Attendu comme le messie depuis son premier trailer diffusé au fameux salon des jeux vidéo, l’E3 édition 2017, grâce à son concept plutôt original et diaboliquement tentant, A Way Out est un jeu développé par Hazelight Studios, qui a débarqué il y a très peu de temps sur les différentes plateformes de jeu. Si vous pensiez que la rédaction avait fait l’impasse sur ce potentiel bijou vidéoludique, c’est raté, et voici justement nos impressions.
Test réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version numérique fournie par l’éditeur
« A Way… » quoi ?
Vincent et Léo… Léo et Vincent… Deux hommes, si différents psychologiquement et physiquement, mais qui ont pourtant des points communs : ils se retrouvent tous les deux en prison, dans des cellules adjacentes, à cause d’un seul et même homme, un dénommé Harvey. Vincent a été condamné à tort pour le meurtre de son propre frère, tandis que Léo a été incuplé pour son rôle lors d’une vente, au marché noir, d’un certain diamant. Les voici ainsi réunis, et vous voilà alors en compagnie d’un(e) ami(e) (le jeu est jouable uniquement en coopération en ligne ou en local), le temps d’une histoire qui devrait agréablement vous surprendre, et qui fait peut-être un peu d’ombre à son prédécesseur, le dénommé Brothers: A Tale of Two Sons.
Alors que toutes les vidéos diffusées jusqu’à présent ne faisaient état que de l’évasion des deux hommes, soyez rassuré, malgré une durée de vie un peu courte et décriée par la plupart des joueurs (nous avons fini le jeu en 5-6 heures de notre côté), le scénario vous propose de nombreux rebondissements et beaucoup de séquences dans des lieux différents. Ainsi, le jeu vous mènera bien au-delà des murs et barbelés de la prison, car leur plan n’est pas seulement de s’évader. L’évasion n’étant qu’une première étape, puisqu’ils cherchent tous les deux à se venger et à tuer Harvey, pour le mal qu’il leur a fait. C’est donc, en quelque sorte, main dans la main que les deux hommes (et donc les deux joueurs) devront s’épauler et s’entraider face aux nombreux obstacles qui se tiendront sur leur route qui mène à la vengeance. Il faudra ainsi faire certains choix quant à vos approches face à un obstacle. Par exemple, dans le cas illustré sur l’image juste au-dessus, Léo et Vincent se tiennent devant une maison, appartenant à un couple de personnes âgées. Les joueurs devront alors se décider entre : libérer les chevaux de la grange pour faire sortir le couple de la maison (méthode de Vincent), ou les maîtriser et les ligoter dans un coin (approche de Léo). À plusieurs reprises, les joueurs devront ainsi procéder à des choix, du même acabit, ce qui a le don de proposer un peu de rejouabilité et permet de découvrir des scènes alternatives.
Enfin de la coop’ !
L’atout principal du jeu d’Hazelight Studios est très probablement son gameplay, soit l’obligation de jouer en coopération, que ce soit en ligne ou en local. Sans vouloir rentrer dans une polémique sans fin, la plupart des joueurs sera d’accord pour dire que la coopération en local dans les jeux vidéo n’est pratiquement plus d’actualité depuis des années (hors jeux de course, combat et sport en général), alors qu’elle était bien présente sur les anciennes consoles comme la GameCube ou la PlayStation 2. Pour certains, c’est vraiment dommage, mais c’était sans compter sur l’arrivée de A Way Out. Alors que les développeurs avaient déjà travaillé – avec brio – sur cet aspect dans Brothers: A Tale of Two Sons, ils semblent être passés à la vitesse supérieure avec ce jeu, car la coopération est réellement mise en avant. De quoi promettre de véritables moments de rire et de plaisir entre vous et votre ami(e), tant la synchronisation de vos actions est fructueuse, ou non.
C’est relativement simple : l’un des joueurs incarne Léo et l’autre Vincent (il est possible de changer de rôle à chaque fois que vous relancerez le jeu, même si vous n’avez pas fini le scénario). C’est dans cette optique que chacun d’entre vous devra effectuer de multiples actions, résumées par de simples QTE, pour s’évader de prison, protéger votre partenaire, attirer l’attention d’un personnage ou autre. Par exemple, dès le début du jeu, un moment de coopération est relativement intéressant et donne le ton : encore en prison, mais cherchant à s’évader, Léo et Vincent déplacent leurs toilettes respectives (clin d’oeil à Prison Break ?). Ainsi, l’un d’entre vous devra faire le guet et interagir avec les matons pour faire gagner du temps à l’autre, occupé dans sa cellule à démonter le WC. Les rôles sont par la suite inversés. Certaines fois, il faudra faire preuve d’une parfaite synchronisation pour gagner du temps et le jeu demande surtout beaucoup de communication entre les joueurs. D’autant plus lorsqu’ils devront pagayer en eaux troubles, sur un petit rafiot, conduire en moto-cross lors de course-poursuites, ou tuer les hommes de main dudit Harvey.
Une maîtrise technique certaine
Si A Way Out est avant tout une expérience vidéo-ludique unique, le jeu semble emprunter beaucoup d’aspects au 7ème Art, à commencer par le choix du cadrage et les visuels. Le jeu se faisant à deux, l’écran est nécessairement séparé en deux parties (ou en trois, comme sur l’image ci-dessus). Or, si le scénario se focalise sur Léo, alors la partie de l’écran concernant Vincent est évincée au profit de celle de ce premier. Et inversement. Ainsi, visuellement, le jeu propose une véritable dynamique à l’instar de ce qui est raconté et ce qui se déroule sous nos yeux. Le moment le plus intéressant en ce qui concerne cet aspect est probablement la séquence à l’hôpital, qui mêle beaucoup d’actions et des plans divers en fonction du scénario (mais arrêtons là pour ne pas spoiler cette scène emblématique).
Après le cadrage et les emprunts au cinéma assez flagrants, et surtout agréables, notons les graphismes. Certains joueurs les trouveront probablement un peu trop cartoon sur les bords, mais ils restent tout de même assez réalistes. Le jeu de lumière est d’ailleurs parfois très convaincant et offre une scène visuellement satisfaisante pour les yeux. Après l’évasion, les joueurs parcourront plusieurs kilomètres en compagnie de Léo et Vincent, créant une occasion pour ces derniers de découvrir différents lieux ayant chacun une ambiance tout à fait particulière. Ainsi, la séquence dans l’hôpital n’a nécessairement rien à voir avec celle dans le cinéma. Hazelight Studios reste dans la ligne graphique de Brothers: A Tale of Two Sons, tout en proposant plus de réalisme et un sentiment de pure beauté à son dernier jeu. Et comme dans tous les bons jeux, la bande sonore colle parfaitement à ce qui se déroule à l’écran, et a tendance à faire grimper le taux de stress chez le joueur si le timing est assez serré.
Verdict : 8/10
Si Brothers: A Tale of Two Sons était déjà un véritable succès et un très bon jeu indépendant, et ce encore aujourd’hui, Hazelight Studios prouve avec A Way Out qu’ils peuvent faire encore plus et surtout encore mieux. Le tout grâce à une technique graphique, voire cinématographique, peaufinée, un gameplay full coop’ très plaisant et immersif, et un scénario aux petits oignons, malgré une durée de vie qui peut paraître un peu courte.
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