S’il y a bien un éditeur que l’on ne pensait pas voir s’atteler à la franchise Star Wars, c’est bien Ubisoft. Pourtant, l’éditeur français a l’habitude de se voir confier des licences fortes, on pense notamment à Mario qui a intégré l’univers des Lapins Crétins, mais également au diptyque de jeux Naruto parus sur Xbox 360. Avec Massive Entertainment aux commandes, on aurait pu s’attendre à un shooter multijoueur s’inspirant de The Division, mais le studio aura finalement préféré la prise de risque pour s’aventurer sur un titre solo. À un mois de sa sortie, nous avons pu tester le jeu en avant-première, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces 4 heures de jeu nous ont laissé un doux goût de revenez-y.
Retour en galaxie lointaine, très lointaine…
Désormais Gold depuis un petit moment, le Star Wars Outlaws d’Ubisoft développé par Massive Entertainment aura suscité bien des réactions ainsi que des coulées d’encre. Comme à l’accoutumée, quand bien même il tente de bien faire les choses, l’éditeur français fait office de bouc émissaire de l’industrie. Non pas qu’il soit blanc comme neige, mais force est de constater que les torts peuvent également être reprochés à d’autres studios et éditeurs. Les dérives de l’industrie ne sauraient être imputées à un seul acteur et il convient de se rappeler que les griefs de l’un ne justifient pas de fermer les yeux sur ceux des autres. À bon entendeur, il faudra rappeler que les intentions et le cahier des charges sont ici partagés entre Disney et Ubisoft.
Tandis que l’un s’engouffre dans des choix discutables dans l’ensemble de ses franchises, tant intergalactiques que super-héroïques, on connait la propension d’Ubisoft à parfois tirer sur la corde de formules gagnantes et à réduire le champ des possibles quand il s’agit de laisser les créatifs exploiter leur potentiel. Les craintes quant à Star Wars Outlaws s’avèrent alors plus justifiées que les vociférations de ceux que l’on appelle communément les haters. De notre côté, les nôtres ont assez vite été balayées. D’une part, car Massive Entertainment a une certaine maîtrise des codes du shooter, et de l’autre car la franchise se voit ici respectée, si ce n’est magnifiée.
Au travers de 4 heures de jeu, qui sont passées aussi vite qu’un voyage en vitesse lumière, nous avons pu découvrir les premières heures de jeu qui permettent non seulement de poser les bases de l’aventure, mais également de nous introduire Kay. L’héroïne du jeu se veut être une hors-la-loi assez lisse en apparence et dont le côté baroudeur nécessitera un peu plus d’approfondissements pour s’y attacher réellement. Pas déplaisante pour autant, mais l’exercice de la preview est toujours un peu délicat pour tenter d’appréhender un protagoniste qui est censé s’apprécier sur toute la durée d’une aventure. Cette dernière est d’ailleurs toujours accompagnée de Nix, une petite créature parfaite pour faire vendre des goodies en apparence, mais qui, dans le fond, offre plus qu’une bouille mignonne et quelques gimmicks sympathiques.
Les deux personnages commencent leurs pérégrinations sur Toshara, une planète créée spécialement pour l’occasion. À la suite de décisions plus ou moins discutables, Kay se retrouve avec une prime sur la tête et un vaisseau à réparer. L’introduction n’a rien de très surprenant mais fait bien son travail puisqu’elle nous fait rencontrer les premiers syndicats de l’aventure au détour d’une mission qui fait office de tutoriel global. En effet, pour réparer son vaisseau, la jeune Kay se voit obligée d’infiltrer le repaire de Gorak, après qu’un de ses nouveaux contacts, Danka, lui ait remis une mission.
On y apprendra assez rapidement qu’un autre syndicat se cache derrière cette demande et que Kay n’aura guère le choix d’accepter pour ne pas voir des informations fuiter à son sujet, comme le fait qu’elle ait volé le vaisseau qu’elle possède actuellement. Cela permet d’amener le système de réputation du jeu qui sera au cœur de l’aventure. Une bonne réputation avec un syndicat ouvre des portes à de nouvelles récompenses et à des opportunités, tandis qu’elle en fermera d’autres avec une mauvaise réputation. De même que s’allier avec un syndicat fera fluctuer sa réputation avec d’autres dans le mauvais sens du terme.
Dans le cadre de notre session de jeu, la réputation avec le syndicat de Pyke (dont Gorak fait partie) étant pauvre, si ce n’est inexistante, il nous aura fallu nous infiltrer dans sa base afin d’y accéder et récupérer ce qui nous intéressait. Les mécaniques y sont assez limitées, car il n’y a pas la possibilité de cacher les corps de gardes que l’on aurait assommés par exemple. On se contente alors de se faufiler derrière tous les éléments du décor possible tout en feintant les patrouilles. En cas de besoin, Nix peut être sollicité, tant pour faire diversion que durant les affrontements, ce qui le rend assez intéressant.
Une lettre d’amour à la franchise
Si notre hors-la-loi devra parfois la jouer discrète, il sera aussi souvent question, si ce n’est plus, de faire parler ses blazers. En résulte alors des affrontements dynamiques, ponctués par une bande-son qui n’a rien à envier aux thèmes les plus cultes de la franchise. Kay se contrôle aisément et peut facilement se mettre à couvert, équiper les blazers d’ennemis refroidis, utiliser des explosifs ou encore se servir du décor. Pour autant, on sent que Massive Entertainment incite les joueurs à adopter un comportement offensif, misant sur la mobilité. L’IA ne nous a pas semblé plus agressive que cela, mais les opposants peuvent tout à fait être amenés à avancer à couvert pour nous déloger. Reste que le comportement de certains ennemis nous a paru discutable.
Une fois sa mission complétée et le voile levé sur les intentions de son commanditaire, notre héroïne a pu reprendre les rênes de son vaisseau. Ce fut l’occasion d’explorer l’un des vaisseaux de l’empire le temps d’une session alternant entre infiltration et action. L’ADN de la franchise est respecté et rien ne manque. Tant dans la direction artistique que dans le sound design, Ubisoft fait preuve d’une réelle maîtrise de Star Wars tout en nous proposant un point de vue différent. C’est sans aucun doute ce qui permettra à Star Wars Outlaws de parler à un grand nombre de joueurs sans pour autant lasser les aficionados qui finissent par goûter aux sempiternelles, redites de la guerre des étoiles.
Aussi douée soit-elle pour l’infiltration, Kay n’aura su quitter la base de l’Empire sans se faire remarquer, ce qui a découlé sur un affrontement spatial nous permettant de prendre en main le vaisseau comme il se doit. Si l’on regrette encore l’absence de vrilles (les fameux barrel rolls), les combats dans l’espace sont nerveux et agréables, bien que face à plusieurs adversaires, l’ensemble soit un peu brouillon tant on ne sait pas où donner de la tête. Il s’agit toutefois d’une addition pertinente qui devrait saupoudrer l’aventure d’un vent de fraîcheur.
Si la dernière étape de notre session de jeu se déroula plus loin dans l’aventure, elle nous a permis de faire escale sur Kijimi, une planète glaciaire. Histoire de pouvoir finir notre session dans les temps et voir tout ce qu’il nous était proposé par l’éditeur sur cette preview, on a laissé tomber le tact pour privilégier l’action le temps d’une mission pour le clan Ashiga. Ces derniers ont été créés spécifiquement pour le jeu, ce qui contribue une fois de plus à donner à Star Wars Outlaws une aura toute particulière. C’est un aspect qui nous a particulièrement plu, non seulement car Ubisoft vient ici apporter sa pierre à l’édifice Star Wars, mais aussi car cela permet l’émerveillement dans une certaine mesure, quand bien même il s’agit d’un lore déjà bien connu de tous.
Tant dans sa construction que dans ses éléments de gameplay, Star Wars Outlaws n’a pas vocation à réinventer l’eau chaude. Pour autant, Massive Entertainment et Ubisoft ont travaillé afin de glaner des idées ici et là, et viser l’efficacité. Par exemple, difficile de ne pas penser à Uncharted lorsqu’il s’agit d’escalader des parois pour accéder à une zone spécifique, d’utiliser son grappin ou encore de mettre à terre un garde discrètement. On pense également à son système de réputation, son interface ou encore son approche du monde ouvert, déjà vus mais pertinents. Notons tout de même un effort certain sur l’affichage du HUD, moins fouillé et dense que ce que l’éditeur propose habituellement. On apprécie forcément.
Verdict : Que la force soit avec lui
Ce qu’il fait – ou du moins, ce qu’il nous a montré – Star Wars Outlaws le fait bien. Au-delà de son manque d’originalité, il regorge de qualités qui puisent dans le savoir-faire de Massive Entertainment qui a su s’approprier la franchise. Malgré une introduction un peu convenue et une narration qui n’a pas été mise en valeur au long de nos 4 heures de jeu, ce nouveau titre dans la création de Georges Lucas parvient à captiver et à retranscrire l’intensité de l’univers. Star Wars Outlaws est un jeu séduisant qui, on l’espère, ne tombera pas dans les travers du monde ouvert lambda et continuera sur la lancée qui nous a été présentée. Avec bien peu d’attentes de notre côté jusqu’à cette première prise en mains, on se retrouve à l’attendre avec une certaine impatience.
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