Pour une majorité du public, la Paris Games Week permet de tester un grand nombre de jeux en avant-première. Pour nous, c’est aussi l’occasion d’entrer en contact avec les grands de l’industrie, et de les questionner sur le marché. Durant cette édition 2016 nous avons pu rencontrer Jean Mercier, chef de produit senior EA Games France et Benelux, pour parler du récent Battlefield 1, mais aussi de ce que va nous réserver l’industrie à l’avenir. Bonne lecture.
Bonsoir Jean. Avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Jean Mercier, j’ai 29 ans et ça fait maintenant 3 ans que je suis chef de produit pour Electronic Arts en France et au Benelux. Je m’occupe des campagnes de lancement principalement de Battlefield mais aussi l’année dernière de Star Wars Battlefront. Je m’étais occupé de Need For Speed, Dragon Age. Tous les jeux gamer de chez EA, donc.
En quoi consiste ton rôle, spécifiquement dans la sortie d’un jeu comme Battlefield 1 ?
Le rôle du chef de produit c’est un peu, sans trop vouloir me mettre en avant, celui d’un chef d’orchestre. Tu dois t’assurer que toutes les fonctions qui permettent de faire de la communication ou du marketing soient bien en cohérence, alignées sur un certain territoire pour avoir un effet maximum. Il faut donner une résonance locale à la campagne globale du jeu.
Pour parler de Battlefield 1, ça fait longtemps que la franchise n’était pas revenue à une époque si ancienne. BF2, BF3, BF4 et Hardline étaient centrés sur la guerre moderne. Comment vous est venue l’idée de revenir à la première guerre mondiale alors que vos concurrents, eux, allaient dans le futur ?
Tout d’abord, pour être clair, moi l’idée, je l’ai pas eue, c’est le studio. Mais je sais comment ils sont arrivés à ce concept-là. En interne, il y avait eu l’idée de faire un Battlefield à l’époque de la première guerre mondiale, mais au début, elle ne convainquait pas totalement. Mais à force de travailler le concept, et en montrant que du point de vue gameplay ça fonctionnait, les équipes de développement ont réussi à convaincre les décideurs chez EA de le faire. C’est comme ça que le projet est né.
La première guerre mondiale ça permet de dire à travers BF le début de la guerre totale, parce que finalement Battlefield c’est ça, c’est la guerre totale. C’est le combat à grande échelle sur des grandes cartes avec beaucoup de joueurs, avec des avions, des bateaux et toute la technologie de la guerre moderne. La première guerre mondiale, c’est la première a réunir tout ça.
Comment vous vous positionnez cette année, face à votre grand concurrent Call of Duty ?
Les jeux mettent en général 2, 3 ans à être développés donc quand l’idée, le projet de Battlefield 1 a été lancé, EA et DICE ne pouvaient pas savoir que Call of Duty continuerait dans le futur. Quand on crée un jeu, on ne se positionne pas par rapport à la concurrence mais par rapport au marché et à ce que cherchent les gamers. Ce qu’on constate, c’est qu’il y a peut-être un petit ras-le-bol concernant les shooters futuristes, c’est une tendance lourde qui dure depuis des années maintenant comme il y a 10 ans avec la mode des jeux portant sur la deuxième guerre mondiale. EA, forcément, cherche à proposer autre chose au public, et c’est comme ça que vient Battlefield 1.
Battlefield/COD c’est un choc qui a déjà eu lieu plusieurs fois, notamment dès l’arrivée de BF3. Comment appréhendes-tu le choc cette année ?
J’irais même plus loin que BF3, je remonterais à Bad Company 2. C’était le deuxième opus sur consoles, donc le jeu commençait vraiment à avoir une vraie communauté, qui allait du PC à la console dans une expérience multi dont certains vous diront que c’est encore la meilleure dans Battlefield.
Les périodes de lancement ne concordaient pas vraiment à l’époque. BFBC2 était sorti en mars. Cette année il y a vraiment un choc. Call Of Duty fait énormément de ventes chaque année et pourtant, à la sortie des trailers d’annonce respectifs de COD IW et BF1, on a senti comme si la tendance s’était inversée. Comment avez-vous réagi, au sein d’EA ?
On a été agréablement surpris quand on a vu les chiffres après l’annonce de Battlefield 1 parce que c’était un petit pari quand même, de la part du studio, de proposer cette époque-là. Après, une date sortie c’est décidé largement à l’avance, on ne sait pas comment on se positionnera par rapport au concurrent dès l’annonce.
On est le 26 octobre, Battlefield 1 est sorti le 21 et le 18 en avant-première. Quels ont vos premiers retours de la part de la communauté, de la presse, ou même peut-être des ventes ?
La presse est assez unanimement d’accord pour dire que le jeu est très bon. T’as un Jeuxvideo.com qui met 17/20, un Gamekult qui met 9/10, un Metacritic à 89. C’est un des Battlefield les mieux notés. La communauté c’est pareil, ça faisait très longtemps qu’elle l’attendait. Elle avait été peut-être un petit peu échaudée par le dernier Hardline et là, en revenant aux fondamentaux, je pense que DICE a mis un peu tout le monde d’accord.
Vous avez fait des merveilles, visuellement, avec la PS4 et la Xbox One surtout par rapport à l’offre. Les gamers se plaignent souvent qu’il n’y avait pas tant de différence que ça entre la PS3 et la PS4. Vous avez prouvé le contraire avec SW Battlefront et Battelfield 1 qui mettent tout le monde d’accord sur le plan visuel. Comment anticipez-vous la sortie de la demi-génération PS4 Pro/Xbox Scorpio ?
Deux choses. EA est toujours très heureux qu’il y ait de nouveaux hardwares sur le marché. Ça donne de nouvelles possibilités pour créer des jeux encore meilleurs et c’est forcément quelque chose de positif pour le marché du jeu vidéo quand il y a de nouvelles consoles. L’autre chose, c’est que la plupart des jeux EA, maintenant, fonctionnent sous un moteur qui s’appelle Frostbite, et le fait d’avoir un moteur commun qui s’applique à tous les jeux permet qu’il soit ajusté facilement aux nouvelles plateformes. Tu n’as pas besoin de retravailler ton moteur à chaque fois qu’un nouvel hardware arrive.
Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que BF1 soit optimisé pour ces nouvelles plateformes ?
Pour l’instant on a rien annoncé dans ce sens là.
En parlant d’annonce, il y a la nouvelle console de Nintendo, la Switch, qui a été annoncée il y a à peine une semaine. EA est l’un des partenaires affichés sur la grande liste dévoilée par Nintendo. Est-ce qu’on peut s’attendre à voir Battlefield arriver ?
On est très contents de voir que Nintendo propose des choses innovantes en termes de hardware. Après on n’a pas encore annoncé quoique ce soit dans ce sens là.
Est-ce que tu penses toi, personnellement, qu’une expérience comme Battlefield qui se joue sur grand écran, à grande échelle, pourrait être adaptée au format de la Switch ?
Je vois ce que tu veux dire. J’ai encore du mal à appréhender le concept de Switch. Pour dire, moi je joue sur toutes les plateformes. J’ai la WiiU, la Xbox One et la PS4. Je ne cherche pas la même expérience de jeu sur ma Vita que quand je suis posé devant mon PC ou sur mon canapé. Est-ce que j’ai envie de jouer à BF1 sur Switch, je ne sais pas. il faut voir ce que le hardware propose. C’est un jeu de « huff & pull » le hardware tire le software. J’attends de voir ce que le studio va annoncer dans ce sens-là.
Battlefield 1 est sorti, le pass premium est annoncé, des choses à dire sur ce qui arrive en termes de DLC ?
Le premier DLC arrivera au printemps, s’appellera « They shall not pass » (Ils ne passeront pas) et aura la particularité d’introduire l’armée française dans le jeu, en tout cas dans le multijoueur. DICE avait envie de donner un traitement spécial pour l’armée française. Ils ont pris un peu plus de temps pour réaliser quelque chose de particulier pour cette armée, et je pense que vous ne serez vraiment pas déçus d’avoir attendu cette armée. Il y a également une map gratuite qui arrive en Décembre et qui s’appelle « L’ombre du géant ».
Et après , que peut-on encore attendre de la part de DICE ?
On a déjà annoncé la suite du shooter Star Wars (comprendre Star Wars BF2), et c’est tout pour l’instant, en ce qui concerne les shooters chez nous.
Un dernier mot pour les lecteurs de JVFrance ?
Je suis content qu’on ait lancé le jeu parce que je vais enfin, moi aussi, pouvoir y jouer. Il est sorti il y a une semaine et je suis seulement niveau 8. Je n’ai pas eu le temps de m’en occuper entre le lancement et la Paris Games Week. Je suis heureux de pouvoir enfin partager le jeu avec tout le monde parce que… bah il déchire.
Cette interview a été réalisée le 26 Octobre 2016 sur le stand EA, lors de la soirée presse de la Paris Games Week.
La rédaction de JVFrance tient à remercier Jean Mercier pour sa disponibilité et sa sympathie ainsi que l’ensemble du staff d’EA pour avoir rendu cette interview possible.
Laisser un commentaire