another World 20th Anniversary Edition, près de 25 ans après la sortie du jeu original ?
Un peu de contexte
Aussi incroyable que cela puisse paraître pour l’époque, Another World n’a été développé que par une seule personne ! Éric Chahi a en effet passé deux ans à travailler d’arrache-pied sur son projet, en s’inspirant d’oeuvres telles que le premier Prince of Persia ou Dragon’s Lair. Cela se manifeste notamment par l’animation et le design des personnages, ainsi que par l’utilisation de dessins vectoriels pour les graphismes du jeu afin d’économiser de l’espace sur les disquettes de l’époque. Le résultat a pourtant fait l’unanimité, puisque Another World fait depuis l’an dernier partie des 14 jeux à figurer au Museum of Modern Art de New York. Rien que ça ! Pour information, Éric Chahi est aussi à l’origine de l’excellent Heart of Darkness sorti en 1998 sur Playstation et PC, et qui peut être vu comme le successeur spirituel d’Another World.
Un voyage qui ne vous laissera pas indifférent
Après ce petit rappel historique, parlons maintenant du jeu en lui-même.
Vous incarnez Lester Chaykin, un jeune chercheur en physique, qui, au moment de réaliser une expérience dans son laboratoire, se voit propulsé dans un monde parallèle peuplé d’étranges créatures. Très vite, le héros obtiendra un pistolet laser et fera la rencontre d’un autochtone bienfaisant, qui viendra se porter en aide à plusieurs reprises. Lester devra donc tout faire pour survivre dans ce monde hostile et tenter de revenir chez lui.
L’histoire de Another World nous est contée grâce à de courtes cinématiques présentes à différents moments du jeu. Et à peine la séquence d’introduction terminée, que vous voilà déjà… mort. Du moins dans 95% des cas. Car rien ne vous indiquera que le jeu a bel et bien commencé, et que c’est à vous de prendre les commandes ! Une entrée en matière assez osée, et qui annonce tout de suite la couleur.
En effet, les jeux retro riment souvent avec difficulté élevée, et Another World ne déroge pas à la règle. On est face à un pur die & retry, dans lequel le par coeur tient une place prépondérante : il est strictement impossible de venir à bout du jeu sans avoir essuyé un grand nombre d’échecs au préalable, tant le tout est subtilement imprévisible. C’est un peu comme si tout autour de vous avait été créé pour vous tuer ! Qu’il s’agisse de mécanismes à activer dans un ordre bien précis (et sans aucune indication) ou de combats contre les autochtones hostiles, Another World est une véritable machine à crise de nerfs. Cependant, les solutions sont tellement bien pensées que l’on en redemande, et qu’un échec n’en est finalement que plus motivant.
Basés sur l’utilisation de seulement deux boutons en plus de la croix ou du stick directionnels, les contrôles du jeu demandent toutefois une certaine précision d’exécution. Lester peut courir, sauter, et se servir de son pistolet pour se protéger, vaincre ses adversaires, ou enclencher certains mécanismes.
Concernant la durée de vie du soft, tout dépendra de votre jugeote. Certaines énigmes sont en effet assez difficiles à résoudre sans prendre de risques ou sans observer minutieusement chaque détail du décor. Malgré cela, il faut avouer qu’Another World reste un jeu très court, puisque 2 heures nous ont suffit à le terminer, en sachant que le jeu ne propose aucun contenu en parallèle de l’histoire. Le voyage est donc court, mais intense : Malgré un aspect technique limité, le jeu parvient transporter le joueur. La relation entre Lester et son ami l’alien est vraiment touchante, et l’ambiance et les mécaniques uniques du jeu sont vraiment intéressantes.
Un subtil mariage entre hier et aujourd’hui
Il est temps d’aborder plus précisément les apports de cette 20th Anniversary Edition, qui ressemble bien plus à un portage qu’à un remake à proprement parler.
Le jeu offre la possibilité d’alterner entre les graphismes de la version Amiga et le nouveau rendu par la simple pression du bouton triangle. Une option sympathique, qui permet d’apprécier la fidélité des nouveaux graphismes à l’oeuvre d’Éric Chahi : plus lisses et détaillés, ils restent très proches de l’esprit du jeu original. Cela devrait donc ravir les puristes, sans pour autant choquer les néophytes, qui découvriront un style graphique unique et loin d’être dépassé.
Concernant l’aspect sonore du jeu, on retrouve aussi la possibilité de choisir entre bruitages originaux ou remasterisés. Là encore, la différence est peu flagrante, mais contrairement aux graphismes, un peu plus d’efforts n’auraient pas été de trop. En effet, bien que la relative discretion des bruitages participe à créer une ambiance particulière, l’aspect sonore reste vraiment trop basique, même pour les standards de l’époque.
Cette version d’Another World apporte aussi un ensemble de trophées à débloquer au long du jeu. À l’exception de deux d’entre eux, tous se débloquent naturellement pendant l’aventure, sans avoir réellement besoin de chercher à les obtenir.
Enfin, l’éditeur a eu la bonne idée de proposer le jeu en cross-buy sur les trois consoles Sony du moment. Acheter le jeu sur PS4 vous permettra donc d’y jouer sur PS Vita et PS3 sans avoir à le payer plusieurs fois. Un petit plus non négligeable, mais loin d’être systématique aujourd’hui.
Tout a donc été mis en oeuvre pour offrir une expérience fidèle à l’oeuvre originale.
Verdict : 7/10
Another World 20th Anniversary Edition est un excellent hommage à l’oeuvre d’Éric Chahi. Il parvient à retranscrire à l’identique les sensations du jeu original, avec le confort des consoles nouvelle-génération et un lifting graphique convainquant. Finalement, l’impression qui ressort avant tout reste le caractère intemporel d’Another World : le jeu est tellement inspiré et peaufiné qu’il aurait pu sortir en 2014 sans que cela ne choque personne. Another World est une véritable perle, et ce portage est la meilleur occasion qu’il soit pour rattraper son manque de culture vidéoludique, ou tout simplement pour redécouvrir le jeu encore et encore. Cette 20th anniversary edition remplit donc très bien son rôle de portage, et c’est tout ce qu’on lui demandait.
Artial
24 juin 2014 at 17 h 13 minVous êtes passés à côté de l’option permettant de jouer avec les musiques CD?
mr_anzai
24 juin 2014 at 17 h 25 min« On retrouve aussi la possibilité de choisir entre bruitages originaux ou remasterisés » Tu fais référence à cette option ?