Faut-il encore présenter Suda51 (prononcez « Suda Go-Ichi » s’il vous plait), le très reconnu créateur de titres atypiques tels que Killer 7 ou encore Lollipop Chainsaw ? Depuis ses premiers travaux dans l’univers du jeu vidéo, cette figure a su s’imposer comme une référence pour les jeux qui partagent concepts étranges, histoires farfelues et personnages hauts en couleur. Un cocktail qui peine parfois à convaincre le grand public mais qui parvient toujours à trouver sa cible. Un public qui devrait d’ailleurs répondre présent à l’appel lancé par Travis Strikes Again, son prochain titre sur Nintendo Switch prenant place dans l’univers de la franchise No More Heroes.
Un jeu peut en cacher un autre
Si les amateurs de la licence attendent avec une certaine fébrilité l’annonce hypothétique d’un portage HD des deux premiers volets sortis sur Nintendo Switch, il faudra se contenter en janvier de Travis Strikes Again, un opus bien différent de ceux que l’on connaît déjà. En effet, on délaisse ici le côté action/aventure pour s’orienter vers un hack’n slash en vue du dessus qui mélange les genres et multiplie les bonnes références pour le plus grand plaisir des joueurs ayant la pop-culture affûtée. Si l’on émettra quelques réserves au niveau de la référence contenue dans le titre du jeu (faut-il y voir une référence à l’œuvre de Frank Miller, The Dark Knight Strikes Again ?), elles sont pour le reste clairement identifiables et pleinement assumées. De Terminator en passant par Tron, les clins d’oeil devraient pulluler à ne plus savoir qu’en faire.
Et cela tombe plutôt bien, car le tout mélangé au génie complètement dérangé de Suda51 donne un résultat fort sympathique. De la même façon que le scénario qui met en scène notre habituel assassin ayant décidé de venir à bout des différents jeux d’une console infernale qui, selon les dires, exaucerait le vœu de celui qui réussirait à en voir le bout. Il sera d’ailleurs amené à collaborer avec le père de Bad Girl, qui possède ses propres motivations quant à l’obtention du souhait en question (on se gardera de spoiler pour ceux qui n’ont pas encore complété No More Heroes et No More Heroes: Desperate Struggle).
Cette session de preview fut donc l’occasion de découvrir 2 des 7 niveaux qui seront disponibles dans le jeu lors de sa sortie. Si l’on vous a dit plus haut que le jeu prenait la forme d’un hack’n slash en vue du dessus, il faut savoir que chaque niveau offre sa propre spécificité avec des nuances au niveau du gameplay, offrant une expérience assez variée. En effet, le premier niveau joué implantait quelques mécaniques de puzzle-game à cette fameuse vue du dessus, tandis que la deuxième nous a plongé dans un jeu de courses aux couleurs néon qui ne sont pas sans rappeler le film Tron et le fameux passage avec les motos.
Dans la partie plus orientée puzzle-game, Travis devait atteindre un point nommé sur la map. Pour ce faire, rien de plus simple dans les faits : il a suffi d’atteindre une carte dorée située sur la map pour faire libérer le passage jusqu’au temple faisant office d’objectif. Evidemment, la tâche se voit légèrement complexifiée dès lors qu’une tête de mort apparaissant sur la carte peu après notre départ s’est mise à nous poursuivre, un peu à la façon des fantômes dans Pac-Man. Une touche de sa part signifiant la perte d’une vie, autant dire qu’il n’était pas question de trop s’attarder ici. Des ennemis étaient également de la partie, parce que sinon, ça n’aurait pas été très drôle.
♪ Et tu slash, slash, slash… ♪
De quoi découvrir les contrôles du jeu durant les combats, avec une prise en main relativement aisée : attaques faibles et fortes, saut et esquives sont réalisables avec les boutons A, B, X, Y tandis que les gâchettes servent à recharger le Beam Katana ou utiliser les techniques spéciales. Ces dernières sont particulièrement utiles, notamment contre le mini-boss qui a conclu le test de ce niveau et pour cause, le rayon étourdissant, la bombe à retardement (qui s’accroche aux parois/ennemis) et la puissante attaque de zone peuvent être combinées pour encore plus d’efficacité. Reste le dash, qui nous a semblé plus anecdotique sur le moment. Rien de très original sous le soleil de Travis Strikes Again donc mais le tout prend forme de façon assez logique. Simple mais efficace, on aurait apprécié que l’inspiration très Hotline Miami soit encore plus approfondie, avec notamment l’usage d’armes à feu.
La deuxième partie de la session de preview fut alors l’occasion de passer sur un niveau totalement différent, dans lequel Travis s’essaye à la VR et se retrouve propulsé dans un niveau tout droit sorti de Tron. Il s’agissait là d’une course à moto dans laquelle le passage des vitesses se fait de façon manuelle, en suivant le schéma indiqué sur la droite de l’écran et à reproduire à l’aide de la gâchette R ainsi que du stick gauche. Nul besoin de se soucier de la direction, puisque le véhicule suit une ligne droite. Étant donné que les manipulations à effectuer pour passer les vitesses peuvent vite s’avérer ardues, il vaut mieux n’avoir à focaliser son attention que sur ce point.
Le jeu mise sur un rythme assez dynamique, entrecoupant les passages propres aux différents niveaux de phases d’action comme décrite ci-dessus. Ce fut l’occasion pour nous de découvrir la coopération, qui n’est possible que lors de ces dernières. Jouer avec un ami rend évidemment les ennemis plus coriaces mais offre une belle dose de fun rendant d’ailleurs l’action parfois difficilement lisible pour peu que l’écran soit chargé d’effets visuels liés aux attaques et techniques spéciales. Qui plus est, nos coups et attaques impactent le deuxième joueur, ce qui pousse à garder ses distances lors des grosses mêlées. Pas de perte de vie dans ce cas là mais le joueur touché se retrouve légèrement repoussé, ce qui peut forcément faire pencher la balance en faveur de l’IA.
Reste à voir si le rythme de l’aventure ne sera pas trop handicapant lorsqu’il sera question de jouer avec un ami, car cela signifie que l’un des deux se retrouvera forcément sur le carreau le temps des passages solo. Ils semblent courts mais gageons qu’ils sauront tout de même s’imposer comme il se doit afin d’offrir autant de cachet que faire se peut.
Verdict : tranche dans le vif
Si le concept de Travis Strikes Again peut laisser dubitatif au premier abord, il offre clairement un dynamisme certain : enchaîner des phases de jeu propres aux différents niveaux avec des passages en vue du dessus le temps de poutrer des dizaines d’ennemis semble clairement faire le café. Toujours aussi déjanté, Suda51 démontre une certaine inspiration puisée dans le registre indépendant tout en gardant sa patte. Cela se traduit notamment par des références cinématographiques (mais pas que) et un humour complètement barré qui fera mouche auprès des amateurs. On ira pas jusque parler de jeu de niche mais on espère que Travis Strikes Again saura se montrer toujours aussi convaincant dans sa version complète, car le pari des différentes phases de jeu est tout à fait prometteur. Il ne reste plus qu’à recharger pleinement notre Beam Katana en attendant de pouvoir poser les mains dessus.
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