Sortie le 8 décembre 2006 sur notre territoire, la Nintendo Wii est l’une des consoles de la septième génération qui est en concurrence directe avec la PS3 ou encore la Xbox 360 et pourtant elle ne joue pas dans la même cour que les autres. Amputée d’une sortie HD et dotée d’une puissance somme toute ridicule comparée à ses adversaires, la console de Nintendo ne vise pas le même public. Si les deux premières sont destinées à une population adepte de l’univers gaming, la Nintendo Wii est destinée aux familles et vise un public qui n’est pas forcément imprégné d’une culture vidéoludique importante grâce à un concept innovant : le motion gaming. Jeux cultes, nouvelles façons de jouer et nouveaux concepts ont réussi à faire cette console l’une des rares à s’être vendue au-delà des 100 millions d’exemplaires. Thomas Pillon, rédacteur aujourd’hui pour Gameblog, nous raconte son histoire, de sa conception à sa distribution en passant en revue les jeux marquants ou encore les échecs jusqu’à sa mort et son dernier jeu sorti en novembre 2019 : Just Dance 2020.
Test réalisé grâce à une copie physique (édition classique) fournie par la maison d’édition
La maison d’édition française Third Editions poursuit ses ouvrages consacrés à la culture geek, avec le décès récent et officiel de la Nintendo Wii, il est désormais possible d’en faire une histoire complète avec un début et une fin. Si l’éditeur français nous avait plutôt habitués à centrer ses ouvrages sur des franchises ou des sagas phares, une nouvelle direction nait avec ce livre centré sur une machine. Une excellente idée qui permet aux lecteurs de se faire une idée plus précise sur la conception d’une console qui va devoir rester attractive sur le long terme. Thomas Pillon nous offre à travers « L’histoire de la Wii – Révolution de palais à Kyoto » un portrait détaillé, basé sur des témoignages de l’époque et alimenté par une importante batterie de chiffres. Sorti il y a maintenant quelques jours, notre rédaction a eu la chance de se plonger dans la lecture de cette œuvre qui fera de vous un incollable de la console de Nintendo.
- Titre : L’histoire de la Wii – Révolution de palais à Kyoto
- Auteur : Thomas Pillon
- Éditeur : Third Editions
- Illustration de couverture : Pierre Roussel (Édition Classique & First Print) / Rashed AlAkroka (édition First Print)
- Nombre de pages : 224
- Prix : 24.90€ (acheter)
Découpé en 17 chapitres et d’une introduction ainsi que d’une conclusion, « L’histoire de la Wii – Révolution de palais à Kyoto » reprend la chronologie de tout appareil électronique : du besoin initial en passant par la conception puis de sa production jusqu’à sa vente aux quatre coins du monde tout en passant par la phase de conception des différents jeux et de sa maintenance jusqu’à son abandon pour un produit plus performant : la Wii U. Thomas Pillon réussit à travers ce livre à nous imprégner de la culture d’entreprise de Nintendo en nous mettant au cœur de la conception de la Wii. Alimenté par des témoignages d’époque, on comprend mieux la vision de Nintendo qui a essayé de rebondir après l’échec de sa GameCube et qui a décidé, à partir de la Nintendo Wii, de changer sa philosophie. En effet, si Sony et Microsoft se livrent une guerre technologique et de puissance brute, Nintendo avec ses diverses productions ne peut pas lutter et construit un projet atypique avec comme clientèle des joueurs… mais surtout des non-joueurs.
Parce que oui, l’objectif des dirigeants de Nintendo – et notamment le très regretté Satoru Iwata – était de proposer une console de jeu à destination de toutes les populations de personnes, les jeunes, les anciens, les initiés et les non-initiés aux jeux vidéo. Comme le présente si bien Thomas Pillon, cet objectif de la firme japonaise reste dans la continuité de ce que propose la Nintendo DS et des productions comme « Programme d’Entraînement Cérébral du Dr. Kawashima ». Avec des titres comme Wii Fit, Wii Sports ou encore Wii Play, Nintendo entend bien viser toutes les populations et centrer l’intention sur sa manette. Parce que oui, la Wiimote conçue par Nintendo est au centre de toutes les communications de la firme, des jaquettes de jeu jusqu’aux spots publicitaires.
Lorsque l’on promeut un film ou une série à la télévision, on présente les meilleures scènes ou des images marquantes pour le consommateur. Nintendo change totalement cette vision et ne base plus sa communication sur les jeux mais sur les acteurs qui jouent à la Nintendo Wii. Thomas Pillon analyse parfaitement ce phénomène, la caméra est centrée sur les mouvements réalisés par les acteurs et cette tendance sera reprise par Xbox lors du lancement de son Kinect. Encore utilisée par la Nintendo Switch, on préfère montrer des joueurs qui s’amusent que le jeu en lui-même, surtout quand la Nintendo Wii à sa sortie est déjà en retard techniquement. Dépourvu de port HDMI, la Nintendo Wii affiche au maximum du 576i, une résolution SD alors que les écrans plats occupent de plus en plus le monopole du marché.
Avec une puissance moindre mais un concept unique, Nintendo réussit tant bien que mal a attiré les éditeurs tiers mais les joueurs restent focalisés sur les expériences proposées par la firme de Kyoto. Mise à part quelques exceptions et notamment le surprenant Guitar Hero: Warriors of Rock ou encore Just Dance, les jeux Nintendo se logent aux premières places et notamment Wii Sports qui était proposé en bundle avec la console. Alors que Satoru Iwata s’opposait à la vision de l’ancien président de Nintendo of America Reggie Fils-Aimé, ce dernier eut finalement le dernier mot et raison d’insister pour proposer la compilation de jeu de sports avec la console pour attirer les consommateurs. Rempli d’anecdotes de ce genre, l’auteur nous prouve son excellente recherche sur le sujet et avec une écriture maîtrisée, il nous immerge dans les problématiques de l’époque comme si c’était aujourd’hui.
Avec plus de 100 millions d’exemplaires vendus, la Nintendo Wii n’a pas eu que des succès. Entre un Wii Music présenté dans la douleur lors de l’E3, des jeux comme The Legend of Zelda: Twilight Princess ou The Legend of Zelda: Skyword Sword qui comportaient un bug de progression qui nécessitait le renvoi du CD ou pour le second d’attendre le déploiement d’une chaîne dédiée, la Nintendo Wii n’a pas eu que de la bonne pub. Pire encore, lors de son lancement les dragonnes qui équipaient les Wiimote étaient si fragiles que les manettes s’échappaient des mains des utilisateurs jusqu’à des scènes dramatiques avec des destructions de TV, obligeant Nintendo à proposer gratuitement des dragonnes et des protections. Thomas Pillon nous rappelle également la vague de piratage qui a frappé la Nintendo Wii ou encore l’échec cuisant du WiiWare, la boutique en ligne de la Wii où le poids d’un jeu ne devait dépasser les 40 Mo, la faute à une mémoire interne de seulement 512 Mo (bien qu’extensible par une carte SD).
L’histoire de la Wii – Révolution de palais à Kyoto se dote d’une très bonne mise en page, avec une police adaptée et une écriture, bien que déjà dit plus haut, de qualité de la part de son auteur. Disponible en deux éditions : standard et First Print, la première de couverture est différente en fonction de l’édition choisie. Dans notre cas, nous avons reçu la version standard qui met en avant la console. Cette dernière est décomposée en plusieurs couches (carte mère, port Gamecube, plastique blanc…) sur lesquelles nous retrouvons les principaux personnages qui ont marqué cette console. Pour l’édition First Print, même principe mais avec une décomposition de la WiiMote ; un excellent travail de Pierre Roussel qui représente également le contenu du livre : une dissection complète de l’histoire de la Nintendo Wii. Sachez que l’édition First Print propose une jaquette réversible (l’autre version est celle de la version standard), un ex-libris du dessinateur de la première de couverture et la version numérique de l’ouvrage (ePUB & Mobi).
Verdict : Un grand Wii
Thomas Pillon nous dresse avec brio une recherche documentaire centrée sur la Nintendo Wii des plus complètes. Bien écrit avec un rythme narratif qui se base sur des articles de diverses sources fiables, l’auteur présente des faits concrets avec une analyse pertinente qui nous démontre toute sa connaissance et sa maîtrise par rapport à l’avant-dernière console de salon de Nintendo. Même si quelques images auraient pu illustrer les jeux mentionnés dans l’ouvrage, on se rend bien compte à quel point le constructeur japonais a été fin dans ses acquisitions, la conception de sa console ou les diverses idées de ses producteurs pour permettre à la Nintendo Wii de bénéficier de productions et d’expériences uniques pour l’époque qui n’auront tout de même pas que marquer positivement les joueurs et la presse. Si vous êtes fan de Nintendo ou que vous souhaitez enrichir votre culture vidéoludique, n’hésitez pas une seule seconde et procurez-vous cet ouvrage d’une qualité certaine.
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