Mount & Blade II: Bannerlord s’est fait attendre et pas qu’un peu. Pas moins de huit années séparent le trailer d’annonce de la sortie Early Access. Un choix qui pousse à l’interrogation : un si long temps de gestation pour quelle fin ? Les premières heures laissent d’ailleurs une impression houleuse. Sommes-nous face à un nouvel épisode ou à une version plus plus de Warband ? Une réponse qui l’est tout autant tant cet épisode semble diviser. Mais après plus d’une centaine d’heures à traficoter avec seigneurs et nobles, voici comment nous voyons ce Mount & Blade II: Bannerlord.
Preview réalisée grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
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Gros lancement, petite quête
Un monde éclaté en plusieurs royaumes, un sandbox et une tape dans le dos, c’est tout ce qui vous attend comme introduction dans Bannerlord. Manu militari les développeurs vous propulsent en Caldeira, une région fictive dans une ère apparentée au Moyen Âge où se chamaillent les diverses puissances et clans. Pendant que les seigneurs s’acharnent pour savoir qui a le plus gros territoire, vous vivez dans une province une vie paisible. Jusqu’au jour où des bandits décident de s’en prendre à vos biens. Maison pillée et parents tués réclament vengeance et, accompagné de votre frère, vous allez assouvir cela. Dans votre quête marquée du sceau de malheur, vous mettrez la main sur un objet de bronze qui fera bien vite oublier la mort de vos proches. Ce morceau d’alliage est la première partie de la fameuse bannière qui ralliera le monde à vos pieds, mais avant cela faudra rencontrer plusieurs nobles pour comprendre la Caldeira.
Seule véritable quête, elle a pour unique prétexte de vous donner la possibilité de créer votre propre royaume tout en faisait visiter ce beau pays. Elle est relativement courte, il faut compter deux petites heures pour venir à bout et ne varie pas d’une faction à l’autre. Il y a bien un choix à faire à la fin mais honnêtement, ça reste trop subjectif pour en devenir intéressant. Si vous cherchez un jeu qui vous tient par la main, oubliez, maintenant. Effectivement le lore est fourni, les différentes têtes que vous croiserez (et elles sont nombreuses) et clans ont chacun leur histoire à raconter, une vision bien singulière de ce qu’il se passe. Vous ? Vous travaillerez votre avis sur la question en fonction de ce que vous aurez glané, au fil des rencontres et des lieux. Vos choix vont plus ou moins diriger le destin de ceux-ci, sans jamais vous le signaler ou montrer le chemin. Il existe six factions : Aserai, Battania, Khuzait Khanate, l’Empire, Sturgia et enfin Vlandia. Chacune possède son histoire, ses querelles intestines et du coup ses visions. Libre au joueur d’adhérer, de soutenir, de se révolter ou de révolutionner carrément une institution en ne suivant que son jugement. Finalement, le seul regret vient de cette quête, obligatoire si vous souhaitez créer votre faction. À la fois un peu creuse, sans se montrer intéressante et oubliable au possible, elle dessert cet Early Access plus qu’autre chose. De plus la mise en place de celle-ci reste la même d’une faction à l’autre dans son lieu, toujours avec un frère et la mort des parents. Cela a pour effet de donner un paradoxe aux joueurs : le nouveau joueur happé par la quête risque de se sentir perdu une fois la fin arrivée, le confirmé se lassera rapidement de ce début obligatoire.
La mort aux bourses
Pour découvrir toute la profondeur de l’histoire, encore faut-il pouvoir s’y déplacer. Ô grand rien n’a évolué, les habitués retrouveront les grandes lignes de Warband, les néophytes une simplicité déconcertante. Le jeu se déroule toujours en deux temps : une première sur la carte campagne où le joueur meut son personnage, fait des achats (des équipements, des poteries, nourritures, etc.), rencontre et dialogue avec eux. Une seconde où il est au cœur des combats arme à la main, prêt à casser son ou ses opposants. Un savoureux mélange qui fonctionne toujours aussi bien. Au passage Mount & Blade II: Bannerlord laisse de côté l’interface des épisodes originaux. Au revoir donc les fenêtres qui bondissent à l’écran, bonjour les pop-up qui glissent. D’une façon générale cet opus est le plus abordable, les indications sont claires et les menus détaillés sans trop en faire. En quelques minutes le joueur nouveau comprend comment se déplacer et comment se battre, puis possède le gros des informations pour vaquer à ses occupations.
Cette simplicité ne cache pas bien longtemps les tréfonds du gameplay, dès la création il est possible de sentir l’ascendant RPG tenir les rênes. Endurance, social, vigueur, intelligence et nous en passons, il y a de quoi faire le pleutre de ses rêves. La distribution des points d’expériences est toujours dans la tradition de la série, il faut pratiquer pour maîtriser, à une différence près. La répartition de points facilite l’apprentissage et donc la montée en niveau. Par exemple, assigner des points talents dans le contrôle de l’arc vous fera monter plus rapidement l’aptitude de cette arme, que de l’arbalète. Se spécialiser a des avantages, des compétences uniques sont à débloquer au fil de la progression du talent. Sur la durée cela créé un personnage singulier avec des points forts et faibles donnant un gameplay original, encourageant ainsi la rejouabilité.
Les combats gagnent aussi en technicité sur plusieurs aspects. Les armes d’abord, en fonction de votre niveau avec cette dernière, le poids de votre équipement et la zone de danger, vous ne l’utiliserez pas de la même façon d’un personnage à l’autre. Cela se traduit d’une manière simple, une lance c’est le bout en métal (vous savez, le pique) qui assène des dégâts, ce qui implique d’être à une certaine distance de votre cible pour flanquer un maximum de blessure (dans lequel cas vous taperez avec la hampe). Viser les jambes ou les bras fera moins de dommages qu’à la poitrine ou à la tête, et encore cela va varier en fonction de l’armure de votre opposant. La vitesse également : à cheval, vous avez plus de chance de tuer d’une charge qu’à pieds. Cela équivaut pour toutes les armes qui sont en abondance avec différentes statistiques. Vous trouverez le roster classique, soit des épées et haches, des boucliers et hasts, des flèches ou javelots, etc. Vous avez de quoi faire. Tant que nous sommes dans l’art du combat, apportons deux mots à l’aspect stratégie du soft. Vous serez rapidement amené à gérer un petit groupe d’hommes, du simple engagé jusqu’au combattant confirmé, à entraîner et diriger. Le soft garde son système d’ordres en lui octroyant de la lisibilité et visibilité, à savoir que les touches 1/2/3/4 sélectionnent un groupe de combat et que F1/F2/F3 associent les ordres. Il faut un certain temps d’adaptation, mais une fois celui-ci pris en mains il devient redoutable.
Mais que faire dans Bannerlord ? Sa vie, difficile d’expliquer autrement. Il n’existe pas de limite à votre imagination (hors gameplay). Vous voulez former un groupe de brigands ? C’est possible. Un seigneur puissant ? Un vassal ? Un entrepreneur ? Un stratège obèse ? Vous pouvez. C’est le joueur qui fixe ses seuils, la richesse, atteindre un rang social, jouer uniquement avec ci ou ça. Ça peut être déroutant au début, mais c’est la base du principe d’un sandbox. Mais nous devons signaler que des manques se font sentir et qu’ils peinent à déplorer après huit années de développement. Les joueurs ayants déjà parcouru Mount & Blade: Warband retrouveront les travers de la série. Comme le fait que recruter et entraîner ses troupes reste éternellement aussi laborieux, la diplomatie archaïque qui, malgré la grande diversité de personnages aux idéaux divergeant, laissent des choix de dialogues identiques. Mais rappelons que le jeu est toujours un Early Access, il ne fait nul doute que ces points pourront être travaillés.
Véritable plus ou pince-monseigneur est ?
À première vue ce nouvel opus se contente juste d’apporter un nouveau moteur (physique, graphique, etc.), mais force est de constater que ce volet pousse véritablement l’expérience plus loin. Mount & Blade II : Bannerlord est un sandbox organique, il n’est plus simplement émulé comme pouvait l’être Warband. Ce que font les différents acteurs (seigneurs, nobles, etc.) va influencer, directement ou indirectement, le monde dans lequel vous jouez. En simplifiant la chose, la région (Caldeira) fournit toutes les ressources en suffisance. Cependant il existe énormément de facteurs pour que ces ressources soient à une valeur exagérée ou manquante. Comme des lois imposées par une faction ou une guerre, un pillage intensif à ce moment précis, les possibilités sont nombreuses. Bien que le panel d’actions ne changent pas d’une partie à l’autre, les possibilités varient grâces à de nombreuses variables comme la création du personnage, les choix des seigneurs et vassaux (à l’insu du joueur), font que chaque partie est une épopée unique. Et nous abordons simplement l’aspect économique, il faut en plus compter sur le social, ce qui rend la chose complexe voire déroutante. Finalement, là où Warband avait posé les bases, Bannerlord approfondit ces dernières pour donner un côté vivant au jeu qui manquait à la série.
Catapulte ou baliste, vous pouvez tout utiliser
Verdict : Sacré Graal !
Être l’objet d’un jeu c’est rare, la série des Souls vous malmène avec sa difficulté, mais les jeux qui vous prennent pour leur serpillière ça ne court pas les rues. Dans Mount & Blade II : Bannerlord il arrive que vous fassiez des prouesses, comme la prise d’un château fortement défendu, les vassaux acclament votre fait d’armes et soutiennent par vote qu’il doit vous revenir, mais le seigneur appose marque et déclare que non, ça lui revient. Ça va vous énerver, mais vous allez y retourner et vous dire que le prochain sera le bon. Si non, ça sera la sécession. En l’état, cet Early Access permet déjà de s’amuser et de découvrir le jeu sur plusieurs dizaines d’heures. Il faudra composer avec quelques petites erreurs, comme le pathfinding des unités un peu laborieux ou les sièges encore chaotiques. Les puristes y verront aussi un possible manque de contenus « inédits ». Mais hors ça, nous ne voyons pas ce qui pourrait vous retenir de vous lancer sur le soft.
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