Après les différents opus Dead in…, dont Dead in Vinland que nous avons pu tester à sa sortie sur PC et Nintendo Switch, les français de chez Ishtar Games (anciennement CCCP) reviennent sur le devant de la scène avec The Last Spell. Si nous avions pu discuter avec eux lors de l’édition 2019 de la Gamescom (preview ci-dessous), deux longues années se sont écoulées depuis. Un moment crucial pour eux alors qu’ils développaient le titre, avant de le récemment sortir en Early Access sur PC. Évidemment, nous n’avons pas raté ce rendez-vous tant The Last Spell nous avait fait de l’œil auparavant. Il est donc temps de vous dévoiler toutes nos impressions, après plusieurs heures à défaire des créatures maléfiques pour protéger nos mages.
Preview réalisée grâce à une copie numérique d’Early Access sur PC.
► Retrouvez nos impressions suite à une discussion lors de la Gamescom 2019 avec les développeurs à cette adresse
I will survive ! ♬
Profitant d’un peu plus de contexte que certains roguelites/roguelikes (notre dossier à ce sujet à cette adresse), The Last Spell propose une cinématique d’introduction posant les jalons scénaristiques de cette nouvelle aventure : une guerre a éclaté aux quatre coins du monde, la magie étant la cause principale. Aussi destructrice qu’une bombe nucléaire, la magie a annihilé le monde d’hier laissant derrière elle un paysage dévasté. Dans ce cadre, quelques héros et survivants cherchent à le reconstruire coûte que coûte. Pour cela, ils font appel à des mages devant effectuer une dernière incantation pour bannir la magie à jamais. Or, rien n’est moins simple comme vous vous en doutez. Pour ce faire, vous vous retrouvez au cœur d’un petit hameau en ruines. Là-bas, les mages se préparent et entament l’incantation du dernier sort, nécessitant plusieurs jours et nuits de labeur pour être effectif. La mission du joueur est donc de protéger ces mages durant un certain laps de temps. Aux commandes d’une petite troupe de résistants, aux classes diverses (nous y reviendrons), il faudra ainsi survivre et repousser les innombrables ennemis (zombies, goules et autres créatures maléfiques) se présentant aux portes du village. Un défi de longue haleine attend donc les joueurs et les joueuses.
Ainsi, le gameplay de The Last Spell se dessine en deux moments cruciaux : le jour et la nuit. Le tout selon un cycle prenant une bonne dizaine de jours. Durant la journée, chacun doit se préparer aux affrontements à venir. Pour cela, il est primordial de construire des bâtiments (moyennant évidemment des pièces d’or), ériger des défenses (barrières etc), acheter des équipements pour les héros, améliorer les statistiques et attribuer des talents aux personnages, donner du travail aux ouvriers etc. En effet, après chaque victoire et donc une fois la nuit passée, vous obtiendrez des pièces d’or, des matériaux et autres à dépenser durant la journée. Vous l’aurez alors compris, même si nous y reviendrons prochainement, c’est une étape très importante nécessitant beaucoup de réflexions et de stratégie de la part du joueur. Par la suite, une fois la nuit tombée, le plus gros reste à faire : il faut repousser les ennemis arrivant par vagues grâce à votre équipe d’héros. Notez tout de suite que plus vous progressez dans le jeu, plus les ennemis seront nombreux et féroces. La courbe de difficulté est donc grandissante, bien que déjà fortement présente au début de la run. Rappelons, au cas où nous ne fûmes pas été assez clairs auparavant, que si les mages se font tuer au cours d’une partie, c’est le game over direct. Heureusement pour nous aider un tant soit peu, nous pouvons compter sur deux divinités antagonistes (lumière et ténèbre) qui octroient des bonus en récompense après des victoires. Par exemple, en échangeant des âmes damnées récupérées sur les ennemis, il est possible de débloquer de nouveaux éléments, tels que la possibilité d’avoir un mage supplémentaire à la prochaine run. The Last Spell a tout de ce côté paradoxal qui nous fait apprécier les roguelites/roguelikes : il est difficile et parfois frustrant, mais tout a fait jouissif de par son gameplay, son univers et satisfaisant quand l’écran « victoire » apparaît.
Par ailleurs, en ce qui concerne les personnages, ils changent à chaque partie et sont issus des classes basiques du RPG, soient archers, sorciers/magiciens, guerriers. Sur ce point là, on ne note pas d’originalité mais le tout fonctionne très bien et nous avons la possibilité de changer à tout moment leur set d’armes et d’armures pour les faire migrer vers d’autres spécialités de combat. Un bon point ! Dans cette même idée, chaque personnage profite de compétences qui lui est propre ainsi que des points de déplacements et d’actions à répartir par attaques, malus à infliger et bonus à octroyer. On remarque que certaines attaques profitent de très belles animations, notamment les sorts de feu effectuant des dégâts de zone aux ennemis proches ou celles d’électricité par exemple. C’est franchement réussi pour le coup et on se plaît à essayer les différentes attaques des personnages pour trouver les combos parfaits. On sent donc que nous devons nécessairement passer par un apprentissage progressif des mécaniques de jeu et on s’améliore de partie en partie.
« I put a spell on you! »
En parlant d’animation, impossible de passer à côté de la direction artistique de The Last Spell. Les développeurs de chez Ishtar Games ont fait le choix d’opter pour le Pixel Art. Là-dessus, on ne peut pas dire que ce genre de patte graphique manque dans le paysage vidéoludique, bien que ce soit un choix judicieux de leur part tant ça se prête bien au genre. C’est donc bien maitrisé, et surtout sublimé par la palette de couleurs plutôt sombre, rappelant indéniablement Darkest Dungeon par moments. Les effets de lumière sont assez sympathiques également. Mention spéciale à la bande sonore, qui avait déjà attiré nos oreilles lors du tout premier trailer, qui mélange musique électronique et rock progressif grâce aux morceaux de The Algorithm (du français Rémi Gallego). Elle a le mérite de bien rythmer les affrontements et c’est tout ce que l’on demande.
Par contre, on notera que l’interface est vraiment très très chargée. Évidemment, c’est nécessaire au vu du nombre d’informations et paramètres à prendre en compte, que ce soit durant la phase de préparation en journée qu’à la nuit tombée lors des affrontements contre les créatures maléfiques. Ainsi, l’HUD demande beaucoup de lecture et le jeu exige pas mal de concentration de la part du joueur, comme nous avons pu le dire précédemment. Nous nous permettons de le rappeler car The Last Spell, et ce même en état d’Early Access, est un titre très exigeant. En effet, bien que le soft propose actuellement une difficulté dite Standard et un mode Facile, rien n’est aisé dans le monde de The Last Spell. On retrouve ainsi l’exigence déjà distillée dans Dead in Vinland, d’une certaine manière. En ce qui concerne le mode Facile, il permet aux joueurs de démarrer une partie avec de l’or et des matériaux supplémentaires pour acheter dès le début des équipements et construire des bâtiments ou défenses. La difficulté Standard correspond au mode normal, et donc comment les développeurs ont pensé le jeu. Malgré le choix d’une difficulté vue à la baisse, on peut vous assurer que le titre peut être assez frustrant tant il ne pardonne que très peu les erreurs. De ce fait, le titre n’est pas à mettre dans toutes les mains, vous l’aurez compris. Les amateurs de RPG tactique au tour par tour, avec un fort accent sur la stratégie et une part de gestion, y trouveront leur bonheur. Si tant est évidemment que l’on aime également le défi. Ceux avec un peu moins d’expérience sur le genre risque de ressentir trop de frustration et laisser le jeu de côté, malheureusement.
On peut ainsi se demander si les développeurs profiteront de l’Early Access et donc des feedbacks pour réduire la difficulté globale de leur titre (comme Returnal a pu le faire), afin de satisfaire la majorité et garder ses joueurs, tout en en attirant de nouveaux, moins aguerris. Ou camperont-ils sur cette idée d’exigence et de difficulté au risque de trop frustrer et ainsi lasser ? L’Early Access leur permettra évidemment de répondre à ces questions, et on espère qu’ils proposeront un peu moins de challenge, bien que cela fasse partie du sel du jeu, tant The Last Spell mérite d’être découvert par un plus large public.
Verdict : Expérience pimentée
The Last Spell fait partie de ces titres qui demandent beaucoup de concentration, rigueur, stratégie et d’apprentissage de la part des joueurs. À double tranchant, la difficulté peut autant satisfaire les plus aguerris que décourager rapidement les nouveaux venus sur le genre. Mais une fois la méta’ maîtrisée, le soft devient totalement jouissif tout en proposant toujours du challenge. Le jeu d’Ishtar Games est une petite pépite : sa direction artistique est un plaisir pour les yeux tandis que son OST ravit les oreilles. Le gameplay mélange mécaniques dignes des RPG au tour par tour tactique ainsi qu’une dimension survie et gestion de très bonne qualité, permettant à chacun d’y trouver son bonheur. À surveiller de près donc.
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