On ne cesse de le répéter, mais la PS4 est définitivement une plateforme qui chérit les amateurs de jeux effrayants. Depuis son lancement, la console de Sony a vu des titres en tous genres tenter de faire sursauter les joueurs. Entre le regretté mais toujours incontournable P.T, le terrible Outlast ou plus récemment Until Dawn, la petite soeur de la PS3 doit être perçue comme une terre d’accueil d’un genre que l’on pourrait croire en perte de vitesse, tant les expériences peinent à se renouveler malgré des jeux d’une qualité somme toute raisonnable. Est-ce ceci qui a poussé Krillbite Studio à se lancer dans l’aventure en tentant d’apporter leur pierre à l’édifice ? Rien n’est moins sûr, mais encore faut-il avoir les épaules pour se mesurer aux nombreux softs déjà considérés comme des essentiels du registre horrifique sur les consoles de dernière génération.
Boys and girls from every age, would you like to see something strange ?
S’il y a bien quelque chose de fascinant avec le jeu vidéo, c’est sa propension à nous placer dans la peau de personnages que l’on n’aurait jamais imaginer incarner, le tout dans des histoires pour le moins saugrenues. On a déjà tous rêvé d’être un super-héros, ou au moins un être extraordinaire, doté d’habilités surhumaines et sauvant le monde, voire même l’univers. Et le jeu vidéo nous a offert cette possibilité à maintes reprises, nous faisant jouer des avatars charismatiques, puissants, et en réponse à cette envie de sortir du carcan de la vie réelle. Mais il s’avère que parfois, ce média nous permet de vivre des aventures complètement en décalage avec les désirs des joueurs, recoupant alors la réalité avec le monde vidéoludique. Among the Sleep fait partie de ces jeux inconcevables au premier abord, dont l’ambiance enfantine semble être une véritable barrière pour accrocher un public adulte et mature. Et pourtant, c’est probablement ici la cible première du titre des jeunes gens de Krillbite Studios qui nous offrent un titre aussi déconcertant que mémorable.
Annoncé depuis l’année dernière sur PS4 (et compatible avec le casque de réalité virtuelle du constructeur nippon à venir, le PlayStation VR), le titre s’était déjà illustré avec un passage remarqué sur Kickstarter avant de confirmer un succès relativement conséquent pour un tel jeu. En effet, ce ne sont pas moins de 250.000$ que les développeurs ont réuni pendant la période de crowdfunding, une véritable surprise pour ces étudiants qui avaient initialement débuté la création de Among the Sleep en tant que projet de fin d’études. La suite, vous la connaissez probablement. Le jeu est arrivée au printemps sur PC, Mac et Linux avec des critiques et retours de joueurs assez mitigés. Cela s’explique pour plusieurs raisons sur lesquelles nous reviendrons en détail dans ce test. En revanche une chose est sûre : le titre ne s’adresse pas à tous les joueurs et regorge de qualités insoupçonnées pour un jeu du genre. D’autres éléments tels que l’aspect technique du jeu, sa durée de vie ou encore son étiquette de survival horror attribuée de façon un peu aléatoire nous confinent d’ailleurs dans cette idée là.
Le fait est que Among the Sleep réussit là où on ne l’attendait pas forcément et se rate sur des points attendus au tournant. Cela ne l’empêche pourtant pas de se positionner comme l’un des jeux de la scène indépendante de cette fin d’année 2015 sur PS4. Pour mieux comprendre tout ceci, reprenons les choses dans l’ordre. Among the Sleep se présente comme un survival horror à la première personne. Jusque-là, pas de réelle surprise puisque depuis quelques années, de nombreuses productions ont utilisé ce concept pour tenter d’effrayer un public en demande constante de sensations fortes. Là où le jeu de Krillbite Studio se démarque, c’est avant tout dans son idée principale qui est de placer le joueur dans la peau d’une enfant innocente tout juste âgée de 2 ans. La petite souffle d’ailleurs sa deuxième bougie lors de la cinématique d’ouverture et reçoit son cadeau d’anniversaire, un ourson en peluche malicieux, portant le nom de Teddy et qui sera bien plus qu’un compagnon dans les aventures de notre personnage principal.
Une fois la nuit tombée, notre très jeune héroïne sera amenée à déambuler dans les couloirs de la maison qui ne semble plus aussi rassurante qu’avant. Il faut dire que la direction artistique enfantine peut faire sourire au premier abord. Mais une fois que la nuit reprend ses droits, on rigole tout de suite un peu moins. Force est de constater que dès les premières minutes passées dans la pénombre, tout est immédiatement plus effrayant. D’autant plus lorsque l’on se trouve dans la peau d’un bambin en grenouillère. Le rapport à l’environnement s’en retrouve complètement bouleversé et on se prend à sursauter gentiment au détour d’un salon peu accueillant une fois le soleil couché. Heureusement, notre charmante petite est accompagnée de son nouvel ami, qui, une fois serré dans ses bras, produit une légère source de lumière. Ce sera la seule présence chaleureuse que l’on aura tout au long du jeu, autant vous dire que l’on a connu mieux. Néanmoins, le jeu n’offrira que très rarement de réelles frayeurs. Les jumpscares sont peu nombreux et les faiblesses du titre, sur lesquelles nous reviendront plus tard, ne lui permettent pas de plonger le joueur dans la peur la plus totale, comme on l’aurait espérer. L’immersion du joueur est largement perfectible et on ose espérer que lors du passage en réalité virtuelle, le jeu saura faire grimper le trouillomètre.
Quelle vie on mène quand on a deux ans
N’écoutant que son courage, notre fébrile héroïne partira donc à la recherche de sa tendre maman, parmi les ténèbres de son nid douillet. La fragilité de notre avatar se perçoit très vite. Bien qu’elle puisse se déplacer sur ses deux jambes et que courir lui est possible, la pauvre se vautrera lamentablement dans un râle pénible après quelques secondes de sprint intensif. On privilégiera alors pour certains passages la position d’infiltration du bambin, soit à quatre pattes, lui permettant de se déplacer plus vite et de façon un peu moins pataude. En revanche, exit certaines interactions avec l’environnement ou la possibilité de vous faire illuminer par votre chère peluche. Toutefois, les interactions seront en règle générale peu utiles et serviront tour à tour à ouvrir des portes, résoudre de bien maigres énigmes ou alors à ramasser certains objets indispensables pour progresser. Le gameplay est donc assez basique et pourrait s’apparenter très vulgairement à celui d’un point&click à la première personne, tout en restant un peu trop en retrait. Mais peut-on en vouloir à un titre qui, au final, tend plus vers l’expérience vidéoludique unique que vers un jeu vidéo à proprement parler ?
En effet, Among the Sleep place le joueur dans un univers qui lui est globalement familier. Cet environnement, on l’a tous connu quand nous étions encore des marmots incapables d’aligner plus de 3 mots correctement et malgré tout, impossible de se sentir en sécurité tout au long de nos pérégrinations. Pourtant, le jeu ne mise clairement pas sur son aspect technique qui aurait pu renforcer l’atmosphère oppressante. Au contraire, malgré de légères améliorations graphiques en comparaison de la version PC, Among the Sleep n’est pas beau. Entre les bugs d’affichage, des textures grossières et un framerate qui fait des siennes, on sent que l’on a affaire à un jeu crée par de jeunes développeurs. En revanche, si la partie sonore est globalement maîtrisée, on regrette que certains sons ne se lancent pas. En effet, on retrouve quelques bugs sonores qui peuvent donner une impression de jeu non fini. Néanmoins, avec un casque sur les oreilles, le jeu prend une toute autre dimension et devient tout de suite plus inquiétant. On ne saurait alors que trop recommander aux futur acheteurs de fermer les volets et de privilégier un bon casque afin de profiter au maximum de l’expérience que proposera le soft.
Pour continuer sur les recommandations, on ne saurait, une fois encore, que trop vous conseiller de prendre 3 heures de votre temps afin de compléter l’aventure en une fois et réellement en comprendre les tenants et aboutissants. Car si Among the Sleep pose les bases de son univers, il ne nous explique en rien son histoire, et c’est au joueur d’avoir la présence d’esprit de relever les quelques éléments tout au long du jeu qui lui permettront enfin de comprendre, non sans un certain pincement au coeur, le fin mot de l’histoire. Ou du moins, la cause des évènements qui amèneront le personnage principal à errer dans divers paysages effrayants. Après tout, le jeu évoque un sujet fort, qui ne devrait laisser personne de marbre. Mais pour être témoin de cette expérience unique, il faudra faire preuve d’une certaine indulgence envers l’aspect technique du jeu, sa faible durée de vie qui n’incite pas vraiment à relancer la partie et surtout… Un prix de 14,99€. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : Among the Sleep n’est pas un jeu que l’on oubliera de sitôt.
Verdict : 7/10
C’est un peu à contrecoeur que l’on attribue une note à Among the Sleep. Car, en dépit de ses faiblesses techniques et de son aspect horrifique largement perfectible, le jeu de Krillbite studios aborde un thème fort malgré une narration peu existante. Parce que, plus que jamais, on ne recommandera pas ce titre à n’importe qui. Nous sommes face à un jeu à l’apparence enfantine mais qui s’adresse principalement à un public ayant assez de maturité pour pardonner un prix un peu trop élevé doublé d’une faible durée de vie, en échange d’une expérience jamais vue jusque là.
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