Il y a trois ans, le studio bordelais Asobo créait la surprise en proposant A Plague Tale: Innocence, un titre narratif prenant place dans une France médiévale, en pleine crise de peste noire. Nous y suivions alors une sœur ainsi que son jeune frère, ce dernier en proie à une mystérieuse maladie. L’Inquisition à leurs trousses, ces deux enfants allaient devoir survivre et trouver un moyen de sauver Hugo de son mal. Malgré son format double A et ses redondances de gameplay, A Plague Tale: Innocence aura trouvé son public grâce à son histoire touchante et son atmosphère quasi unique. Fort de ce succès, il était à prévoir qu’une suite verrait le jour. Sans surprise, voici qu’arrive A Plague Tale: Requiem, nous replongeant dans le périple d’Amicia et Hugo.
Test réalisé sur PC grâce à une version numérique fournie par l’éditeur
Il faut entrer dans cette masse d’hommes comme un boulet de canon ou s’y glisser comme une peste
À la suite des événements du précédent jeu, nous quittons les terres de la Guyenne pour celles de la Provence. Quelques temps ont passé, Amicia et Hugo tentent de se reconstruire, accompagnés de leur mère ainsi que de leur ami Lucas, les ayant suivi. Malgré la chute de l’Inquisition, rien n’est fini. La peste sévit encore et la Macula, mal rongeant le petit Hugo, gagne du terrain. La mère d’Amicia et Hugo décide donc d’entrer en contact avec un dénommé Vaudin, Magister d’un occulte Ordre d’alchimistes. La froideur et le comportements du Magister mettent en alerte Amicia sur ses intentions, notamment quand celui-ci décide d’envoyer l’enfant au siège de l’Ordre à Marseille pour y être interné. En route vers Marseille et chassés par la garde du Comte de Provence après une altercation plus tôt, Amicia et Hugo seront amenés à quitter le groupe, préférant partir à la recherche d’une île mystérieuse hantant les rêves du jeune garçon.
Compte tenu de ses capacités à l’époque, Asobo Studio avait accompli un travail remarquable sur A Plague Tale: Innocence. Certes, des défauts évidents subsistaient aussi bien dans sa technique que dans sa boucle de gameplay redondante bien qu’intéressante, mais le studio a vraiment mis les bouchées doubles pour cet opus. Offrant déjà des panoramas somptueux et des moments de contemplations avec A Plague Tale : Innocence, A Plage Tale : Requiem nous offre des environnements bien plus détaillés et bluffant. Très honnêtement, la nature provençale a déjà plus de charme que les environnements gris et boueux de la Guyenne. Régulièrement, nous sommes amenés à parcourir des terres au ciel ensoleillé, faites de lavandes et de pins. Requiem nous offre aussi des environnements plus vastes que par le passé. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un monde ouvert, loin de là, mais le jeu se veut un poil moins dirigiste, du moins dans son world design. Dans Innocence, nous avions souvent l’impression d’être sur des rails constamment, avec très peu d’opportunités d’explorations. Dans A Plague Tale: Requiem, on ouvre un peu plus les environnements pour y découvrir des petites choses, comme des fleurs ou des plumes à collecter pour Hugo, ou encore des souvenirs. Les souvenirs sont considérés comme des étapes clés dans votre périple, que vous pourrez vous remémorer à n’importe quel instant dans votre codex.
Le monde de A Plague Tale est également plus vivant que jamais. Asobo a mis l’accent sur la présence des PNJ dans son jeu et les interactions avec ces derniers. Il ne faudra pas s’attendre à une simulation de discussion, mais plusieurs d’entre eux ont souvent un petit quelque chose à dire ou à faire, que ce soit quand vous passez à proximité ou en vous adressant à eux directement. Nous ne pouvons faire l’impasse sur les principaux protagonistes et notamment du personnage d’Amicia qui aura certainement bénéficié du plus de soin en terme de modélisation et d’animation, dont les émotions peuvent être ressentis grâce aux expression faciales. On est clairement à un niveau supérieur à celui de A Plague Tale: Innocence. Malheureusement, tous n’ont pas le même privilège, et notamment le personnage de Lucas qui, bien que restant très convaincant, ne semble avoir qu’une expression tout au long du jeu. Ne soyons pas trop dur non plus, malgré le succès du premier opus et les moyens supplémentaires apportés à Requiem, nous restons encore sur un jeu de qualité double A, et donc pas forcément au niveau de super productions de certains grands développeurs.
Un gameplay peaufiné mais pas pour autant réinventé
Ce que l’on pouvait reprocher à A Plague Tale: Innocence c’est sa boucle de gameplay. Une grande partie de ce dernier reposait sur l’utilisation de la fronde. Asobo a tenté d’élargir la palette un tantinet. Si la fronde reste un élément essentiel du gameplay de A Plague Tale: Requiem, il faudra composer avec de nouveaux outils, à l’image de l’arbalète. Si son utilisation peut paraitre un poil doublon vis-à-vis de la fronde, elle est complémentaire à cette dernière. Elle vous permettra, par exemple, de vous débarrasser des ennemis portant un casque, chose que la fronde ne peut plus faire. Elle sera aussi utile pour embraser des éléments comme des planches en bois en y plantant un carreau enflammé. On y retrouve aussi l’alchimie et une partie des préparations bien connues comme l’Ignifère ou l’Odoris, mais aussi de petits nouveaux comme l’Exstinguis permettant l’aveugler l’ennemi ou d’éteindre les sources lumineuses, ou encore le Poix qui permet d’intensifier le feu. Il y a toujours moyen d’améliorer son équipement grâce aux ateliers disséminés un peu partout dans le jeu, mais il faudra aussi composer avec un nouveau système de compétence. Au fur et à mesure, vous pourrez débloquer des améliorations dans trois catégories : Prudence, Agressivité et Opportunisme. Dans l’ensemble, le gros du jeu reste le même et repose sur les mêmes mécanismes que ceux de son prédécesseur à savoir : se frayer un chemin à travers les hordes de rats.
Le jeu mise plus sur la composante « furtivité ». Régulièrement, vous serez amené à contourner des lieux gardés par des soldats en passant par des hautes herbes ou par l’utilisation de cachettes, comme en passant sous une table. On pourra toujours détourner l’attention des ennemis par un lancer de pierre ou de pot, mais il sera aussi possible de se faufiler derrière l’un d’entre eux et de leur infliger un coup de poignard, grâce à des couteaux à collecter et utiliser comme consommables. Ils peuvent aussi être utiliser en cas de défense si un ennemi s’apprête à vous asséner un coup. Globalement, A Plague Tale: Requiem se veut moins punitif que son prédécesseur. Par exemple, il sera possible de prendre un premier coup avant que le prochain ne soit fatal. Cela se caractérise par votre vision passant en noir et blanc avec un halo rougeâtre autour de l’écran. Comme dans les jeux modernes, il faudra attendre quelques secondes avant que votre était ne revienne à la normale. Si vous être pris en chasse, il est aussi assez aisé de semez vos poursuivant. Malheureusement, l’IA ennemi ne brille pas des masses et s’avère relativement facile à duper. Attention à ne pas vous retrouver coincer par un cul de sac, elle ne vous loupera pas. Aussi, impossible de quitter une zone par une porte tant que celle-ci est en alerte. Un garde apparaitra toujours derrière vous pour vous stopper.
Bien sûr, les rats ont eux aussi un rôle majeur dans tout cela. En plus d’être la source du fléau, il seront un élément de gameplay à part entière grâce aux facultés du petit Hugo. En effet, depuis la fin du premier opus, Hugo a développé le pouvoir de contrôler la vermine. Il est désormais capable de prendre possession d’une horde de rats et de l’envoyer dévorer ses adversaires. Ou encore d’utiliser les secousses produites par les rats dans les sols comme d’un sonar et de voir si des individus se trouvent à proximité, même à travers les murs. Tout cela se fait par une pression de la touche A. Attention néanmoins pour le contrôle des rats, Hugo disposera d’une jauge de santé mentale, celle-ci s’amenuisant si vous utilisez la capacité trop longtemps. Techniquement, il est impressionnant de voir autant de rats à l’écran, parfois utilisés dans des mises en scènes spectaculaires.
Un double A aux portes du triple A
Malgré son appellation dite AA ou double A, le boulot et les améliorations apportées par Asobo sont titanesques. En à peine trois ans, le studio nous aura proposé une suite bien supérieure à A Plague Tale: Innocence à bien des égards. Un gameplay agrémenté, une réalisation sublimée, le tout accompagné d’une bande originale aux petits oignons dont Olivier Derivière a le secret. Si moult louanges il y a à faire à cette suite, de petits défauts persistent, tout d’abord dans sa mise en scène. Par endroits, certaines animations faciales ou gestuelles manquent de finition, tout comme certaines transitions ou coupures de caméra mal choisies. Quelques phases de gameplay à l’images des fuites sont parfois un peu confuses dans leur prise en main et il n’est pas rare de devoir recommencer la séquence une à deux fois avant d’y arriver. Pour une raison étrange, la version française du jeu nous a paru moins convaincante que celle présente dans A Plague Tale: Innocence, avec des moments où les répliquent tombaient un peu à côté. De plus, le mixage sonore semble être d’une qualité inférieure à celle de la version anglaise. Un comble pour un jeu français dont l’intrigue prend place en France. Il est un poil hérissant de constater que la synchronisation labiale des personnages est aussi adaptée aux dialogues anglais et non au français, mais ça c’est le petit côté chauvin qui parle. Pour finir, si notre aventure s’est passée sans trop d’embûches, nous avons eu la désagréable surprise de nous retrouver coincé à un endroit, avec l’incapacité pour notre personnage de bouger, malgré des tentatives de recharge de la sauvegarde. Fort heureusement, ce fut l’unique problème rencontré. Il faudra espérer que ce désagrément puisse être corrigé avant la sortie du jeu, ce mardi 18 octobre. Comptez une quinzaine d’heure pour voir le bout du périple, un périple semé d’embûches et qui nous ne laissera pas indifférent.
Verdict : 8/10
Décidément, A Plague Tale nous aura charmé une fois encore avec cet épisode Requiem. Loin d’être parfait à tous niveaux, A Plague Tale: Requiem sublime en grande partie le travail achevé par son prédécesseur. On a plaisir à retrouver Amicia et Hugo, à découvrir leurs nouvelles péripéties ainsi que les ajouts apportés par les équipes d’Asobo. Plus beau, plus grand, plus fort et ce en seulement trois ans de développement, on ne peut qu’applaudir le studio bordelais. Si vous aviez adoré le premier volet, cette suite devrait vous satisfaire, pour les autres, il faudra peut-être passer votre chemin, mais pour nous, A Plague Tale: Requiem est incontestablement un grand oui de cette fin d’année 2022.
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