Sorti en 2020 sur PS4, 13 Sentinels: Aegis Rim revient cette année sur la dernière machine de Nintendo. Contrairement aux anciens jeux de Vanillaware, il n’y a pas beaucoup d’action et l’histoire est au cœur de l’expérience, Visual Novel oblige. Un genre idéal pour la Nintendo Switch que l’on peut emmener partout, à condition que le portage soit de qualité. Heureusement, il l’est.
Test réalisé sur Nintendo Switch grâce à un code envoyé par l’éditeur
Sentinelles, rassemblement
Avant d’en venir aux spécificités de cette version Nintendo Switch, rappelons tout de même ce que propose 13 Sentinels: Aegis Rim. Développé par Vanillaware, proposant d’habitude des jeux d’action 2D comme Muramasa: The Demon Blade ou Odin Sphere, 13 Sentinels: Aegis Rim est avant tout un Visual Novel, tout en ayant une légère touche stratégie pour ses combats. Ainsi, le scénario tient une place primordiale et comme les joueurs de la version PlayStation 4 le savent déjà, il est tout bonnement gargantuesque. En effet, on ne joue pas moins de 13 personnages dans une intrigue prenant place au Japon et ce à différentes époques. On retrouve le Pays du soleil levant des années 1990 mais aussi celui de nos temps, sans oublier une plongée dans le futur ainsi que dans un passé plus lointain. Ces 13 héro(ïne)s sont des lycéens aux pensées et aux origines diverses, vivant une aventure pour le moins étonnante car dans 13 Sentinels: Aegis Rim, on a du voyage dans le temps, des méchas géants nommés Sentinelles, des kaijus tout aussi grands nommés Deimos qui veulent détruire le monde, le tout avec une multitude de secrets… Au départ, on a de quoi en perdre la tête.
Là où divers jeux auraient pu foncer la tête dans le mur avec une histoire inutilement complexe, 13 Sentinels: Aegis Rim fait fort avec une écriture aussi profonde que précise, réellement prenante. Dès les premières minutes, on se passionne pour les événements affectant les vies de pauvres lycéens qui n’ont rien demandé, en apparence du moins pour certains. Qui dit voyages dans le temps, humanité en péril et complots dit forcément retournements de situations et à ce jeu, les scénaristes de Vanillaware s’y connaissent bien. Ainsi, le joueur est constamment surpris et ce avec tous les personnages, surtout quand on se rend compte à quel point tout est lié.
Aussi, 13 Sentinels: Aegis Rim réussit à éviter les clichés habituels du genre, du moins en général. Oui, parfois, on n’échappe pas à certains côtés plus ou moins gênants des productions japonaises, dont le portrait des femmes mais heureusement, c’est moins exagéré que dans les précédents travaux de Vanillaware. Avec 13 Sentinels: Aegis Rim, on retient surtout un récit de science-fiction dramatique palpitant avec de multiples références utilisées avec soin, tout en mettant en avant des personnages aussi attachants qu’approfondis. Bien entendu, avec un « simple portage », on garde souvent le scénario de base et 13 Sentinels: Aegis Rim ne propose donc pas de contenu supplémentaire sur Nintendo Switch mais au vu de tout ce qui est présent, c’est déjà largement suffisant, surtout que le gameplay suit derrière.
Visual Mecha Novel
Outre son histoire séduisante, 13 Sentinels: Aegis Rim a de quoi faire fonctionner les méninges des joueurs car dans sa partie Visual Novel, il y a une grande liberté et plusieurs enquêtes à mener, peut-être plus que dans les autres softs du genre. Une fois le prologue passé, on peut jouer dans n’importe quel ordre, enfin, quand c’est possible car certains moments sont bloqués selon la progression. Vous avez bien lu, on peut choisir le personnage de son choix et à partir d’un point de départ, on a une multitude de chemins différents, menant à chaque fois à des informations essentielles afin de pouvoir progresser. Par exemple, en écoutant une conversation d’une bande à côté, on découvre un indice nous indiquant qu’un personnage se trouve à tel endroit plutôt qu’à un autre, ce qui permet de le trouver au lieu de le rater. Aussi, quand on obtient un détail important, il est stocké dans les mémoires d’un personnage, ce qui peut être utile par la suite. Enfin, on peut se déplacer dans les décors en 2D afin de parler à divers individus et collecter des objets, donnant même un petit aspect Point’n Click des plus agréables au tout.
Là où 13 Sentinels: Aegis Rim brille, c’est dans le fait qu’une fois qu’on a atteint la fin d’un chemin, on peut revenir en arrière afin de faire d’autres choix. Cela nous tient en haleine car au lieu de simplement suivre une histoire linéaire, on a plusieurs récits pour un seul personnage et quand on sait que chaque héros et héroïne a le droit à autant d’attention, c’est tout bonnement hallucinant. Certaines scènes peuvent mener à plus de 2 voies alternatives mais qui forment un ensemble cohérent, preuve de la qualité de l’écriture. Même celles et ceux qui sont réfractaires aux Visual Novels pourront se laisser happer par 13 Sentinels: Aegis Rim.
Pour apporter un peu de variété, 13 Sentinels: Aegis Rim propose divers combats jouables directement mais ne vous attendez pas à voir de violents affrontements entre méchas et kaijus à la sauce Muramasa: The Demon Blade ou Odin Sphere. Ici, on a affaire à du tactique en temps semi réel, sur des cartes où le terrain fait plus office de décor qu’autre chose mais la tâche n’en est pas moins aisée. Là aussi, après quelques combats tutoriels lors du prologue, on a le choix des personnages pour en avoir jusqu’à 6 par bataille, chacun a ses spécificités et coups uniques. Les combats ont un temps limité de 2 minutes mais lorsqu’on choisit une action, le temps s’arrête, ce qui facilite un peu les choses mais gare à vous car les ennemis ne font pas de cadeaux, étant nombreux et armés jusqu’aux dents. De plus, une seule mort de votre côté et c’est la fin, sans oublier qu’il faut protéger des points particuliers. Sans être aussi profond qu’un Fire Emblem ou un Age of Empire, entre autres, 13 Sentinels: Aegis Rim propose des phases de stratégie assez fun qui permettent de varier davantage l’expérience mais elles ne sont pas irréprochables pour autant.
On parlera davantage de l’aspect graphique plus tard mais dans sa partie stratégie, 13 Sentinels: Aegis Rim est bien moins tape-à-l’œil qu’ailleurs car vos unités comme celles des ennemis sont représentées de manière abstraite, sur ce qui semble être une simulation virtuelle au lieu d’un vrai champ de bataille. L’austérité, cela a parfois du bon mais pas ici, puisqu’on a parfois du mal à voir quel type de Deimos nous attaque, ce qui n’arrange pas toujours les choses, vous en conviendrez. C’est dommage que Vanillaware n’ait pas fait plus d’efforts pour les combats mais ils ont au moins le mérite d’être là. On outre, il y a une composante RPG car en dépensant des crédits, on peut améliorer diverses choses pour chaque Sentinelle : résistance, force, vitesse, ajout d’une seconde tourelle pour tel ou tel mécha, etc. Sur ce point, le développeur a de l’expérience et cela se ressent, tant c’est minutieux et addictif. Bref, avec 13 Sentinels: Aegis Rim, on a un cocktail pour le moins étonnant et délicieux qui conserve toute sa saveur sur Nintendo Switch, vu que les contrôles restent précis et efficaces, de quoi apprécier les 20-30 heures et quelques nécessaires pour en venir à bout. On aurait apprécié malgré tout l’utilisation du HD Rumble pour des vibrations de qualité, hélas, 13 Sentinels: Aegis Rim n’en a même pas. Ce n’est pas essentiel mais ça aurait pu apporter un petit plus à l’immersion.
Un tableau vivant
Les titres de Vanillaware ont toujours su charmer grâce à leurs directions artistiques semblant tout droit sortir d’un livre illustré, puisque tout ou presque semble fait à la main. 13 Sentinels: Aegis Rim ne déroge pas à la règle, avec une partie Visual Novel bluffante. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est réalisé avec parcimonie, nous laissant pantois devant le moindre détail. De ce fait, parcourir le Japon à travers différents temps est un pur régal. L’ambiance se veut rétro, rappelant quelque peu les animés ou jeux d’antan, ce qui ne manque pas de charme, au contraire. La direction artistique est au point et les personnages sont assez expressifs, ce qui est nécessaire pour apprécier un Visual Novel à sa juste valeur. Comme on l’a dit plus tôt, il y a quelques fois où l’on peut être gêné/amusé/exaspéré en voyant certains designs de femmes adultes mais rien d’aussi choquant que dans Dragon’s Crown, fort heureusement (ceux qui y ont joué ou vu des extraits comprendront rapidement).
13 Sentinels: Aegis Rim serait donc à la limite de la perfection visuelle sans sa partie stratégie, avec de la 3D sommaire et guère excitante, là où on aurait pu avoir des représentations stylées d’affrontements entre méchas et kaijus. Sur Nintendo Switch, le jeu de Vanillaware s’en sort avec brio grâce à des temps de chargement rapides, tout en étant net et fluide en toutes circonstances. C’est un portage des plus solides, en somme. Certes, au vu du genre et des techniques utilisées, ce n’est guère surprenant mais Vanillaware a tout de même accordé du temps à cette version et cela se constate du début jusqu’à la fin.
Quant aux musiques, là aussi, Vanillaware s’en sort à merveille avec plus de 80 compositions mélancoliques et épiques, avec de bons bruitages et des voix japonaises collant à chaque personnage, nous plongeant davantage dans ce 13 Sentinels: Aegis Rim qui ne manque décidément pas de qualités. Enfin, comme pour la version PS4 il y a presque 2 ans, le jeu est intégralement sous-titré en français et ce finement, en dehors de rares erreurs. Les fans d’animation japonaise apprécieront la présence de suffixes comme « -kun » ou « -san » dans la localisation.
Verdict : 8/10
13 Sentinels: Aegis Rim conserve donc toutes ses grandes qualités sur Nintendo Switch. La production de Vanillaware reste sublime partout, que ce soit sur une télévision ou en mode portable. Si sa partie stratégie n’est pas exempt de reproches, c’est relativement mineur face au travail du développeur sur la partie scénaristique, que ce soit pour le splendide visuel ou la liberté offerte aux joueurs. Une histoire à vivre absolument, que vous soyez fans de Visual Novels ou non.
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