Facteur de nombreux fantasmes, la peste noire, l’une des plus grandes épidémies de l’histoire, conserve sûrement sa source des multiples écrits d’époque relatant la vie sous son règne. Si de nos jours nous savons les tenants et les aboutissants de cette dernière, il est plus subtil d’interpréter le pendant. Ce qui vient à nourrir de nombreuses idées, parfois infondées, sur la vie pendant la mort noire. Si cela pousse les historiens à s’arracher les cheveux, le corps artistique sous toutes formes et médiums s’en donne à cœur joie d’interprétations. Bien que très peu représentée, dans le médium vidéo ludique la peste trouve enfin un développeur pour se propager. Développé par Asobo Studio, à qui nous devons ReCore ou le plus récent Zoo Tycoon: Ultimate Animal Collection, A Plague Tale: Innocence vient plonger le joueur en 1349 pendant l’épidémie de peste noire. Nous avons pu poser les mains sur celui-ci pendant les premières heures de jeu, nous laissant ainsi découvrir de quoi découlera ce soft.
Amicia et Hugo
Mêlant les genres action et aventure, A Plague Tale: Innocence ne viendra pas casser les archétypes des deux styles. Cependant il nous a montré dans sa besace quelques atouts non négligeables ! Comme nous vous l’avons expliqué plus haut, A Plague Tale: Innocence vous plongera en France, pendant l’épidémie de la peste noire en 1349 et pleine guerre de Cent Ans. Vous suivrez la péripétie d’Amicia de Rune, jeune femme de naissance noble, ainsi que de son cadet, Hugo de Rune. Bien que de la même famille, la sœur et le frère ne se connaissent que très peu. En effet, Hugo est atteint d’un mal curieux, qui lui vaut d’être dans un cadre relativement isolé par sa mère Béatrice de Rune qui essaye de trouver un remède. Très rapidement, l’Inquisition vient à attaquer la propriété familiale, afin de récupérer Hugo de Rune. Par chance, Amicia et Hugo arrivent à se glisser hors du domaine pour réaliser la demande de leur mère, c’est-à-dire retrouver le médecin Laurentius. Vous l’aurez compris, vous suivrez l’aventure d’une sœur et de son frère malade, dans un monde empreint au chaos dû à la peste noire. Pour ce faire, la trame narrative viendra s’expier d’un narrateur externe ou omniscient, ne vous laissant ainsi qu’avec votre propre interprétation. Un point qui est important à souligner, car A Plague Tale: Innocence souhaite proposer une intrigue riche, émotionnelle et captivante. Cette dernière apparaît linéaire.
En effet durant ces deux premières heures de jeu, nous n’avons remarqué aucun choix proposé au joueur, il semble donc que vous devrez suivre simplement l’aventure. Comme nous allons le développer plus bas, le soft fournira de nombreuses phases d’infiltration. Ce qui vient encore une fois à servir la narration par l’utilisation, pour les moins pressés, de dialogues approfondissant la compréhension de certain(s) lieu(x) ou personnage(s). Enfin, A Plague Tale: Innocence est une quête initiatique. En effet, les deux protagonistes Amicia et Hugo sont livrés à un monde empreint à une violence devenue quasi naturelle. Cela offrira des scènes d’une rare brutalité une fois reposées dans le contexte de l’enfance, où l’innocence viendra se faire balayer par la survie et la mort. Un choix de lecture offert par les scénaristes qui viendra amplifier les moments d’interaction d’Amicia et d’Hugo, qui apprendront à la fois l’un sur l’autre, mais l’un de l’autre, particulièrement pour Hugo, qui rien que dans les trois premiers chapitres, semble montrer des signes d’évolution : il pose des questions sur son environnement ou encore n’hésitera pas à s’émanciper d’Amicia quelques instants pour l’aider.
Tout aussi dirigiste, le gameplay se montre clair et efficace. Vous contrôlerez Amicia directement et Hugo indirectement, par le biais d’ordres très simples. Le soft enchaînera les séquences de découverte, où vous pourrez déambuler dans des couloirs main dans la main avec Hugo, avec des scènes de poursuite ou de discrétion. Amicia, qui peut sembler faible physiquement se montre habile à la fronde, arme qu’elle maîtrise à la perfection, et pourra s’en servir pour attirer ou assommer ses opposants, voir jusqu’à tuer. A Plague Tale: Innocence exploitera d’ailleurs cette mécanique sous divers aspects : décrocher des objets, retirer l’armure d’un boss, ou bien encore bêtement comme jeu d’adresse, la fronde se montre curieusement très agréable à utiliser. En plus de cela, elle pourra compter sur son lancer de pierre à la main, quand la discrétion est souhaitée, à la différence de la fronde cela n’affectera pas les ennemis, mais pourra les attirer à des endroits précis. Autre mécanique importante du jeu, les rats propagateurs de peste et voraces comme jamais, ces rongeurs hanteront votre aventure. Danger mortel, ces derniers ne craignent qu’une chose, la lumière. Il faudra donc gérer cet aspect avec vos protagonistes. Le feu sera votre meilleur ami, et cela se réglera souvent par des énigmes de logique assez simples. Pour vous aider, vous trouverez de nombreuses torches qui éclaireront votre passage, portées à la main elles peuvent même raviver un brasero éteint, cependant attention ! Certaines torches ont un temps d’embrasement, il faudra donc faire vite, sous lequel cas vous nourrirez les voraces. Malheureusement pendant ce court extrait, les rats n’ont finalement pas montré un danger si important, les scènes avec ces derniers, bien que très dérangeantes visuellement, sont assez génériques une fois la manette en main.
A lot of rat
Graphiquement, A Plague Tale: Innocence est une véritable surprise. Profitant de textures nettes et sans bavure, nous remarquerons l’effort des représentations des matières, cuir et tissu ainsi que pierre et bois sont fidèlement reproduits et sublimés par des reflets lumineux maîtrisés. Comme nous l’avons vu, le feu vient jouer un rôle primordial pour le gameplay, mais il apporte également sa contribution du côté de la densité lumineuse, qui se trouve de même totalement domptée, en offrant des ombres dynamiques à cachet et des effets de flammes probants. Le soft utilise parallèlement son moteur graphique pour ses cinématiques, ne profitant ainsi d’aucune coupure entre votre aventure et une et vice versa. Seule véritable ombre au tableau : les animations corporelles ainsi que faciales se montrent à certains moments raides, jetant dans certaines scènes une petite froideur. Rien d’alarmant dans les faits, Asobo Studio possède encore quelques mois pour peaufiner ce genre de détail. Du côté des mélodies et de la bande sonore, nous remarquerons la bonne juxtaposition de la musique et de la scène jouée, il semble que rien ne soit assurément laissé au hasard, permettant dès lors de renforcer l’impact narratif/scénaristique du moment. Fait rare en 2019, la musique n’hésitera pas à se taire complètement pendant plusieurs longues minutes, trait supplémentaire qui montre la précision d’utilisation.
Les « promenades » sont souvent un moment où Hugo vient à interroger l’environnement
Verdict : A surveiller
Alors oui, A Plague Tale: Innocence va très facilement se trouver un public. Fluide, possédant des mécaniques de jeu simples et agréables, graphiquement beau et avec une trame narrative forte, il ne serait pas étonnant qu’il soit le petit boum d’un mois de mai chaud. Le soft est actuellement sur une très bonne voie, les trois chapitres que nous avons essayés se sont montrés probants et plaisants à parcourir. Cependant, il est correct de se rappeler que le soft en proposera dix-sept dans sa finalité, et qu’après les deux premiers niveaux il semblerait qu’une boucle de gameplay révèle déjà le bout de son museau, à voir donc comment il s’en tirera dans sa version finale. Donc non, le jeu ne vient pas révolutionner les genres, mais vient apporter un peu de lumière sur une époque peu traitée sur le médium vidéoludique, et de façon très mature et maîtrisée. Nul doute que nous restons impatients de voir le résultat ultime le 14 mai prochain sur PC, Xbox One et PlayStation 4 !
Diane
20 mars 2019 at 8 h 58 minC’est l’un des jeux que j’attends le plus cette année ! Plus j’en découvre, plus mon impatience de l’avoir manette en mains monte, c’est pour dire à quel point j’ai hâte d’incarner Amicia et de découvrir leurs aventures dans ce Bordeaux des années 1300, modélisé avec soin par les équipes de Asobo Studio !
La musique, composée avec talent par O. Derivière nous captivera et je pense que nous allons vivre une belle expérience vidéoludique ! Vivement le 14 mai 🙂