L’ancien directeur de la branche sport d’Electronic Arts a pris la parole sur le site gameindustry.biz dans le contexte de sa prise de fonction chez le studio Nifty Games. Et selon lui, les loot boxes de FIFA n’ont rien à voir avec les jeux d’argent.
Peter Moore est un homme d’expérience qui a connu une carrière ponctuée de hauts et de bas. Outre l’importance qu’il avait du côté d’EA Games, Moore a également été directeur des opérations chez Sega America, en participant notamment au lancement de la prometteuse mais délaissée Dreamcast. Et juste avant EA, il a été en charge du lancement bien plus réussi de la géniale Xbox 360. Mais il est également un homme de sports. Moore a été président du club de Liverpool FC pendant 3 ans à partir de 2017 et a vu le club devenir successivement champion d’Europe avec la Champions League, champion du monde des clubs et enfin champion d’Angleterre. C’est donc après cette expérience pleine de succès que le dirigeant retourne dans son domaine de prédilection en intégrant Nifty Games qui développe… des jeux de sports sur mobile.
Et dès qu’il s’agit de défendre son héritage en parlant de FIFA Ultimate Team, ainsi que de ses loot boxes polémiques qui ont été introduites avec FIFA 09 alors qu’il était à la direction d’EA Sport, Peter Moore se montre très clair. Selon lui, le concept même d’Ultimate team remonte aux années 20/30 avec la collecte de cartes dans les paquets de cigarettes ou encore dans son enfance avec les lucky bag. Pour lui, le principe était le même que FUT. C’est-à-dire acquérir quelque chose sans savoir ce que l’on obtiendra.
Il ajoute même :
Vous obtenez toujours quelque chose. Ce n’est pas comme si vous n’aviez rien. Je pense que cet aspect d’incertitude, du “Qu’est ce que je vais avoir” et soudainement boum ! Vous avez Ronaldo ou Messi. C’est une chose merveilleuse.
Sauf que voilà, au fur à mesure des ans et des polémiques, des joueurs ont dépensé des sommes parfois folles pour obtenir des cartes de joueurs célèbres. Sans parler de FIFA sur ce point, EA avait dû faire face à la grogne des utilisateurs de Star Wars battlefront II en 2017 avec ce principe de la roulette des loot boxes. A tel point qu’Electronic Arts avait dû faire machine arrière.
Ce rétropédalage ne risque par contre pas d’arriver sur Ultimate Team en considérant les 1 milliards et demi de dollars (27 % du revenu net) que le mode à rapporté à l’éditeur l’année passée… Les joueurs répondent présent et cela est bénéfique financièrement pour EA, alors pourquoi changeraient-ils leurs pratiques ? La morale ? Le manque de transparence ? Tous ces points ne sont qu’une question de point de vue et vous avez certainement votre avis sur la question. Mais voici ce qu’en pense Moore :
C’est mon opinion personnelle, mais comparer le concept de surprise à un jeu d’argent… Ces concepts sont très éloignés l’un de l’autre. Vous achetez un pack, vous l’ouvrez et vous êtes soit heureux ou déçu. Je ne vois pas ça comme un jeu d’argent. Mais encore une fois, ceci est mon opinion personnelle en tant qu’observateur extérieur.
Tout est au final une histoire d’interprétation. Et il est facile de jouer sur les mots pour qu’un sujet devienne extrêmement complexe aux yeux de la loi. En tout cas pour la Belgique et les Pays Bas, la décision est tombée. Les loot boxes sont bien des jeux d’argent. En Belgique ces dernières sont même interdites. Même son de cloche ou presque pour l’Europe qui, via son label d’information PEGI, a instauré un nouveau pictogramme à la dénomination pour le moins explicite.
Et même si en France, l’ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux En Ligne) ne considère pas cette pratique comme un « casino virtuel », notre pays se conforme déjà à la règlementation européenne. Mais selon cette même ARJEL la situation est inquiétante:
Il convient de noter enfin que les bénéfices financiers générés par les micro-transactions sont en progression constante et atteignent des montants en comparaison desquels les résultats des opérateurs d’argent agréés font bien pâle figure.
Et cette déclaration date déjà du milieu de l’année 2018… Quand à Peter Moore, il enfonce le clou avec une dernière déclaration :
Les chiffres parlent d’eux mêmes. Et si vous jouez, c’est que vous aimez ça.
Les loot boxes et autres micro-transactions sont parfois considérées comme étant le côté obscure du gaming. Et EA n’est pas le seul a avoir été pointé du doigt en la matière. Aussi, en utilisant des méthodes peu transparentes et à la limite de la manipulation (dont cette suspicion d’algorithme poussant à acheter), certains acteurs du Xème art jettent indirectement l’opprobre sur notre jeu vidéo qui n’avait vraiment pas besoin de ça.
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