Alors que le jeu soufflait ses 30 bougies en 2023, cela ne paraît pas si important et pourtant, Doom aura marqué un tournant important dans le jeu vidéo. Allant du mode de vente à la technique, id Software a été une entreprise qui a clairement bouleversé l’industrie vidéoludique. Une longue histoire qui débute au commencement du jeu vidéo avec les deux John, Carmack et Romero, et qui se prolonge jusqu’à des licences aussi importantes que sont Doom, Wolfenstein et Quake. Pour ce trentième anniversaire, Third Éditions adapte le livre de David Kushner Masters of Doom : how two guys created an empire and transformed pop culture sorti en 2003 pour l’Hexagone. Une lecture qui saura ravir aussi bien les curieux que les fans de la célèbre licence.
Article réalisé grâce à une copie (édition classique) fournie par la maison d’édition
Les origines de Doom est un livre adapté de l’œuvre du journaliste et écrivain américain David Kushner. Pour nous relater cette histoire, le journaliste a passé plus de six mois à rencontrer de nombreuses personnes liées de près ou de loin à l’histoire de John Carmack et John Romero. Bien que le procédé à l’origine soit très journalistique, il n’est pas question ici d’une enquête à proprement parler ni d’un recueil d’interview. David Kushner a adapté au mieux tous les témoignages recueillis afin d’en produire une réelle histoire et de reproduire certains dialogues le plus précisément possible. La traduction de Laurent Jardin sied parfaitement la volonté de David Kushner, nous offrant un ouvrage simple à lire et dépeignant la relation entre les deux John ainsi que leur caractère respectif. De ce fait, on se plonge rapidement à une époque où Pac-Man trône fièrement dans les salles d’arcades et que les parents défendent aux enfants d’aller dépenser leur argent pour des parties avec les fantômes. Il n’est clairement pas question de parler du jeu vidéo comme une industrie générant des milliards et dans laquelle il est possible de faire carrière. Un discours presque humoristique quand on y repense aujourd’hui et pourtant, c’est à cette époque que John Carmack et John Romero évoluent. Les deux débutent assez simplement en vendant des lignes de codes à des magazines, code qu’il faudra que le lecteur retape sur son mac à l’époque pour avoir accès à un jeu.
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- Titre : Les origines de Doom : Les débuts de Carmack et Romero
- Auteur : David Kushner
- Éditeur : Third Éditions
- Illustration de couverture : Illustration de Nicolas Côme
- Nombre de pages : 286
- Prix : 29.90€ (acheter)
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On découvre ainsi une époque, mais aussi deux jeunes hommes très différents et pourtant partageant une passion commune : le jeu vidéo. Découvrir le parcours des deux John est un réel plaisir et, bien que la route de ces deux génies soit pavée de réussites, ils ont dû prendre des choix difficiles par moment. La lecture est fluide et on se retrouve rapidement happé par la volonté de découvrir le prochain objectif d’id Software et des étapes que celui-ci représente. Un livre écrit entre la biographie des deux John, d’une entreprise, mais aussi comme un documentaire d’une époque du jeu vidéo avec des licences (Commander Keen, Duke Nukem, …) et des personnages (American McGee, Tim Sweeny, …) qui ont marqué l’industrie du jeu vidéo.
Romero tente de reprendre ses esprits. C’est énorme, encore plus fort que Dangerous Dave à l’assaut du copyright ou que tout ce qu’il a connu jusqu’à présent. Il sort de son bureau. Des cris surgissent de tous les box. Adrian s’agite sur sa chaise. Il vient de se faire canarder par Kevin, Carmack ou Jay. À quoi ça rime ? s’interroge Romero. Ça ressemble à un match de boxe, mais il ne s’agit plus seulement de mettre l’adversaire K.-O. Il s’agit de le tuer. C’est donc un match à mort. Romero se fige, frappé par l’évidence. Il vient d’inventer le terme deathmatch.
Une chose qui est frappante lorsque qu’on lit l’œuvre de David Kushner, c’est l’importance de Carmack, Romero et id Software dans l’histoire du jeu vidéo. Dans les choses les plus importantes qu’a apporté le duo, il s’agit du jeu PC. Très peu de développeurs avaient foi dans les jeux sous format PC et tout le monde ne jurait que par l’arcade ou les consoles de Nintendo. Carmack et Romero ont propulsé le jeu PC sur le devant de la scène, ont créé le premier studio de jeu indépendant à succès, id Software, devenu le gigantesque studio que l’on connaît aujourd’hui, mais cela ne s’arrête pas encore là. Ces deux génies ont sans cesse innové dans les techniques de développement afin d’offrir la fluidité et la nervosité à leurs licences (Doom et Quake). Ils ont réalisé le premier succès du jeu vidéo (Commander Keen en 1990) hors borne d’arcade avec un système économique particulier, le shareware (proposer une partie du jeu « démo » ou un premier épisode et faire payer le reste des niveaux/épisodes). Doom est l’un des premiers jeux en réseau et a instauré le mode deathmatch comme un incontournable même de nos jours. Pour finir, les deux John ont inventé le premier FPS. Wolfenstein 3D était un premier aperçu du genre et Doom a fini d’instaurer les codes au point que les FPS à l’époque étaient nommés Doom-like et non pas FPS. Une étape importante quand on sait que, aujourd’hui encore, Call of Duty est la licence la plus importante du marché et, est un FPS.
Pour parler un peu de l’objet en lui-même qu’est le livre de Third Éditions, nous avons là un bel ouvrage avec la superbe illustration de Nicolas Côme sur la couverture. Le papier est d’un bon grammage et ne se déchirera pas en tournant simplement la page. À la fin du livre, David Kushner détaille son procédé pour recueillir les témoignages et les différentes sources qu’il a eues, un véritable plus très appréciable. On regrette presque de n’avoir alors aucune illustration, que cela soit de Doom, Commander Keen ou Quake dans le livre. L’aspect graphique étant si important chez id Software que ça soit par la créativité de Romero ou les dessins d’Adrian, on aurait aimé en voir quelques-uns. Le livre nous offre seulement du texte, bien écrit certes, mais on aurait apprécié un travail graphique allant au-delà de la couverture. Cependant, on notera la présence d’un signet fortement agréable pour ne pas perdre sa page, et ce, où que vous lisiez.
Verdict : La bible démoniaque
Les origines de Doom est une véritable bible pour tous les fans de la licence et pourra servir d’excellent documentaire pour les curieux du papa des FPS. David Kushner a su rendre son travail journalistique plus ludique à lire en tentant une reconstitution du passé et des dialogues qui sont excellemment retranscrits dans la langue de molière par Laurent Jardin. Une lecture simple qui nous fait traverser les époques à travers des personnages que l’on apprécie toujours plus en avançant. La relation entre Carmack et Romero est bien sûr un point central de l’histoire, notamment quand on connaît la situation actuelle, et cette dernière est superbement retranscrite. Ainsi, si vous hésitez encore à vous procurer l’ouvrage, nous ne pouvons que vous conseiller de foncer le prendre immédiatement !
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