Alors que Megaman Legacy Collection va bientôt trouver le chemin vers nos consoles afin de contenter les joueurs nostalgiques, Mighty No.9, le successeur spirituel de la série Megaman, s’est laissé approcher durant la gamescom 2015, et ce, en compagnie de son producteur, Nick Yu. C’est donc dans une ambiance des plus détendues que nous avons pu jouer au titre tout en discutant avec le monsieur, en toute simplicité. Et avec le récent report de la date de sortie du titre, croyez-nous, nous avons savouré ces quelques instants délectables.
Entre modernité et tradition vidéoludique
On ne doute pas un seul instant que tout joueur ayant connu la célèbre licence de Capcom mettant en scène le petit personnage vêtu d’une armure bleue ne pourra s’empêcher de comparer Megaman et Mighty No.9. Pas étonnant quand on sait que c’est le grand Keiji Inafune qui a donné naissance aux deux séries. Etrangement, on a vu plus récemment un cas très similaire, où le créateur d’une série culte a donné naissance à une nouvelle licence qui reprendrait, dans les grandes lignes, les bases de celle qu’il avait crée il y a des années de cela. On parle bien évidemment de Bloodstained, créé par Koji Igarashi. Quand on sait que les deux hommes sont passés par le financement participatif, on ne peut s’empêcher de se demander si cela n’est pas du aux caprices des éditeurs qui détiennent les licences en question et souhaitent en faire uniquement ce qu’elles désirent, quitte à ruiner le charme de celles-ci, sans même penser aux fans ou aux créateurs.
De ce fait, Mighty No.9 est passé par la case Kickstarter, et a validé nombreux de ses objectifs haut la main. C’est ainsi qu’au moment de la sortie du jeu, nous aurons la chance de le voir débarquer en format dématérialisée mais aussi en boîte, et ce, sur toutes les consoles et PC/Mac/Linux. Avec de plus en plus de grands noms du jeu vidéo passant par les plateformes de financement participatif, on peut alors se demander si l’avenir du jeu vidéo ne se trouve finalement pas dans le crowdfunding. Le producteur s’est d’ailleurs expliqué à propos de ce financement et de ce que cela peut impliquer dans le processus de création d’un jeu.
Nous avons récolté plus de 4 millions sur Kickstarter. Nous avons dépensé chaque centime récolté dans la conception du jeu, et uniquement là dedans. Mais concevoir un jeu en utilisant kickstarter c’est comme se lier aux joueurs, c’est comme leur faire une promesse. Puisque vous n’avez pas payé le jeu de votre poche, il faut être capable de leur offrir ce qu’ils attendent, ce pour quoi ils ont payé. Cependant il ne faut pas oublier que 4 millions de dollars, ce n’est pas une somme si élevée que ça pour développer un jeu-vidéo. Quand on parle d’un jeu AAA par exemple, il faut facilement compter entre 20 et 30 millions de dollars. Et il est clairement impossible de demander une telle somme aux joueurs. Mais de ce fait, nous n’avons pas la pression d’un éditeur, ou du moins, nous ne l’avions pas, puisque nous avons commencé à rechercher un éditeur une fois le développement avancé.
Sans la pression d’un éditeur, les développeurs peuvent se focaliser sur la création d’un jeu qui correspondra aux attentes des fans. Et il faut reconnaître que pour l’instant, Mighty No.9 tient toutes ses promesses. Sous ses airs de suite spirituelle de Mega-Man, se cache un jeu accrocheur, qui prend ses marques dans des titres parus il y a 20 ans afin de les ré-adapter aux goûts du jour à l’aide de graphismes soignés et colorés, sans oublier un gameplay fluide et aux possibilités multiples. En effet, si dans le fond les commandes sont simples et intuitives (on avance, on saute, on tire), dans la forme tout ceci se complexifie un peu puisqu’il faudra utiliser des power-ups spécifiques, qui étaient tous disponibles sur la version que nous avons pu essayer et qui permettent de se débarrasser de certains types d’ennemis.
Quand on bat un boss, on obtient son pouvoir. Mais cette transmission ne signifie pas forcément que vous gagnerez une nouvelle arme ou un nouveau pouvoir, parfois il pourra s’agir d’une nouvelle capacité que l’on pourra utiliser à tout moment sans utiliser d’énergie. Les pouvoirs et armes que vous lègueront les boss consomment de l’énergie, alors il faudra les utiliser de façon réfléchie et sur les ennemis qui le nécessitent.
Si nous n’avons pas eu l’occasion de faire face à un boss durant notre session de jeu, ceux-ci devraient promettre des combats contre des boss assez dynamiques et intéressants. Mais la difficulté du soft ne s’arrête pas là. En effet, par exemple dans le niveau que nous avons essayé, des lasers étaient tirés à intervalles réguliers, vers la dernière position du personnage à l’aide d’un système de ciblage un peu particulier. Il faudra alors faire preuve d’habilité et de dextérité dans certains stages pour ne pas voir sa barre de vie descendre de façon vertigineuse. Dans l’idée, on retrouve vraiment ce qui faisait le charme des aventures de la mascotte de Capcom en armure bleue, mais là où certains y voient un bel hommage, d’autres n’y verraient-ils pas une simple copie afin de remplir un pan du paysage vidéoludique désormais un peu vide ? Nick Yu nous a expliqué sa vision des choses
Depuis le lancement du Kickstarter, les gens disent que Mighty No.9 est une suite spirituelle de Megaman, ce qui est assez drôle. Mais c’est surtout un honneur. Megaman est une franchise historique dans le monde du jeu-vidéo et voir notre titre comparé à une licence qui a presque 30 est définitivement un honneur. Cependant, nous avons voulu faire un jeu reprenant les bases de certains classiques, tout en y implémentant de nouveaux aspects du jeu vidéo contemporain. La chose sur laquelle nous sommes focalisés actuellement, c’est le gameplay. Nous voulons le rendre le plus dynamique possible, de façon à ce que le joueur soit sans cesse en mouvement, sans cesse en train d’avancer ou de tirer sur les ennemis environnants. Du coup, si vous le comparez à certains autres jeux, c’est un peu différent,
Dans les faits, Mighty No.9 est un jeu soigné, qui s’inspire des jeux à scoring, ces titres dans lesquels on refait inlassablement les mêmes niveaux dans le but de réaliser le meilleur score possible. À l’aide de leaderboards, on pourra comparer ses scores avec nos amis. Mais ce qui enchante le plus le producteur, c’est de savoir qu’actuellement, les speed-runners peuvent proposer des runs hallucinants dès la sortie d’un jeu. Et avec les nombreuses possibilités de partage qui existent désormais, l’équipe en charge du jeu a hâte de voir ce que les joueurs du monde entier proposeront sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les sites de streaming comme YouTube ou Twitch. Le jeu-vidéo retrouve une bonne partie de son essence avec Mighty No.9, à savoir efficacité, scoring et rejouabilité. Quant à la difficulté, elle sera au rendez-vous, avec un mode extrême qui verra le joueur mourir à chaque fois qu’il sera touché par un ennemi. Un programme haut en couleur, dont la sortie a été reportée afin de ne pas décevoir les joueurs mais aussi les backers. Même si l’on aurait tendance à pester après ces perpétuels reports, la décision reste sage et toujours dans l’optique de combler au maximum les attentes des joueurs.
Verdict : Très attendu
Bien que nos quelques minutes de jeu sur Mighty No.9 ne furent pas assez suffisantes pour parler correctement du jeu dans sa globalité, ce fut l’occasion de faire une rencontre enrichissante. Nick Yu a su nous prouver, tout au long de cette session, que lui et ses équipes ont parfaitement cerné la façon dont il faut aborder le jeu-vidéo aujourd’hui, surtout quand on passe par une plateforme de crowdfunding telle que kickstarter. De bonnes idées, des graphismes mêlant 3D pour les décors et 2D pour les sprites des personnages couplés à de solides bases ancrées dans le passé, feront de Mighty No.9 un jeu probablement incontournable pour les nostalgiques de la licence Mega-Man, qui voit ici la naissance d’une belle suite spirituelle.
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