Ayant connu de nombreux défis technologiques et artistiques, un passage à une équipe plus importante et à un rythme de production toujours plus intense, la saga des Assassin’s Creed fascine petits et grands. Avec un premier tome retraçant son histoire de 2007 à 2014, il était temps que Thomas Méreur, auteur de cette série, termine son enquête en explorant les derniers titres sortis entre 2014 et 2023. De quoi mieux comprendre un peu plus ce virage à 180° entrepris par le studio Ubisoft, cherchant à renouer avec ses Origins tout en insufflant un vent de fraîcheur venu du nord. Où rien ne devrait être vrai, où tout devrait être permis.
Article réalisé grâce à une copie (édition classique) fournie par la maison d’édition
Comme pour le premier volume sorti l’année dernière, on retrouve la magnifique plume de Thomas Méreur, empreinte d’une légère mélancolie. Mélancolie reflétant le changement drastique de la licence, malgré quelques efforts louables de la maison mère Ubisoft. Toutefois, si le premier volume s’attardait davantage sur l’aspect artistique – où la légende d’Assassin’s Creed restait encore à écrire, aussi bien sur le plan esthétique avec sa robe blanche et son insigne rouge, que sonore avec sa bande-son iconique – ce second tome s’intéresse davantage à un aspect technique. Il explore non seulement les jeux eux-mêmes, mais aussi les studios, où chacun apporte sa vision du diamant brut qu’est Assassin’s Creed. Avec une période plus proche de la nôtre, ce second tome adopte une approche plus intimiste que son prédécesseur, ce qui devrait toucher un public légèrement plus jeune. Que ce soit confortablement installé sur un canapé, blotti sous une couette pour échapper au froid ou dans les transports en commun, Thomas Méreur revient partager ses découvertes avec le même enthousiasme qui nous avait séduits l’année dernière.
- Titre : Les secrets d’Assassin’s Creed. De 2014 à 2023 : Révolution
- Auteur : Thomas Méreur
- Editeur : Third Éditions
- Illustration de couverture : Marion Millier
- Nombres de pages : 264
- Prix : 24.90 € (acheter)
Avec un chapitre en moins par rapport au premier tome, hors avant-propos et remerciements, ce second volet se concentre davantage sur les petits détails croustillants de chaque épisode moderne majeur de la saga. D’ailleurs, en parlant de détails, on remarque dès le sommaire un effort notable : les chapitres, un peu mieux écrits que dans le premier tome, abandonnent la numérotation classique au profit de chiffres romains. Reprenant là où il s’était arrêté, l’aventure commence non pas avec une première analyse, mais avec la parole du “père adoptif” de la licence : Jean Guesdon. Une magnifique image de passation, là où le tout premier paragraphe du tome 1 avait été confié à Patrice Désilets.
Par la suite, et après un rapide résumé du premier tome par l’auteur, donnant l’impression d’une discussion autour d’une bonne boisson, l’enquête reprend avec un épisode marquant autant sur le plan scénaristique que graphique : Assassin’s Creed Unity. Devant réunir les idées et revenir aux origines de la saga, cet épisode brisera pourtant les codes et suscitera de nombreux débats dans les studios chargés de travailler sur ce joyau. On enchaîne alors avec les autres épisodes modernes – hors jeux mobiles ou VR – tels que Assassin’s Creed Syndicate, Assassin’s Creed Origins, Assassin’s Creed Odyssey, Assassin’s Creed Valhalla et enfin Assassin’s Creed Mirage, qui viendra boucler la boucle. Désormais à l’aise avec son ton, l’auteur se permet d’être plus proche de ses lecteurs, apportant une touche plus humaine et personnelle à chacune de ses explorations. Ce choix renforce rapidement l’impression d’une véritable conversation avec les différents protagonistes, permettant de ressentir la frustration partagée par l’auteur et quelques développeurs à propos de certains épisodes.
Se concentrant essentiellement sur l’aspect technique, porté par la volonté d’Ubisoft de repousser les limites de ses équipes, la lecture de ce volet offre une expérience bien différente de celle du premier. Là où le tome 1 était plutôt artistique et rêveur, ce second volume se veut plus analytique et technique. Mais pas de panique, Thomas Méreur parvient à vulgariser parfaitement les concepts qu’il aborde tout en insufflant davantage de son expérience personnelle de joueur à travers ses 264 pages. À l’image des explications techniques sur l’Ambient Occlusion, le Global Illumination de Unity ou encore la nouvelle technologie de motion capture d’Odyssey, on découvre des anecdotes de réalisation, des choix techniques influençant la narration et la production, ainsi que des moments de réflexion plus libres sur l’interprétation de la saga elle-même.
Pour laisser la marque évoluer, il faut que des mecs comme moi s’en aillent au bout d’un moment – Jean Guesdon
Ainsi, comme vous l’aurez sans doute compris, ce second tome illustre un véritable renouveau pour la franchise, mettant en lumière l’importance de chacun des titres suivants et leur rôle dans la nouvelle direction artistique de la saga, amorcée avec Origins. À partir de là, la lecture change de rythme. Lorsque Thomas évoque Unity avec un soupçon d’admiration et décortique Syndicate avec une certaine incompréhension des choix du studio québécois, Origins apporte un vent de fraîcheur à une lecture qui semblait s’essouffler, à l’image de la saga elle-même. Cette partie occupe d’ailleurs la seconde place en termes de longueur, avec environ 40 pages qui lui sont dédiées. En première position, avec une dizaine de pages supplémentaires, trône le mastodonte qu’est Assassin’s Creed Valhalla. Complétant parfaitement l’évolution amorcée par Origins et Odyssey, Valhalla conquiert le cœur des joueurs et replace le studio sur le devant de la scène. Quelques années plus tard, ce succès permettra de boucler la magnifique exploration de notre monde, tout en revenant à l’essence même de ce qui faisait d’Assassin’s Creed un univers unique. Pour conclure en beauté cette enquête, Mirage marque la fin de ce long périple et l’auteur partage une dernière anecdote forte de sens, que nous ne révélerons pas ici tant sa symbolique est importante.
Les secrets d’Assassin’s Creed : tome 2 est un magnifique ouvrage, venant compléter à merveille le premier volet, déjà de très bonne facture. Ce dernier, arborant une élégante couverture blanche, trouve un écho dans l’illustration de ce deuxième tome signée Marion Miller, qui opte pour une palette de bleu et de doré. Ce choix évoque une révolution, avec une idée de « blueprint », tout en intégrant des symboles subtils comme des ailes rappelant l’écriture arabe, en contraste avec l’aspect victorien de la première couverture. Pour l’édition First Print, toujours illustrée par Raphaël Lacoste, on découvre un design plus fantastique qui ravira les fans de Tolkien. Que ce soit dans le premier tome ou le second, le souci du détail est omniprésent : l’utilisation des icônes représentant les épisodes abordés, les liens et les références soigneusement intégrés par l’auteur enrichissent la lecture. Il est donc difficile de trouver des défauts à ce nouveau bijou, tant il offre une perspective inédite sur la création d’une licence légendaire, qui continue aujourd’hui encore à faire parler d’elle, en bien comme en mal. On ne regrettera qu’une chose, la fin de cette merveilleuse enquête.
Verdict : Le chant du cygne
Si les points négatifs sont difficiles à trouver, bien que certains lecteurs puissent avoir du mal avec le style narratif de l’auteur, Thomas Méreur signe ici une lecture des plus satisfaisantes capable de séduire tous les amateurs de jeu vidéo. Nous avons particulièrement apprécié plonger dans cette enquête lors de nos trajets, découvrant des anecdotes fascinantes sur des titres encore accessibles aujourd’hui sur nos consoles de salon. Une fois de plus, Third Éditions propose un ouvrage incontournable, à se procurer de toute urgence, que vous soyez fan de la série ou simplement curieux de son univers. En attendant d’en apprendre davantage sur le prochain volet de la saga, Assassin’s Creed Shadow, ce tome trouvera sans aucun doute une place de choix sous le sapin, ravissant quiconque aura la chance de le recevoir.
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