Ce n’est un secret pour personne, nombreux sont les jeux à sortir « gagnants » de l’épreuve dite du Kickstarter. Ce site de financement participatif a en effet vu, depuis sa création, des tonnes de titres, pas toujours mémorables, naître grâce au soutien financier des joueurs du monde entier. Qu’on se le dise, le genre autrefois prospère du platformer 3D semble d’ailleurs sortir de sa (très longue) traversée du désert aussi et surtout grâce à ce genre de sites. Et si Yooka-Laylee (développé par les papas de Banjo-Kazooie et consorts), sorti au printemps dernier, s’était hélas montré des plus décevants malgré son budget de plus de 2 millions d’euros, sachez qu’un outsider compte bien lui chiper le statut de meilleur jeu du genre de l’année 2017, et ce, sans la présence aucune d’un ex-plombier moustachu. Mesdames, messieurs, asseyez-vous et tenez-vous prêts, voici A Hat in Time !
Test réalisé sur PS4 Pro à partir d’une version fournie par l’éditeur
C’est donc en 2014, après avoir obtenu plus de 10 fois la somme demandée initialement, que le studio danois Gears for Breakfast a pu commencer le développement de son tout premier bébé baptisé A Hat in Time. Le titre du jeu en question est bien évidemment un jeu de mot basé sur l’expression anglaise « A Crack in Time », ou « Une faille temporelle » dans la langue de Molière. Le terme « Hat » faisant ici référence au chapeau porté par l’héroïne que l’on incarne durant toute l’aventure, la bien-nommée et mignonnette Hat Kid. Pour l’anecdote, d’aucuns auront sûrement remarqué que le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, en plus de voir le jour en ce 6 décembre sur PlayStation 4 et Xbox One, est déjà disponible depuis le 5 octobre sur PC et Mac. Pour être totalement transparents avec vous, nous avons déjà retourné le jeu dans tous les sens dans sa version Steam il y a 2 mois de cela. Mais nous tenions à attendre de voir ce que donnerait son homologue console, afin de regrouper notre avis en un seul et même test. D’ailleurs, le titre étant à 99% identique sur les deux versions, autant parler immédiatement du peu de différences qui séparent ces itérations.
Le coup du parapluie
Pour avoir passé un très grand nombre d’heures sur la version PC, voici donc ce que nous avons pu remarquer lors de nos sessions de test sur cette version console. Tout d’abord, et c’est sans doute le plus important, le framerate a été malheureusement revu à la baisse. Là où nous nous étions habitués à ne pas descendre sous la barre des 60 images/seconde sur PC, voilà que la version PS4 Pro ne monte pas, elle, au-dessus des 30 images/seconde. Il faut être honnête, sur ce coup nous avons été quelque peu déçu. Le jeu tournant sous Unreal Engine 3 (et pas 4), et la console étant surtout capable de cette « prouesse » sans problème, nous ne comprenons pas bien ce choix fait par les développeurs. Quoi qu’il en soit, c’est là le seul véritable point qui diffère de la version PC. Quelques cut-scenes ont bien été modifiées de-ci de-là, et quelques patterns de boss ont été changés (en plus difficiles), mais c’est également le cas sur l’itération Steam depuis de récentes mises à jour.
D’ailleurs, si certain(e)s parmi vous attendaient la sortie de la version console pour sauter le pas, en espérant que cette fois-ci le jeu serait traduit en français, sachez qu’il n’en est rien. En effet, tout comme sur PC, le jeu est intégralement en anglais (voix et textes), et aucune traduction n’est prévue pour le moment. Enfin, le prix, lui, est également le même (fort heureusement) qu’à sa sortie en octobre dernier. Ainsi, le jeu vous en coûtera 28,49€ très exactement. Un tarif tout à fait abordable au vu de ce qu’il a à proposer, et nous allons à présent vous expliquer pourquoi.
Rendre hommage aux platformers 3D de l’âge d’or, telle était visiblement la mission de Gears for Breakfast. Ainsi, vous ne serez sans doute pas perdus si l’on vous dit que le bébé danois vous fera penser, notamment, à Super Mario Sunshine, Paper Mario ou encore Psychonauts. Toute une époque que nous avons adoré nous remémorer le temps de cette aventure ô combien envoûtante. La faute à une direction artistique des plus soignées, tout d’abord, mais aussi à une bande-son que l’on qualifiera d’inoubliable. Pour faire simple, sachez qu’outre le fait que tous les dialogues du jeu soient – excellemment – doublés en anglais, les compositions que l’on entend à travers le jeu proviennent de maestros tels que Pascal Michael Stiefel ou encore Grant Kirkhope (déjà à l’oeuvre sur Banjo-Kazooie, Donkey Kong 64, Viva Piñata, Kingdoms of Amalur: Reckoning…). Au total, ce ne sont pas moins de 78 pistes sonores qui n’ont eu aucun mal à nous bercer, et ce, que l’action à l’écran soit frénétique ou tout au contraire des plus contemplatives. D’ailleurs, et même si cela ne révolutionnera en rien votre manière de parcourir le jeu, sachez que ce dernier propose un mode Photo. Quelques effets et quelques filtres sont donc au programme, pour ceux qui souhaiteraient se faire une jolie petite galerie de fonds d’écran PS4, au moyen d’une simple pression sur le pavé tactile de la manette DualShock 4.
It’s a me, Hat Kid!
Et si visuellement, nous vous le disions plus haut, le titre a ce quelque chose d’enchanteur, c’est aussi et surtout grâce à ses choix en termes de couleurs et d’effets de lumière. Les textures peuvent parfois paraître (très) grossières et le flou d’arrière-plan n’est là que pour aider le jeu à tourner sans anicroche aucune, c’est un fait. Pourtant, il nous est arrivé de nombreuses fois de nous stopper en pleine exploration afin de contempler les alentours et/ou de prendre des screenshots à la volée (♫ Un petit oiseau… ♫). Il faut dire aussi que, contrairement à bon nombre de platformers, A Hat in Time est très ouvert. Au total ce sont pas moins de 5 mondes que vous devrez parcourir, tous extrêmement différents de par leur ambiance. On notera au passage que 2 mondes supplémentaires arriveront gratuitement dans les mois à venir, ainsi qu’un mode Coopération jusqu’à 2 joueurs (en local mais également en ligne). Pour en revenir aux environnements, sachez que le jeu, à l’instar de ses illustres aînés, vous lâche en pleine nature dès le début de l’aventure, sans vous aiguiller outre mesure. Il vous incombera donc de comprendre comment se déroule le cheminement de l’ensemble.
Concrètement, à la manière d’un Super Mario 64 notamment, Hat Kid démarre toujours d’un hub central. Dans ce cas précis, ce n’est autre que son vaisseau spatial (qui est aussi sa maison de fortune). Dans ce dernier, plusieurs portes (correspondant chacune à un monde) sont à votre disposition, mais une seule sera débloquée au départ. À vous, donc, de terminer suffisamment de niveaux dans le monde numéro 1, Mafia Town, pour déverrouiller les lieux suivants. L’avantage c’est que, même si la progression pourra sembler linéaire de prime abord, elle deviendra rapidement ouverte au fil de votre épopée. Car vous vous en doutez, une fois que vous aurez ramassé suffisamment de sabliers temporels (à savoir un par niveau) pour débloquer la suite de l’aventure, il arrivera forcément un moment où vous en aurez assez pour jouer le niveau/monde de votre choix. Il n’y a pas vraiment d’ordre imposé par le jeu finalement, outre le tout premier monde bien entendu.
Le continuum espace-temps
D’ailleurs, il est primordial de noter qu’aucun monde ne se ressemble. Ni en termes d’ambiance, ni en termes… de gameplay. Et c’est en cela que le jeu met une énorme gifle à tous les autres jeux du genre sortis cette année (oui, oui, TOUS !). Car si la jouabilité possède évidemment une base des plus intuitives – on dirige Hat Kid avec le stick gauche, on tourne la caméra avec le stick droit, on saute avec la touche Croix, on donne des coups de parapluie avec la touche Carré… -, chaque niveau parcouru est pensé pour mettre en avant un type de gameplay bien précis. Par exemple, durant le chapitre qui vous demandera d’enquêter sur un meurtre au sein d’un train en marche (coucou Agatha Christie !), le jeu passe en mode « infiltration ». Autrement dit, il vous sera demandé de respecter les mécaniques de gameplay mises en place durant ce chapitre précis (ne pas se faire repérer, étudier les possibilités qui vous sont offertes, etc). Autre exemple, concernant cette fois la partie Alpine City, à savoir l’une des plus longues du jeu. Ici, vous devrez vous rendre sur plusieurs montagnes afin de déverrouiller votre objectif progressivement. Il s’agira donc de vous conformer aux règles des lieux (déplacements en tyrolienne uniquement, utilisation de pouvoirs permettant de faire apparaître des plateformes invisibles au préalable, etc). Nous pourrions vous exposer la richesse de ce game design pendant des heures tant le tout se montre diversifié du début à la fin de l’odyssée de la petite Hat Kid.
D’ailleurs, est-ce que l’on vous a parlé du niveau qui vous demande de livrer des colis à des fantômes, le tout en scooter ? Eh bien disons que nous vous laissons le soin de découvrir par vous-même cette mission des plus délirantes (et la réponse est « oui », il y a bien un klaxon activable à volonté sur ce bolide à deux roues). Car un vendeur présent à plusieurs reprises durant votre périple vous proposera divers objets (dont ce fameux scooter) mais nous ne dévoilerons rien de plus à ce sujet. En revanche, s’il y a une chose que nous ne vous avons pas encore évoqué pleinement, c’est bel et bien le potentiel que recèlent Kurt les différents couvre-chefs de notre héroïne. En effet, que ce soit pour faire face à la méchante Mustache Girl (!), aux nombreux ennemis qui vous barreront la route (boss y compris), ou tout simplement pour découvrir des passages secrets, notre petite aventurière va devoir régulièrement changer de chapeau.
Pour ce faire, vous pouvez soit rester appuyé sur la touche L1 puis choisir le chapeau voulu dans la roue qui apparaît. Soit faire défiler ceux qui sont dans votre inventaire directement à l’écran en pressant les touches gauche et droite du pavé directionnel. Chacun des chapeaux du jeu, dont le pouvoir se lance avec la touche L2, devra être crafté au préalable, mais rien de bien compliqué n’est à noter à ce sujet, rassurez-vous. En effet, il suffira de ramasser suffisamment de pelotes de laine pour pouvoir fabriquer lesdits accessoires. Parmi les choix proposés par le jeu, on notera surtout la casquette Sprint, ou encore le chapeau de sorcière permettant de concocter des éprouvettes de nitroglycérine à balancer, au choix, sur les ennemis ou sur les caisses en bois. De quoi rendre l’aventure encore plus explosive qu’elle ne l’est déjà. Une épopée qui durera 8 heures en ligne droite, et le double si vous souhaitez tout explorer et/ou déverrouiller les 28 trophées PSN (dont 1 Platine) que contient le jeu.
Verdict : 9/10
Débarqué plus ou moins de nulle part, tout comme son héroïne, A Hat in Time nous a mis une baffe comme trop peu de platformers 3D récents. Pour un peu moins de 30 euros, les joueurs PC, PlayStation 4 et Xbox One tiennent là une perle du genre qui ne demande qu’à briller encore un peu plus. En effet, alors que le jeu de base propose déjà un contenu conséquent, le bougre se verra encore enrichi en 2018 de deux nouveaux mondes à parcourir et d’un mode Coopération à 2 joueurs, le tout gratuitement. Que dire, qui plus est, de son gameplay ingénieux et varié, ou encore de sa bande originale digne des plus grands classiques des années 90-2000 ? Et si le titre est malheureusement disponible uniquement dans la langue de Shakespeare (bien que compréhensible sans souci, selon nous), il faut bien avouer que nous avons eu un mal fou à lui trouver d’autres défauts. Après l’avoir terminé sur PC il y a à peine 2 mois, nous nous sommes faits un plaisir de tout refaire sur cette version console, c’est dire ! A Hat in Time est donc un grand jeu, à n’en pas douter, à mettre sous le sapin de quiconque cherchera un peu de fraîcheur vidéoludique. D’ailleurs, ses initiales ne tromperont personne, A Hat in Time is really A HIT!
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