Ils sont bien présents, si bien implantés dans le paysage vidéoludique que nous n’y faisons presque plus attention. Le “BR”, qui se prononce “Bé-aire” voire “Battle Royale” pour les exquis, est aujourd’hui l’un des modes de jeu les plus en vogue. Comme l’était le MOBA à son époque, une lutte acharnée fait rage autour de ce genre qui attire plusieurs millions de joueurs. Alors oui, c’est risqué d’essayer de s’implanter dans ce milieu tant les trois ténors du moment, à savoir APEX Legends, Call of Duty: Warzone et Fortnite, rivalisent d’ingéniosités pour garder leurs publics. Pourtant c’est le pari osé que fait Ubisoft avec Hyper Scape, un Battle Royale qui déboule en surprise pour cet été. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le studio a plus d’un tour dans sa manche pour trouver une place à son jeu.
Preview réalisée sur PC grâce à une copie numérique envoyée par l’éditeur
Mais Hyper Scape ce n’est pas seulement le « Battle Royale » d’Ubisoft. C’est plus que ça, car le studio souhaite apporter un nouveau souffle à un genre qui se standardise. Alors non, les règles de ce mode de jeu ne sont pas bafouées par la prochaine licence d’Ubi, vous devrez toujours sauter à pieds joints sur une carte qui semble relativement grande, vous armer et tuer tous les adversaires pour qu’il ne reste plus que vous. Cependant, Hyper Scape apporte par son environnement et son univers des changements majeurs qui dynamisent ce nouveau Battle Royale. La carte, élément central, fait le choix de se cloisonner dans une ville aux allures néo-futuristes. Cela a son importance car ça sous-tend que les combats se font majoritairement à courte distance, plutôt que sur de larges étendues. Alors oui, de prime abord, la map semble plus petite que chez la concurrence mais elle gagne en verticalité et ouvre de nombreux bâtiments. Ce n’est pas un secret, les affrontements urbains sont plus intenses, car la menace est toujours plus proche et les pièges possibles plus fréquents. Pour aider le joueur à se déplacer dans cette ville, Ubisoft a mis le paquet sur le level design : les différents lieux sont reconnaissables au premier coup d’œil, assez variés pour ne pas donner l’impression d’une uniformité générique et les voyages se font naturellement en laissant plusieurs perspectives de chemins.
Se déplacer en ville c’est bien, mais encore faut-il se débarrasser de ses adversaires pour devenir le “Top 1” de la partie. Et encore une fois, Hyper Scape arrive à se singulariser. Sur la carte, le joueur trouvera plusieurs choses : des armes et munitions, mais surtout des hacks. Ceux-ci sont l’équivalent d’un super pouvoir utilisable à volonté, mais tout de même régi par un temps de rechargement, donnant au joueur la possibilité de lui révéler des ennemis en face de lui, poser des mines ou également effectuer un saut pour retomber lourdement sur son rival. Les effets, qui sont au nombre de neuf, sont divers et variés et ont l’énorme avantage d’être échangeables à tout moment ! À la différence d’un APEX, les héros n’ont pas de hacks attribués, c’est au joueur d’en dénicher, de choisir et s’il le souhaite, d’en changer en cours de partie. Autre changement majeur, Hyper Scape fait table rase du système de loot et d’inventaire en simplifiant cela par l’évolution des armes/pouvoirs. C’est-à-dire qu’il n’est plus question de trouver des armes avec un niveau déterminé, mais de faire progresser celle-ci à chaque fois que vous ramasserez son homologue au sol. De cette façon, les joueurs les plus rapides augmenteront de façon significative leur puissance de feu et de hack, au détriment de ceux qui préféreront rester sur place. Afin de stimuler les joueurs, les parties sont ponctuées d’événements qui donnent des bonus ou malus pendant une courte période. Dans nos parties, ces événements qui ont permis d’avoir des munitions illimitées ou une faible gravité ont été ordonnés par l’ordinateur mais à partir du 2 juillet prochain, ce seront des viewers de Twitch qui voteront pour l’event battle ! Nul besoin d’être sur le jeu mais sur la page de votre Streamer favori. Ensuite, libre à vous de choisir de l’aider ou bien de lui mettre un handicap. Dans l’unique mode de jeu disponible durant notre session, nous devions faire équipe avec deux autres joueurs, ce qui nous a permis d’observer une autre refonte d’un concept bien ancré dans les Battle Royale : la mort. Effectivement quand un joueur tombe, il a toujours la possibilité de revenir pour aider ses alliés. Pour se faire, il doit trouver l’endroit où un autre joueur d’une équipe adverse s’est fait tuer puis attendre qu’un membre de son équipe le relève. Or ! Pendant cette recherche le joueur garde possession du héros, ne peut pas tirer, mais peut suivre et marquer les joueurs hostiles pour aider ses compagnons encore en vie. Ultime point à aborder, la fin de partie. Si généralement celle-ci est seulement l’endroit où se concentrent les dernières équipes survivantes, Hyper Scape, lui, apporte un objectif final qui fait monter la pression déjà intense à ce stade. Une couronne est déposée au centre : elle donne la victoire à l’équipe réussissant à la garder 45 secondes contre un bémol, devenir visible de tous et donc être la cible à abattre. Les joueurs ont ainsi la possibilité d’opter pour le port de la couronne, ou simplement d’être la dernière équipe debout.
Côté technique, Hyper Scape fait la part belle à l’épuration tout en valorisant le jeu de couleurs. De ce fait, les tons grisonnants sont encadrés par des néons vifs où le bleu et l’or dominent. Il en va de même pour les objets au sol, marqués de façon équivalente. En plus de cela, la direction artistique utilise les formes géométriques, appuyant l’aspect futuriste que dégage le soft. Nous regrettons le manque d’effets de particules comme la fumée ou d’étincelles, mais cela trouve une justification par le modèle économique qui, pour rappel, est gratuit et doit donc tourner de manière décente sur un maximum de machines. Durant notre session, nous l’avons essayé sur plusieurs ordinateurs et force est de constater que le jeu fonctionne bien sur des configurations moyennes voire petites. Enfin, la piste sonore est à l’image de la direction artistique : qu’elle soit musicale ou pour les effets, elle est tout aussi travaillée. La bande diffusant des sonorités électro perfectionnées au rythme marqué dans les menus, puis des sons clairs et précis une fois en jeu. Vous entendrez distinctement la matière sur laquelle sont vos adversaires proches, ainsi que les armes qu’ils utilisent.
Vous vous en doutez, des micro-transactions seront présentes. Bien que les valeurs des différents éléments que nous allons citer nous sont inconnues, nous avons pu observer que la totalité des produits achetables ne sera que cosmétique. De l’écran de chargement au module de déploiement en passant par les classiques skins pour les armes, les champions ainsi que les émotes, tous ces éléments seront disponibles à l’achat. De plus, un Battle Pass est prévu et celui-ci aura pas moins d’une trentaine de paliers qui se débloqueront à force de jouer, ou directement via un achat.
Verdict : Une arrivée en catimini remarquable
Sans crier gare, Hyper Scape arrive sur le marché du Battle Royale avec de véritables propositions. Gardant les principes de base, l’épurant de ce qui peut-être un brin complexe pour le large public tout en ajoutant de la nervosité à son style de jeu, nul doute que le soft a de quoi convaincre les néophytes comme les acharnés du genre. De plus, l’aspect des événements votés par des personnes extérieures à la partie risque de séduire bon nombre de streameurs, en permettant des interactions inédites avec leurs communautés. Ubisoft frappe fort avec Hyper Scape, avec des atouts solides pour faire face à la concurrence bien implantée.