Le 30 septembre 2014, Frogwares a doté sa licence Sherlock Holmes de l’opus le plus réussi à ce jour. Avec Crimes and Punishment, le studio ukrainien a une fois de plus démontré son savoir faire en matière de jeux d’aventure avec un titre fort bien accueilli par la presse, mais également par les joueurs. En constante évolution depuis son lancement en 2002, la série des Sherlock Holmes n’a cessé de s’améliorer afin d’offrir aux joueurs une expérience vraiment unique et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est relevé haut la main. Il incombe donc à Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter de parvenir à faire au moins aussi bien que ses prédécesseurs, ce qui ne devrait pas être une tâche trop ardue, comme nous allons vous l’expliquer dans cette nouvelle preview du jeu.
Durant la Paris Games Week 2015, nous avons eu l’occasion de pouvoir assister aux premières présentations concernant Sherlock Holmes, sans toutefois pouvoir poser nos mains sur ce titre que nous attendons avec une impatience certaine. En effet, souvenez-vous : fin septembre 2014, nous avions rendu notre verdict concernant Sherlock Holmes: Crimes and Punishment, un très bon cru de la part de Frogwares, qui, malgré quelques petits défauts, avait su nous charmer. Il faut dire que le studio a su développer son personnage au fil des différentes aventures du héros créé par Sir Conan Doyle. Une vision du célèbre détective qui leur est d’ailleurs propre, puisqu’il sera le témoin, une fois de plus, de légers changements. Rien de réellement marquant, rassurez-vous. Le détective misanthrope et cynique a juste subi un petit coup de polish afin de se moderniser. Il n’est pas question ici d’un anachronisme, avec un héros en décalage avec son temps. Il faut surtout comprendre qu’il est plus badass dans sa dégaine et dans son attitude. Un comportement qui devrait faire l’unanimité tant il est mis en scène de façon efficace. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les intentions de Frogwares ne sont ici pas de suivre le modèle des récentes adaptations du personnage, que ce soit en film ou en série, ni même d’aller à contre-sens. Le studio se contente d’offrir sa vision Sherlock Holmes, une vision qui parlera probablement plus à ceux qui ne sont pas familiers avec l’univers de l’inspecteur british.
On sent en effet que le studio tente d’ouvrir sa licence au grand public. C’est d’ailleurs de façons tout à fait assumée que la Project Manager chez Frogwares présente sur place, nous a expliqué lors de la présentation du jeu que leur intention était de séduire le grand public sans pour autant rendre le jeu trop facile. D’ailleurs, les amateurs seront probablement ravis d’apprendre qu’il sera possible d’augmenter la difficulté du titre. Une bien bonne nouvelle qui permettra de corser un peu les choses en masquant par exemple des preuves. De quoi augmenter légèrement une durée de vie qui devrait approximativement s’élever à une vingtaine d’heures. Un chiffre correct, pour un titre qui, on l’espère, possédera ce petit goût de revenez-y. Puisque, à l’instar de Crimes and Punishments, il s’agira ici de clore chaque cas en choisissant de gracier ou d’inculper le coupable présumé, il y a de grandes chances que certains trouvent l’envie de se replonger dans l’aventure.
Dans les grandes lignes on retrouve tout ce qui avait fait le succès du précédent opus en termes de gameplay. Les phases d’inspection durant lesquelles le détective scrute avec attention les détails de son environnement ou des personnages avec lesquels il s’entretient sont désormais plus poussées et l’on retrouve les dialogues interactifs aux choix multiples qui pourront donner lieu à des échanges inédits pour peu que l’on parvienne à poser les bonnes questions/réponses de façon adéquat aux protagonistes. Quant au gameplay en lui même, il n’a pas changé dans le fond, mais intègre ce que l’on pourrait qualifier de mini-jeux durant lesquels le joueur doit effectuer ce qui lui est indiqué à l’écran pour mener à bien la tâche en question. Comment oublier cette fameuse scène durant laquelle Holmes, grimé en prêtre, s’invite chez une mère désemparée chez qui il exorcisera les murs et diverses parties du mobilier ? Non sans un certain humour, le titre fait participer le joueur là où certains jeux choisissent de le laisser simple spectateur. L’équipe de développement explique ces choix de façon toute simple : Il était, selon eux, bien plus sympathique et drôle de faire participer le joueur en l’impliquant dans plusieurs passages. Un parti pris auquel on ne peut qu’accrocher.
En échangeant avec la Project Manager du titre, il fut intéressant de constater qu’ils ont pu intégrer au jeu toutes leurs idées concernant le gameplay. De son point de vue de joueuse, elle aurait aimé voir un monde ouvert prendre vie dans l’univers du personnages de Sir Conan Doyle, mais cela ne s’avèrerait guère pertinent. On imagine en effet difficilement l’intérêt d’une telle chose. Et puis n’oublions pas que les environnements que l’on visite sont désormais plus nombreux, mais aussi plus vastes, afin de mieux s’imprégner de cet univers Londonien du XIXème siècle.
Plus tôt, nous évoquions la touche d’humour présente dans le jeu. Elle sera bien nécessaire pour offrir un peu de fraîcheur à une aventure qui s’annonce tout aussi forte, émotionnellement parlant, que les cas du précédent volet. D’ailleurs, si ce sont ici 5 cas qui composeront Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter, il ne faut pas oublier qu’un fil conducteur les reliera entre eux afin d’offrir aux joueurs un final bouleversant. On nous a promis un dénouement tragique durant la présentation du jeu. Etant donné que l’histoire impliquera Sherlock Holmes ainsi que sa fille adoptive, pour laquelle il développe indubitablement des sentiments malgré ses obligations de détectives, cela devrait donner naissance à des passages des plus fascinants, creusant plus en détail sa personnalité ambiguë et son rapport avec celle qui l’appelle « Papa ».
On a pu apprendre que les cinq affaires sur lesquelles il faudra lever le voile sont toutes exclusivement créés pour le jeu. En effet, Frogwares a fait appel à des auteurs américains qui leur ont soumis des scénarios. Ceux qui ont été conservés ont ensuite été arrangés afin de coller au mieux aux attentes de l’équipe. Parfois même, seul le squelette d’une histoire était conservée, toujours dans le but d’obtenir un résultat à la hauteur des attentes des développeurs. Par la suite, ils étoffèrent donc ces scénarios pour qu’ils soient assez consistants afin d’en faire une enquête à part entière. Certaines aventures sont même exclusivement conçues par le studio, preuve qu’ils savent relativement bien où ils souhaitent emmener le joueur.
Ce dernier ne devrait alors pas être dépaysé, on retrouvera le savoir faire du studio pour nous conter des affaires complexes qui mettront en scène l’ensemble des personnages de l’univers de Sherlock Holmes. Ainsi le célèbre Watson, mais aussi Lestrade, Wiggins, ou encore Toby, le chien de Holmes seront de la partie. D’ailleurs, nous serons amenés à plusieurs reprises à les incarner lors de cours passages. Comme par exemple, celui dans lequel Sherlock Holmes charge Wiggins de filer un étrange personnage à travers un passage tirant vers l’infiltration. Pas forcément innovant, mais assez sympathique dans l’ensemble surtout si cela parvient à s’imbriquer, avec les mini-jeux, de façon cohérente.
Verdict : Prometteur mon cher Watson !
Sherlock Holmes: The Devil’s Daughter a vraisemblablement toutes les cartes en mains pour attirer les amateurs de la série. Puisant dans les meilleurs éléments de Crimes and Punishments, on sent que les développeurs ont été à l’écoute des joueurs, en implémentant des environnements plus vastes, mais aussi un personnage plus moderne et toujours aussi agréable à jouer. Si Frogwares tente ici d’ouvrir sa série au grand public, cela ne se fait clairement pas au détriment des meilleurs aspects de cette dernière. Les phases d’investigation sont désormais un peu plus poussées et c’est toujours avec grand plaisir que l’on s’adonne aux déductions afin de révéler le coupable. Reste à savoir quel sera le jugement final pour ce nouvel opus prometteur.