Nous le savons, la Xbox Series X est sur les rails et sera disponible dans le courant des fêtes de fin d’année 2020. C’est maintenant officiel, les spécificités techniques dévoilées le 24 février 2020 sont confirmées. Cependant, une note est sur toutes les lèvres et alimente de nombreux débats : les 12 téraflops du GPU semblent vouloir attester de la puissance « monstre » (ou monstre de puissance au choix) de la console. Mais c’est quoi exactement un téraflops ?
Commençons par décomposer le mot « téraflops ». Il est important de souligner que c’est un mot composé de tera (signalétique de quantité qui représente 1012) et FLOPS (acronyme anglais pour « Floating Point Operations Per Second », que l’on peut grossièrement traduire par « Opérations En Virgule Flottante Par Seconde »). Du coup, une deuxième question pointe le bout de son nez : c’est quoi un FLOPS ? C’est une simple unité de mesure théorique qui est utilisée pour les processeurs. Toujours en tranchant au hachoir les aspects techniques, un FLOPS vient stipuler combien de calculs par seconde est capable d’effectuer un processeur (CPU ou GPU). Vous l’avez compris, le FLOPS est une unité de mesure référentielle. Nous pouvons faire un rapprochement avec une autre unité de mesure bien connue : le cheval fiscal. Effectivement, cette dernière fonctionne sur le même principe que les FLOPS, permettant de fait à l’industrie et aux établissements qui l’entourent de mesurer la puissance théorique du moteur d’un véhicule à la sortie de l’usine. Si nous prenons deux voitures, l’une d’une puissance théorique de 50 CV et l’autre de 100 CV, rien n’assure que l’automobile la plus puissante ira plus vite que celle 50 CV. Pour cause, plusieurs paramètres extérieurs (poids, aérodynamisme, pneus, etc.) affecteront directement les performances mais ne changeront pas la valeur des chevaux fiscaux émis par le moteur. Enfin, l’utilisation souhaitée joue aussi un capital important. L’exemple le plus simple est de comparer l’utilisation d’un tracteur agricole et d’une berline.
Mais revenons à nos téraflops. Microsoft a récemment officialisé les spécificités techniques de sa console, ce qui n’a pas échappé aux réseaux sociaux où les fameux « 12 téraflops » ont fait rugir les passions. Or comme vous l’avez lu, le téraflops est une simple unité de mesure qui ne peut à ce jour en rien déduire le potentiel de la puissance de la console. Cela ne veut pas dire que la console sera peu ou ultra performante, cela souligne qu’elle est capable de gérer un nombre significatif de calculs, ce qui offrira aux développeurs un panel de possibilités plus ample qu’aujourd’hui. Malheureusement, rien ne stipule la puissance réelle. Si nous faisons un petit retour dans le passé, singulièrement sur la septième génération, nous pouvons remarquer que cette unité de mesure se confronte à quelques problèmes. Effectivement, la PlayStation 3 affichait fièrement ses 400 gigaflops alors que la Xbox 360 n’avait pour elle que 240 gigaflops, soit presque 2x moins que sa concurrente. Sur le papier, la console de Sony, sortie une année après celle de Microsoft, a tout pour écraser technologiquement sa concurrente. Maintenant que le génération est passée, nous pouvons remarquer que le framerate est plus bas sur la console nippone que sur la console américaine. Car oui, si elle avait une puissance théorique élevée, la complexité des technologies RSX pour le processeur graphique (GPU) et CELL pour le processeur (CPU) ont entraîné des soucis de développement importants sur certains jeux, allant du downgrade graphique plus ou moins important aux divers problèmes de framerate pour la PlayStation 3.
Si vous souhaitez d’autres exemples, Digital Foundry propose GTA IV, Crysis 2, Modern Warfare 3 ou encore Metro Last Light.
Enfin, rappelons l’importance d’une bonne architecture en prenant l’exemple de l’informatique qui est le plus criant. Quand on décide de monter un ordinateur, de nombreux paramètres sont à prendre en compte, en partant de l’utilisation souhaitée et en terminant par la gestion des composants. Le tout doit s’imbriquer de façon optimale pour pouvoir être exploité au mieux. S’équiper d’une grosse carte graphique avec un processeur réduit bridera le GPU et donc les possibilités de celle-ci. De fait, si Microsoft s’est bien empressé de communiquer sur le 12 téraflops du GPU, il s’est en revanche fait plus discret sur le processeur pour lequel nous n’avons quasiment aucune information. Nous l’avons souligné avec l’exemple des chevaux fiscaux, une puissance théorique ne prend pas en compte divers facteurs comme la résolution (le 1080p réclame bien moins que du 1440p ou de la 4K, Ubisoft le souligne très bien dans ses dernières configurations recommandées), les multiples effets liés à la lumière (du shader SSAO/HBAO au ray tracing), ceux qui sont volumétriques, etc. Donc oui, si un gap sera passé pour les consoles de salon avec cette prochaine génération, attention à ne pas rentrer dans l’engrenage marketing d’une puissance théorique.
Alors que garder à l’esprit ? Le téraflops est une unité de mesure théorique qui à ce jour n’assure en rien la véritable puissance de la Xbox Series X. Bien entendu, cela va de soi que c’est également valable pour les suppositions concernant la PlayStation 5. Dans ce contexte, l’utilisation des FLOPS a davantage une valeur marketing qu’une volonté de mise en vitrine technologique, alors attention à ne pas trop espérer à ce propos. Si nous sommes bien face à une avancée significative pour les consoles de salon, des valeurs théoriques ne prouvent pas monts et merveilles, comme du 60ips sur une résolution 4K tout en exploitant le ray tracing.
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