Considéré comme un ovni vidéoludique, aussi apprécié par des joueurs que délaissé par d’autres au bout de quelques heures de jeu, force est de constater que Death Stranding a marqué les esprits de la majorité. Son scénario complexe, proposant des thématiques profondes, a germé dans l’esprit d’un créateur de renom dans le milieu : Hideo Kojima, à qui l’on doit les Metal Gear (vous le savez déjà). Bien souvent, une première run ne suffit pas à comprendre pleinement l’univers de Death Stranding et son propos tant l’ensemble semble parfois échapper. Mais si les joueurs et les joueuses pensent avoir manqué quelques clés de compréhension, l’ouvrage « Entre les mondes de Death Stranding. Créer le lien par le jeu », rédigé par Antony Fournier, tombe à point nommé puisque la maison d’édition Third Editions l’a sorti très récemment.
Test réalisé grâce à un exemplaire fourni par la maison d’édition
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Alors que durant l’E3 2021, nous avons eu le droit à quelques mots d’Hideo Kojima et surtout à la révélation de l’arrivée prochaine de la version Director’s Cut de Death Stranding, nous nous sommes plongés au cœur de l’ouvrage « Entre les mondes de Death Stranding. Créer le lien par le jeu », rédigé par Antony Fournier, et publié par Third Editions.
- Titre : Entre les mondes de Death Stranding. Créer le lien par le jeu
- Auteur : Antony Fournier
- Éditeur : Third Editions
- Illustration de couverture : Ken Bruno (édition classique) / Daniel Ignacio et Anato Finnstark (édition First Print)
- Nombre de pages : 272
- Prix : 24.90€ (acheter)
Avant le lancement officiel de Death Stranding, Hideo Kojima a beaucoup communiqué quant à son projet en cours. Pour le décrire, il a notamment repris une citation piochée dans une nouvelle japonaise, écrite par Kôbô Abe : « La corde et le bâton sont les deux plus vieux outils de l’humanité. Le bâton pour garder le mal à distance, la corde pour amener vers soi ce qui est bon, ce sont les deux premiers amis conçus par l’humanité. On trouve la corde et le bâton partout où les hommes sont passés ». À la simple et première lecture, cette phrase peut sembler très anecdotique et poser plus de questions qu’apporter de réelles réponses. Et pourtant, elle fait tout à fait sens pour Death Stranding et dans l’esprit d’Hideo Kojima. Pour nous aider, Antony Fournier a proposé une analyse juste de celle-ci dans l’ouvrage « Entre les mondes de Death Stranding ». Informant le lecteur quant au parcours d’Hideo Kojima, en décrivant l’univers et les personnages du jeu et en analysant l’ensemble, l’auteur de l’ouvrage parvient à nous donner de très bonnes clés de compréhension.
[…] Au fil de notre lecture, nous étions de plus en plus avides de connaissances grâce aux nombreuses informations et clés de compréhension qui nous ont réellement permis de saisir Death Stranding et son propos […]
Vous l’aurez compris, et les fervents lecteurs des œuvres de Third Edition connaissent la formule par cœur maintenant, les propos d’Antony Fournier se structurent en trois chapitres : « Genèse », « Univers » et « Analyse et décryptage ». En plus, il incorpore une conclusion, un complément sur les cartes mémoire ainsi qu’une bibliographie. Ainsi, dans le premier chapitre, l’auteur revient sur le parcours, parfois difficile, d’Hideo Kojima. Et ce, d’ailleurs, depuis ses débuts alors que sa famille était sceptique quant à son choix de carrière. Rentrant dans la partie production, l’ouvrage comporte évidemment beaucoup d’entrées sur la licence Metal Gear, mais pas que puisque les autres jeux de Kojima sont aussi analysés. L’auteur revient également sur la création de Kojima Productions et de ce fait sur la dissension entre le papa de Death Stranding et Konami. On a fortement apprécié le fait qu’Antony Fournier parvienne à informer justement sur cet aspect sans pour autant rentrer dans les détails de la polémique. Mention aussi pour la partie explicative quant au logo du studio d’Hideo Kojima (mais on ne vous en dit pas plus). En plus de cette partie, l’auteur se propose de décortiquer les différents personnages de l’aventure Death Stranding comme Sam, Amélie, Heartman, Higgs et bien d’autres. Là encore, c’est à propos et très intéressant puisque Death Stranding ne dévoile pas tout au premier abord et surtout si vous n’êtes pas du genre à lire tous les textes des messages/mails dans le jeu. Suivant la chronologie distillée dans le jeu, le chapitre « Univers » permet de remettre les pendules à l’heure et surtout d’avoir accès à une vision plus détaillée de l’œuvre de Kojima.
Pour finir, et pas des moindres, l’auteur de l’ouvrage s’emploie à décortiquer l’ensemble. L’occasion pour lui d’expliquer la fameuse citation du bâton et de la corde, tout d’abord. Ce qui mène évidemment à ce que la question de la vie et de la mort, deux thématiques antagonistes, soient les bases de l’œuvre vidéoludique de Kojima et qui sont malgré tout parfois assez difficiles à comprendre dans le jeu tant la frontière entre elles est floue. En complément, Antony Fournier revient sur des notions très importantes pour l’évolution de l’homme : l’homo ludens, l’homo sapiens, l’homo demens, etc. Des mots clés qui semblent lointains et sont parfois laissés de côté lors de notre parcours sur le jeu, mais qui sont pourtant essentiels à la compréhension de l’univers Death Stranding. Encore une fois, l’auteur fait un véritable travail de recherche et d’analyse et nous donne ainsi plus de clés en main pour comprendre le jeu que le titre le fait de lui-même (un aspect voulu par Hideo Kojima). Finalement, et dernièrement, les questions sur le strand game, l’open-world, la représentation de l’Amérique et la B.O sont également abordées à la fin du chapitre. Des informations précieuses et toujours aussi plaisantes à lire grâce à la fine plume de l’auteur. Au fil de notre lecture, nous étions de plus en plus avides de connaissances grâce aux nombreuses informations et clés de compréhension qui nous ont réellement permis de saisir Death Stranding et son propos. Autant dire qu’on a dévoré l’ouvrage, une fois encore !
Avant de conclure, faisons un point sur l’ouvrage en lui-même. Comme nous avons pu le dire précédemment, « Entre les mondes de Death Stranding » est structuré en plusieurs chapitres s’étalant sur 272 pages au total. La police choisie pour le corps du texte n’est ni trop grande ni trop petite et convient parfaitement à ce format. On retiendra un petit changement de la police pour les intertitres et titres. La mise en page arbore également des petites illustrations, présentes par touches, comme le logo d’une ampoule et celui du radar de Sam. Ce qui fait toujours son effet et montre la volonté de la maison d’édition de jouer sur la mise en page : entre sobriété, élégance et illustrations légères, clins d’œil. Par ailleurs, nous avons eu l’exemplaire selon sa version classique, soit cartonnée, comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus. Réalisée par Ken Bruno, cette première de couverture dispose de couleurs sublimes, avec des effets de superposition grâce au doré ou encore à la disposition légère et discrète de traces de main comme sur le corps de Sam. Un coup de maître. Cette couverture rentre dans le panthéon des meilleures illustrations de livres de votre fidèle servante, aux cotés de celle réalisée pour l’ouvrage « L’œuvre étrange de Taro Yoko » (nos impressions ici).
Verdict : Must-have !
Plus que la plupart des jeux, Death Stranding est une œuvre vidéoludique complexe à saisir pleinement, du fait de son propos, son gameplay, son essence scénaristique. Bien souvent, une première run sur le titre ne suffit pas à en comprendre tous les enjeux. Heureusement, la maison Third Edition et Antony Fournier se sont affairés à la tâche et proposent l’ouvrage, depuis peu (à l’heure où nous écrivons ces lignes), « Entre les mondes de Death Stranding ». Regorgeant d’analyses justes et d’explications poussées, se déroulant sur plusieurs chapitres depuis la genèse du créateur au décorticage de son dernier jeu, l’ouvrage est un puit d’informations dans lequel on boit avec avidité et grande soif ce qu’on y lit. C’est très certainement un must-have pour les amoureux de Death Stranding et surtout pour ceux qui voudraient y voir plus clair sur la dernière oeuvre d’Hideo Kojima.
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