Culture largement populaire de nos jours, le jeu vidéo s’est peu à peu éloigné de la notion de simple divertissement depuis son apparition il y a près d’une soixantaine d’années. Si son influence – bonne ou mauvaise – reste un sujet à débat, il est indéniable que le loisir numérique a réussi à transcender les générations et à marquer notre société. Aujourd’hui catégorisées dans le dixième art, les productions vidéoludiques sont le fruit d’auteurs inspirés par tous les genres de milieux. Un point souligné par Jean Zeid, journaliste à France Info, qui propose son livre sobrement intitulé « Art et Jeux Vidéo ».
Spécialiste et passionné en la matière, Jean Zeid s’interroge à de nombreuses reprises en se demandant comment l’évolution du jeu vidéo s’est ancrée dans la culture populaire. Avec son dernier livre, l’homme nous livre un ouvrage en français par un Français, un fait qui fait toujours plaisir à savoir. Ici, il ne s’agit pas d’une simple succession d’images à la façon d’un artbook, mais plutôt de quelques illustrations qui accompagnent une réflexion sur diverses thématiques du jeu.
- Titre – Art et Jeux Vidéo
- Editeur – Palette…
- Auteur – Jean Zeid
- Nombre de pages – 96 pages
- Prix – 24,50€
- Disponible à la vente à cette adresse
Le livre est ainsi scindé en trois parties distinctes, en plus d’une introduction. Énoncé principal qui compose la moitié de ce bouquin, « De l’art, de l’art, de l’art » montre de manière bien pensée au lecteur comment le jeu vidéo puise son inspiration dans tous les milieux imaginables… et inimaginables. Il y a tout d’abord les relations logiques qui viennent à l’esprit, comme le romantisme via les Dark Souls, les estampes japonaises de Okami, ou encore le simple principe même de la fantaisie avec The Witcher. Puis, nous nous rendons rapidement compte du rapprochement avec de véritables mouvements artistiques et styles : entre le cubisme et Minecraft, les mathématiques trompe-l’œil de Monument Valley, ou bien la peinture métaphysique pour Ico. Ce qui est d’autant plus intéressant, ce sont les exemples d’auteurs plus ou moins connus parmi lesquels sont énoncés Gustave Doré, Georges Seurat et même Ulysse. Au-delà de cet aspect, quelques réflexions sont amenées autour de la construction des graphismes, dont l’hyperréalisme de Quantic Dream, qui fascine et dérange à la fois dans un climat de robotisme.
Deuxième élément de l’ensemble, « L’Art du jeu vidéo : du clonage au libre arbitre » s’attarde plutôt sur des concepts autour de l’histoire des jeux vidéo. L’ouvrage explique notamment comment les concepteurs sont arrivés à transformer cet art, au départ très minimaliste, jusqu’à arriver à des architectures et mondes gigantesques. Beaucoup de classiques immanquables y sont cités, comme Assassin’s Creed, qui a su redéfinir la reconstitution de l’Histoire, Metal Gear Solid qui donne une sensation de liberté sans pour autant l’être réellement, ou encore The Walking Dead (Telltale Games) qui a bouleversé les amateurs du genre avec un scénario sur lequel les choix du joueur ont des conséquences. N’oublions pas non plus tous ces titres comme Journey ou Cuphead, uniques en leur genre de par leur direction artistique, et ces créateurs reconnus que sont Michel Ancel et Shigeru Miyamoto. Nous assistons donc à une revue de l’évolution vidéoludique, loin des adaptations et clonages, et proche des productions originales.
La petite partie « Hors-jeu » clôt enfin le livre en expliquant que le jeu vidéo est bel et bien un art ludique, et surtout une source d’inspiration dans les deux sens. Nous avons tous été un jour marqué par une franchise virtuelle au travers d’une musique, d’une publicité, d’un film ou peut-être même d’un livre. La reconnaissance est là, et elle s’éloigne de nos cartouches, CD et consoles. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les musées et expositions sur le genre sont de plus en plus nombreux. En France, le fascinant Pixel Museum a ouvert ses portes près de Strasbourg, preuve que nous sommes finalement devant bien plus qu’un loisir.
En tout cas, l’ouvrage le confirme et saura intéresser les plus grands curieux du jeu vidéo, ceux qui aiment chercher derrière les lignes de codes et concepts artistiques des projets numériques. Sur un panorama d’exemples crédibles, Jean Zeid nous prouve sa passion et ses connaissances qu’on ne peut que saluer en tant que passionnés. Une recommandation, donc, si vous êtes également de ce genre, ou même plus simplement un amateur voulant s’enrichir sur l’art ludique.
Nous remercions les éditions Palette de nous avoir fait parvenir un exemplaire de l’ouvrage dont il est ici question
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